Orgueil & Tentations

Le joyau

Hop, un autre petit chapitre dans la foulée! Vive les congés!

Elisabeth

Après une trop courte nuit emplie de songes et de tergiversations, ce n'est point sereine que j'ai accompagné ma tante jusqu'à ce joli salon. Revoir les sœurs Bingley ne m'enchantait pas davantage ainsi que leurs regards et répliques cinglantes démontrant leur manque évident d'éducation.

Je dois admettre que, ce qui me mettait surtout au supplice était qu'à tout moment pouvait apparaître séant le maître des lieux et j'ignorais encore si je redoutais ou espérais son arrivée et l'émotion que cela me procurerait.

Mais la raison de notre visite s'est avérée très charmante. Miss Darcy ne ressemblant en rien avec ce qu'un certain George m'avait décrit. Preuve, s'il en est, que rien de ce qu'il a pu me dire était vrai. Aucune trace de supériorité, cette demoiselle de l'âge de mes sœurs cadettes est assurément bien plus discrète et réservée.

Nos conversations ont mis un certain temps à démarrer mais une fois lancée, la demoiselle pouvait montrer d'elle une facette passionnée et déterminée que son physique et sa gestuelle tendaient à masquer. Cela me fit sourire intérieurement en pensant qu'elle partageait ces mêmes qualités avec son plus proche parent.

La veille, à Lambton, je l'ai observée en présence de Mr Bingley et je n'ai pu déceler aucune trace de complicité qui laisserait à penser qu'ils soient fiancés. Au contraire, l'insistance de ce dernier à connaître l'état de santé de mes sœurs et citer par cœur la date exacte du bal où il les a vu la dernière fois me prouvait qu'il n'a jamais oublié ma Jane adorée.

Je ne sais toujours pour quelle raison, Miss Darcy émit l'idée spontanée de me faire visiter leurs serres, j'avais de mon côté quelques réticences à traverser toute la maison et risquer de croiser le propriétaire, mais je n'ai pas osé aller contre sa volonté. Alors que nous longions l'un des nombreux couloirs, nous sommes passés à côté d'une porte entrebâillée d'une pièce dont j'avais longuement entendu parler.

Elle perçut mon intérêt et m'invita à entrer dans ce qui s'avérait être effectivement le joyau de leur magnifique propriété. Elle rit de bon cœur en apprenant que c'était Miss Bingley qui m'en avait vanté sa splendeur en ajoutant que jamais elle ne l'avait vue y mettre les pieds !

Ma guide me laissa faire le tour et assouvir ma curiosité, mes yeux rivés sur les nombreux rayonnages sur lesquels des centaines d'ouvrages de première édition étaient rangés dans un ordre parfait. J'en avais la tête qui tournait, tous ces noms marqués au fer à dorer, des tomes entiers dans des langues variées. Il faudrait plus d'une vie pour arriver à tous les dévorer !

Miss Darcy, visiblement embarrassée, revint sur notre conversation à propos de Miss Anne et au fait que, contrairement à ce qu'elle avait osé sous-entendre devant Miss Bingley, sa cousine n'était point fiancée à son frère. Étrangement, cela ne m'étonnait guère même si le fait de savoir Mr Darcy non engagé m'apportait un soulagement quelque peu déplacé.

Elle m'expliqua alors son petit artifice et je fus encore plus amusée d'apprendre que ses complices n'étaient autre que son frère et Mr Bingley !

Mais alors que je l'écoutais d'une oreille distraite, mes pensées étaient absorbées par un objet. Posé sur le bord d'un bureau marqueté, un carnet que jamais je ne pensais retrouver.