Charles
Chaque jour je vais rendre visite à Miss Bennet dans sa chambre et je me retrouve souvent à court d'excuses pour réitérer l'expérience plusieurs fois dans une même journée. Sa présence en mes propres murs m'enchante, non le fait qu'elle soit malade et alitée évidement, mais bien de la savoir si proche de moi !
Jane est un ange et je ne peux m'empêcher de penser que c'est le destin qui m'a fait venir jusqu'en Hertfordshire et l'a mise sur mon chemin. C'est également notre destinée qui la garde ici, me permettant de la connaître un peu mieux en toute intimité.
Je sais ce qu'en pense mon ami Darcy. Il m'a déjà maintes fois mis en garde contre les femmes coureuses de maris et leurs mères encore plus gourmandes. Mais je ne suis pas le maître de Pemberley. Contrairement à lui, je ne suis pas issu d'une famille renommée, je n'ai point d'oncle ou tante de grande noblesse, je n'ai pas non plus son train de vie ni le poids de ses responsabilités.
J'ai vu comment les demoiselles le dévorent des yeux dès qu'il entre dans un salon et les commérages qui le suivent à chacun de ses pas. Mais Darcy ne semble pas comprendre que je ne suis guère comme lui. Ma petite fortune provient uniquement des affaires florissantes de mon père, notre arbre généalogique ne contient que des marchands et quelques modestes bourgeois. Même si j'ai fait mes études à l'université, je ne viens pas de la prestigieuse institution d'Eton. Mes connaissances respectables, je les dois uniquement à mon amitié avec Darcy et sans lui je n'aurais aucune popularité.
Aussi, il ne peut comprendre que je suis bien plus libre de choisir l'épouse qui me plairait. Et Jane pourrait bien être celle-là. J'imagine déjà comme elle plairait à notre mère. Elle la trouverait assurément gracieuse, douce et souriante. Tout comme Mrs Bennet m'apprécie. Je trouve beaucoup de similitude entre Mrs Bennet et notre mère. Elles ont toutes deux à cœur le bonheur de leurs enfants et sont prêtes à tout pour les voir bien mariés.
J'étais heureux d'apprendre que mes sœurs souhaitaient faire de Miss Bennet leur amie et l'avait invitée. Dommage que leur bienveillance envers elle se soit si vite estompée. Je n'apprécie pas beaucoup leurs remarques moqueuses et peu hospitalières envers Miss Elisabeth.
Mais j'avoue que mon esprit est bien loin de ces considérations féminines. Il y a bien longtemps que je n'écoute plus que d'une oreille distraite les bavardages futiles de Caroline et Louisa.
Seul le confort de Jane compte pour moi. J'apprécie chaque instant passé en sa présence et je tends à penser que cela est réciproque. Je le vois à sa façon adorable de rosir quand je lui rends visite. Et chaque jour j'ose un peu plus. Elle me semble réceptive à mes audaces et cela m'encourage davantage à m'approcher d'elle secrètement.
Au début, je n'osai franchir le seuil de sa porte. Puis au fur et à mesure, je cédais à l'envie de réduire cette distance entre nous, prétextant lui apporter un remède ou une tisane. Aujourd'hui, j'ai même pris l'audace de m'assoir sur son lit et j'eus la joie qu'elle me laissât faire. Ensuite, confiant de moi-même, nos mains se frôlèrent comme si cela avait été fortuitement. Elle ne retira pas la sienne pour mon plus grand bonheur. Nous restâmes ainsi un moment, à se regarder, à parler de la pluie et du beau temps et c'était bien.
Ma belle Jane, chaque jour mon cœur est de plus en plus épris d'elle. Et la force à laquelle je ressens mon amour s'amplifier pour elle me fait comprendre que cette fois-ci cela pourrait être le vrai amour et non une de ces amourettes passagères dont j'ai pu être la triste victime.

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Orgueil & Tentations
FanfictionCeci est une fanfiction que j'ai voulu particulière. Elle retrace les réflexions les plus intimes des personnages bien connus d'Orgueil et Préjugés tout en veillant à garder leurs caractères et le contexte de l'histoire originelle. Attention aux pr...