Chapitre 20 - Ferme-la toi.

8K 377 1.3K
                                    

Je saute à terre, furieuse après moi-même. J'ai beau déchiqueter les leurres en carton et leur nuque en mousse de toutes mes forces, j'ai beau foncer à toute vitesse entre les pins, j'ai beau frapper des poings contre les parois des arbres, il n'y a rien, rien dans cette foutue forêt d'entraînement qui puisse sortir ce baiser de ma tête.

Hier, j'ai dîné sans presque dire un mot. Je me suis couchée en étant distraite et perturbée. Pendant la nuit, j'ai rêvé de ce baiser. Cette scène étrange se reproduisait, dans les moindres détails. En me levant j'étais tellement furieuse après moi-même d'être aussi faible et de me laisser influencer par ce foutu baiser que j'ai foncé à l'entraînement tête baissée.

Je n'ai pas arrêté de toute la matinée. La plupart des autres soldats sont en repos, comme à chaque lendemain d'expédition. Moi je n'ai pas arrêté. Il fallait que je me défoule, que je fasse du sport, que je crie et que je m'essouffle pour m'offrir le luxe de pouvoir penser à autre chose qu'à ce baiser. Et ça n'a que peu fonctionné.

M'enfin bon. Je me console en constatant à quel point cet entraînement intensif m'a fait progresser. J'ai même hâte d'être à la prochaine expédition pour pouvoir tuer du titan. Cette fois-ci je veux qu'Armin et Jean soient là pour le voir. D'ailleurs en parlant d'eux, c'est l'heure de manger, mon estomac gronde et je vais les rejoindre pour le repas. Peut-être que c'est en me goinfrant de patates que je trouverais le repos dans mon esprit ?

Je m'arrête net en plein milieu de la cour. Il n'y a que quelques soldats autour qui s'entraînent au corps à corps. Mais là, juste devant mes yeux, il y a quelqu'un, quelqu'un que je ne veux absolument pas voir, quelqu'un à qui je ne veux absolument pas avoir à faire aujourd'hui. Et ce quelqu'un, dans son habit de combat, est littéralement en train de donner de violents coups de pieds à un soldat roulé en boule parterre. Etrangement, c'est un sentiment de colère qui m'assaille lorsque je vois cette scène. J'en veux à Livai pour hier et j'en veux au monde de l'avoir fait. Je me mets à crier :

- CONNARD DE DICTATEUR ! LACHE-LE !

Livai tourne la tête, faisant virevolter ses mèches brunes, remarque ma présence, mais m'ignore complètement et continue de martyriser ce pauvre soldat.

- LACHE-LE JE T'AI DIT ! OI LIVAI ! VIENS TE MESURER A AUSSI FORT QUE TOI PLUTOT !

Il m'adresse un regard agacé, comme si je le dérangeais pendant quelque chose de très important. Je me jette sur lui et le pousse sur le côté en hurlant au soldat :

- VAS-Y FUIS JE TE COUVRE !

Le jeune homme déguerpit à la vitesse de la lumière.

- NON MAIS LE PAUVRE ! TU TE PRENDS POUR LE ROI A MARTYRISER LES GENS COMME ÇA ?!

Je me prends un violent coup de poing dans le ventre qui me plaque au sol. Putain ! Mais arrête d'être si rapide !

- ON N'EST PAS TES ESCLAVES !

Je m'accroupis et esquive de justesse son pied qui allait voler dans ma figure. Sans perdre une seconde, je me jette sur lui et tente de lui asséner un coup. Mais je me retrouve parterre. Tss ! J'avais oublié à quel point c'était éprouvant de se battre contre lui. Livai m'attrape une poignée de cheveux qu'il serre très fort et tire en l'air.

- AIIIE PUTAIN MAIS LACHE MES CHEVEUX !

Il me tire de plus belle, m'entraînant vers l'avant.

- Lâche mes cheveux. Putain de nain. Lâche mes cheveux !

Je ne sais comment, car je me tortille comme un verre de terre en pleine crise d'épilepsie pour me dégager de son emprise, il parvient à attraper mes deux poignets d'une seule main. Il est définitivement incroyable et c'est extrêmement frustrant.

Embrasse-moi gamineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant