Visite à Londres

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Jane

Je me suis laissé convaincre par mes proches de séjourner à Londres quelques temps auprès de notre oncle et tante Gardinier. Il semble que je leur faisais tous pitié ! Moi qui n'aime pas attirer l'attention...

Je dois bien avouer que cette parenthèse citadine me change grandement les idées. Mes petits cousins et cousines ont fort grandis et c'est agréable de jouer avec eux en toute simplicité.

Mes hôtes ne tarissent pas d'idées pour me distraire. Un jour, nous nous sommes promenés sur la courtine qui longe les douves de Tower Bridge. C'était de toute beauté. Ensuite nous sommes allés au British Muséum ouvert il y a une petite dizaine d'années. Les collections que l'on peut y admirer ont fortement été étoffées depuis ma dernière visite.

Nous faisons régulièrement le tour des rues commerçantes, ma tante m'a d'ailleurs offert un ravissant chapeau d'hiver assorti à mes yeux. Je ne sais comment la remercier de toute sa bonté. Aussi je l'aide comme je peux en occupant les petits ou en me rendant utile dans la maisonnée.

Toutefois chaque soir, je regagne ma petite chambre sous les toits que d'ordinaire je partage avec ma sœur Lizzie lorsque nous venons toutes deux ici. Cela me change de me retrouver face à moi-même sans personne pour m'extraire de mes pensées. Et celles-ci sont, je dois l'avouer, pas aussi sereines que je le voudrais.

Lizzie me connaît trop bien pour que je réussisse à leurrer un tant soit peu sa perspicacité. Elle a raison, un certain tourment me poursuit depuis que les locataires de Netherfield ont quitté le Hertfordshire.

Charles. Qu'ai-je donc fait? Il semble que je n'ai pas su correctement interpréter les signes qu'il m'envoyait. Là où je voyais de l'intérêt et une certaine attirance, cela n'était-il donc que de l'amitié? Ces frôlements, des regards, ces quelques mains enlacées. Et mêmes ces quelques baisers osés, je ne les ai pourtant pas rêvés !

Ces moments intimes que je ne peux les oublier. Je n'ai jamais osé en parler. Pas même à ma tendre sœur pour qui pourtant je n'ai jamais eu de secrets. Et quand je vois ce qui en a résulté, cela n'en est que mieux. La honte me poursuit suffisamment pour ne pas ajouter les remontrances de ma cadette de sœur, qui seraient par ailleurs amplement méritées.

Sous une idée de ma mère, j'ai envoyé un billet à l'adresse des Bingley à l'attention de Caroline et Louisa afin de les prévenir de ma présence à Londres. Suite à cela j'ai été invitée dans leur jolie maison qui est idéalement située et complètement aménagée, bien que pas vraiment à mon goût. J'aime les choses moins chargées et aux coloris plus doux.

Lors de la rapide entrevue où je n'ai pas senti que ma présence les agréait. Je n'avais, semble-t-il, plus aucun attrait à leurs yeux. Elles n'ont fait que se vanter des sorties qu'elles avaient faites, Je n'avais pas le souvenir qu'elles étaient si hautaines et maniérées. Je comprenais alors pourquoi Lizzie ne les apprécie point mais ce n'est pas une raison pour les accuser de m'avoir menti et de m'avoir expressément séparé de leur frère adoré.

Après quelques phrases difficilement placées entre leurs échanges futiles j'ai réussi comprendre que Charles n'était pas à Londres présentement et qu'il avait rejoint le nord du pays pour un moment. Déçue et ne voulant pas paraître impolie en insistant, j'ai salué mes hôtes et me suis éclipsée non sans leur retourner l'invitation en la maison de mon oncle à Cheapside où elles ne se sont jamais présentées.

Je reste depuis encore plus enlisée dans mes interrogations.

Orgueil & TentationsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant