Fitzwilliam
Cette nuit encore, je me suis éveillé en sueur, le lit défait et mon entrejambes d'une grande raideur. Consterné par l'obscénité de mes propres rêves, je me levai afin de me rafraîchir tant le corps que les idées. Le broc était vide de toute eau. Il était inenvisageable de déranger mon valet dans une situation aussi consternante. Je tachais donc de me calmer et entrouvris la fenêtre afin d'y espérer faire entrer un peu de fraîcheur.
La nuit était paisible et silencieuse. La lumière blafarde de la lune soulignait les arabesques des jardins de topiaires. Le bassin au loin, dont on ne percevait que les reflets, m'incitait à une baignade nocturne et salvatrice.
La tension enfin retombée, je décidai de m'y rendre car je savais que le sommeil ne me reviendrait pas. J'allumai une chandelle, enfilai mon pantalon de la veille et y ajustai les pans de ma chemise. Je ne pris pas la peine d'enfiler des bas et saisis ma paire de bottes d'une main.
Je déambulai ainsi dans les corridors de Netherfield nus pieds en veillant à ne pas réveiller mes hôtes, leurs invités ou leurs domestiques.En bas de l'imposant escalier, je fus saisi d'apercevoir une lueur qui provenait d'une porte entrouverte vers la gauche. Je soufflai sur ma bougie et m'approchai en silence vers cette pièce que je ne connaissais que trop bien.
Hormis ma chambre, cette pièce reste mon seul refuge dans cette demeure. Le seul endroit où je peux trouver le calme et l'isolement lorsque le besoin de m'éloigner de certaines personnes s'en fait ressentir. Mais depuis des jours, une autre personne aime fréquenter également la bibliothèque, pour mon plus grand bonheur et mon malheur aussi.
De l'entre-bâillement je découvris, sans trop de surprise, Miss Elisabeth, inconsciente du charme qu'elle dégageait à cet instant. Je me figeai, ému et gêné par ma propre curiosité.
Telle qu'elle était installée, elle ne pouvait me voir mais offrait à mes yeux un spectacle des plus enchanteurs. Confortablement installée dans le sofa, elle lisait à la lueur de sa bougie et sa lecture semblait la captiver. Elle ne portait qu'une chemise de nuit, blanche et opaline. Ses cheveux étaient noués dans une natte grossière d'où s'échappaient quelques mèches ondulantes. Un de ses doigts délicats jouait avec l'une d'entre elles avec sensualité. Mes yeux se déposèrent ensuite sur sa nuque, dégagée et offerte et mon esprit se mit à rêver d'y déposer un baiser. C'est alors qu'elle se mit à se mordre les lèvres et mon regard se porta alors sur sa bouche couleur cerise. Je ne pus m'empêcher de laisser vagabonder ensuite mon attention sur le drapé de sa simple tenue jusqu'à sa fine cheville dégagée et son pied nu qui se balançait légèrement.
Je fermai soudain les yeux, effaré de mon propre égarement. Mon esprit avait repris ses vices nocturnes et déjà mon corps affirmait visiblement tout l'émoi qu'elle me faisait ressentir. Contempler ainsi le corps d'une fille de gentleman à peine vêtue et innocente faisait de moi à cet instant un homme lubrique, indigne de mon éducation.
Je me ressaisis et tournais les talons. Je ne pouvais décemment plus envisager ma baignade solitaire de peur de me faire surprendre dans une situation qui serait tout aussi délicate pour elle que pour moi.
Je repris donc pitoyablement dans le noir complet le chemin de ma chambre, bottes et chandelle en mains. Le reste de la nuit fut évidement encore plus mouvementé car je ne réussis pas à retirer son image de mes pensées ainsi que les sensations qu'elle me procurait.

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Orgueil & Tentations
FanfictionCeci est une fanfiction que j'ai voulu particulière. Elle retrace les réflexions les plus intimes des personnages bien connus d'Orgueil et Préjugés tout en veillant à garder leurs caractères et le contexte de l'histoire originelle. Attention aux pr...