Partie 27

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La pluie s'abbatait sur moi, mes cheveux étaient coller à mon visage, comme mes minces vêtements sur mon corps. Je n'avais pas pris ceux d'Haytem, après avoir vu les deux bouts de photos je les avais directement remis en place et suit parti presque en courant, la sensation de m'étouffer me quittant uniquement lorsque mes larmes se mirent à rouler sur mes joues dehors, se mêlant à celles du ciel.
J'avais peur, Je me rendais compte que j'avais laissé trop de liberté à Fahd dans ma vie alors que je ne le connaissais à peine, que je ne savais rien de lui. Si j'avais su..
Pleins de questions s'emmêlaient dans ma tête, je me demandais où était Nordine, qui Fahd était pour lui et si il était au courant de ce qu'il s'était passé à l'anniversaire de Mounir.
Je tremblais de froid, d'angoisse. Selon ce que Younes m'avait dit Fahd était du même genre que Nordine, des sortes de « déboucheurs » comme disait mes cousines. Une fois en rangeant la chambre qu'elles occupaient elles parlaient des garçons qui s'amusaient à prendre la virginité des filles chastes et s'en allaient par la suite, elles les appelaient les « déboucheurs » et riaient en disant qu'ils ne pouvaient pas leurs faire le coup vu qu'elles n'étaient plus vierge. Mais ces deux garçons essayaient de prendre la virginité de certaines sans leur consentement, rendant leur l'acte encore pire qu'il n'est déjà. C'en était sûr, je devais évité Fahd, il ne fallait surtout pas que je me retrouve seule avec lui dans une même pièce, apprendre sa complicité avec l'homme qui apparaît dans certains de mes cauchemars étaient la goutte d'eau qui faisait déborder le vase, en plus de ce que Younes m'avait avouer. J'avais envie de vomir quand je repensais à ce que Fatou m'avait dit, qu'elle pensait que je pouvais m’intéresser à cet énergumène..J'étais presque arrivé au grec, J'ai dégager les cheveux qui me collaient au visage, je n'avais même pas pris le temps de les attacher. La bouche et les 2 petits yeux de Momo prirent la forme d'un O lorsqu'il me vit par la vitre du grec et il s'empressa de me tirer dans le magasin.
- Mais t'es devenu ouf Toi, awili faut je lui apprenne la vie à cette folle, Tu vois quand y a de l'eau comme ça qui tombe du ciel bah faut se protéger hegouna !
Il déroulait le papier d'un rouleau de papier toilette et essayait de me sécher avec, il réussit à me redonner le sourire pour quelques secondes, jusqu'à ce qu'il s'arrête devant moi, me fixe, se rapproche et me dit : « Mais t'as pleuré ! ».
Je me suis retourné, aient couru vers un grand miroir accrocher sur le plus grand mur du grec , et observai mes yeux qui avaient changé de couleur avec les larmes. Ils étaient rouge, je me les frottais et répétais à Momo que c'était à cause de la pluie et sans doute de la poussière. Il me regarda longuement, fit une grimace avec sa bouche pour me faire comprendre qu'il ne me croyait pas et soupira. Quelques clients commençaient à arrivés, des ouvriers qui travaillaient dans un chantier à côté. J'étais en train d'aider Momo à préparer leurs sandwishs quand l'un dit que sa maison commençait à s'encrasser, que lui et sa femme n'avait plus le temps de ranger avec leur travail qui leur prenait beaucoup de temps et qu'il recherchait une femme de ménage à très bas prix. Je me suis rappelé le frigo et les placards vides chez Khalti Nouria, il fallait que je saisisse ma chance. Je me suis retourné vers eux, et chercha du regard celui qui avait parlé. C’était un petit homme, moustachu et très chevelu pour son age, très blanc de peau, je pense que c’était un portugais.
- Euh.. Je cherche du travail et le ménage ça me connait.. Si vous voulez, je peux faire le ménage chez vous, votre prix sera le mien.
Ils me regardèrent tous, étonnés, de hauts en bas, sûrement surpris qu’un petit bout de femme frêle comme moi puisse s’activer au ménage, la sueur au front. Momo s’était arrêter dans la préparation des sandwishs et me dit « Sherazade si t’avais besoin d’une augmentation fallait m’en parler ». J’hochais la tête négativement, et reposa mes yeux sur l’ouvrier qui s’était rapprocher de moi.
- Tu t’y connais vraiment dans le ménage petite ? Tu te sentirais prête à nettoyer en plus de ton travail ?
J’acquiesçais d’un mouvement de tête et je pris son numéro, le deuxième enregistré dans mon téléphone. Pendant tout le reste de la journée, Momo était resté froid avec moi, il semblait me faire la tête. J’essayais de me mettre à sa place, il devait sûrement prendre mal le fait que je lui avais cacher avoir besoin d’argent, que je lui avais rien dit et rien demandé.. Si tu savais Momo que le salaire que tu me dois je ne le touche même pas et ne l’ai jamais touché depuis le début..
- Momo ?
- …
- Momo ?
- Mhm ..
Il était assis sur une chaise derrière le comptoire et faisait mine d’être occupé avec son téléphone, mais quand je m’approchais pour regarder l’écran je voyais qu’il était noir, il qu’il ne faisait rien avec.
- Je vois que t’as l’air contrarié…
- Contrarié ? Contrariré, seulement contrarié ? Tu t’fous d’moi là Sher, J’suis grave zehef ouais ! Attend depuis quand tu veux être Femme de ménage ? Tu te rends pas compte à quel point c’est difficile, c’est un métier méprisé, moi ma mère elle était femme de ménage, elle s’cassait l’dos au travail et tout les tipeux quand j’étais à l’école s’foutait de ma gueule à cause de ça !
Je l’observais, ses petits yeux fixaient le sol, il maintenait ses mains dodus serrés.
- Ecoute Momo, Je sais très bien ce que c’est que de faire le ménage crois moi .. Je sais ce que Ta Maman a du ressentir, mais sache que j’ai vraiment besoin de cet argent.
Je réfléchissais, comment lui parler du salaire que ma Tante touchait à ma place.. Le visage de mon oncle apparut, son dos courbés, la tristesse dans ses yeux, sa fatigue. Et puis tant pis, j’allais les laisser toucher ce salaire, et celui que je toucherais par la suite en faisant le ménage sera pour Khalti Nouria. Si je leur reprenais ce qui m’était du de droit, je ne pouvais pas imaginer tous les problèmes que ça aurait pu causer, autant pour moi que pour lui. Malgré tout ça restait quelqu’un de ma famille, du même sang que le mien.
Il hocha la tête, et posa ses yeux sur les miens. Son regard s’était adouci, puis il me dit tristement qu’il n’aurait pas pu me donner une avance, que le grec ne rapportait pas assez pour qu’on puisse permettre ça et qu’il était désolé, que si il avait pu il l’aurait fait.
La journée se termina, la pluie s’abattant inlassablement sur les vitres du grec. On était resté dedans après la fermeture, parlant un peu de nos vies. Il toucha mon point sensible lorsqu’il se mit à parler d’Haytem.
- Tu vas l’attendre Haytem ?
Sa question me laissa bouche bé. Je ne savais pas quoi répondre, je ne savais pas moi-même si j’pouvais l’attendre, et si ça en valait la peine.
- Je sais pas .. Il s’en fout de moi, il a préféré continuer au lieu d’arrêter tout ça .. Il savait que c’était ce qui l’attendait.
Je me sentais bizare après avoir prononcé ces mots, ça me faisait bizare de parler ouvertement de ça avec Momo, même si il devait savoir depuis longtemps ce que je ressentais pour lui.
- Si tu savais dans quoi il s’était embarqué aussi tu saurais qu’il pouvait pas faire autrement.
- Comment ça ? T’es au courant de quoi ?
Il resta silencieux quelques secondes, puis soupira.
- Vaut mieux pas que tu saches Sher..
- Non dis moi !
- Une autre fois, il s’fait tard, je te raccompagne en gova.
- Non, Momo s’il te plais.
- Non Sherazade, pas maintenant.
Il m’avait répondu froidement et durement, je n’insistais donc pas plus, me sentant tout d’un coup mal à l’aise. Il se leva, mit sa grosse doudoune et sa casquette pendant que je le suivais silencieusement jusqu’à la porte devant laquelle il s’arrêta, me regarda de haut en bas et se mit à rire d’un rire aigu.
- Mais t’es vraiment folle Toi de sortir comme ça, j’avais complètement oublié, attend moi là je rapproche mon gamos, ma super voiture de roi Tu vas kiffé
Je me mis à rire à mon tour, nerveusement sans vraiment comprendre ce qu’il disait, je ne savais pas que Momo avait une si belle voiture, je l’aurais sans doute remarqué depuis. J’attendais donc derrière la porte, il y avait plusieurs voitures qui passaient devant moi, mais aucune n’attira particulièrement mon attention. Jusqu’à ce qu’une camionnette grise, qui devait être blanche normalement, remplis de tag s’arrêta devant la porte. J’eu d’abord peur, me demandant quel genre de psychopathe au volant d’une voiture pareil faisait, quand je réalisai qu’il s’agissait de celle de Momo. Je ne pouvais pas m’arrêter de rire puis je me mis à courir jusqu’à l’intérieur de la voiture.
- J’sais t’as mis du temps à comprendre qu’une telle beauté m’appartenait, je te comprend batata
- Alalaa Momo où t’as trouvé une voiture pareil
- Trouvé ? Ehhh t’y connais rien, c’est un héritage ce bijoux ouais
On continua de parler et de rire tout le long du chemin, il pleuvait énormément, la route était glissante et les essuies glaces de Momo qui se faisait vieux, avaient du mal à fonctionner.
Le ciel était sombre, les nuages presque noir, on voyait la cité à quelques mètres. Je tournais la tête vers Momo, l’observai, j’étais contente de l’avoir rencontré, c’était quelqu’un de bien. Je l’observais en souriant, sans m’en rendre compte, quand je vis une voiture par la fenêtre de son côté, foncer droit sur nous. Je ne voyais pas le conducteur à cause des vitres teintées, mais la voiture semblait être de couleur rouge. Je criais du plus fort que je pouvais, j’avais hurler à Momo de faire attention, il ouvrit quand la bouche et tourna fort le volant vers la droite, faisant la voiture déraper, en plus du sol glissant. Ma Tête tapa contre la vitre près de moi et Momo serrait fort le volant devant lui. Je restais choqué, les yeux grands ouvert, une douleur à la tête. Momo avait l’air aussi choqué que moi, les yeux écarquillés, complétement tétanisé. J’essayais de reprendre mes esprits, ouvrit la portière en sorti et vit que la voiture avait disparu. J’avais fais directement le rapprochement avec la voiture qui avait foncé sur Khalti Nouria. Si c’était le même conducteur, que nous voulait-il ? C’était certains il s’agissait de quelqu’un qui en voulait à Haytem, mais pour quelle raison ? Momo n’avait pas changé de position, j’avais mal au cœur de le voir comme ça, je me sentais coupable même si je n’avais pas cherché à ce que ça arrive.
Je suis remonté dans la voiture, et l’ait entouré de mes bras, lui chuchotant que la voiture était parti, que ça allait aller. Il n’avait plus l’air du grand bonhomme à la forte carrure et au caractère imposant, c’était à présent un bébé paralysé par la peur, stupéfait.
- Putain Sher.. on.. on.. on a failli crevé..
C’est lorsqu’il le dit que je le réalisai. La personne qui avait foncé sur nous était prête à nous tuer, à ce qu’on s’en tire au minimum avec de graves séquelles. J’avais peur mais j’essayais de ne rien montrer pour rassurer Momo. Il se redressa doucement, me souris faiblement et me dit qu’il allait continuer à pied. J’hochais la tête, le remercia vu qu’on était arrivé pratiquement à la cité, et m’en alla, les idées troubles, le cœur battant.

Chronique de Sherazade : Du balai à la bague au doigtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant