- C'est à dire avant un an ?
Son regard devint triste mais son sourire était toujours sur ses lèvres, comme si elle essayait de relativiser, de se réconforter, elle avait baissé la tête et me répondit :
- Il peut prondre 9mois au lieu de 12, ci dija ça..
Je ressentis une pointe de soulagement, soulagé qu'il reste encore longtemps, ma respiration que j'avais garder coupé jusqu'à ce qu'elle me réponde avait repris son rythme normal. Je mettais mise à penser depuis quelques temps que plus longue serait sa peine de prison, plus ça me laissait de temps pour essayer d'arranger les choses, du moins c'était ce que je me disais mais j'avais vite réalisé que ça ne serait pas gagner, et qu'il y avait des chances qu'il revienne remonté contre moi, le plan de Fahd en pleine réussite. Je le voyais déjà sourire, de son sourire narquois, vicieux. Je le voyais sur son trône, pleinement satisfait de son pouvoir, de ses actes et de leurs conséquences.
- ça va benti ?
Je repris mes esprits et lui offrit mon plus grand sourire pour la rassurer en hochant la tête, lui embrassai le front et lui souhaitai une bonne nuit. Une fois retournée, mon sourire disparu et je regagnais la chambre de Majda, son lit et son oreiller, bientôt encore une fois remplis de larmes.
Je me suis réveillé, ce sentiment de solitude encore plus fort ce jour là. J'avais besoin de mon père, de l'appeler, de sa présence, même si je savais que mon comportement était assez égoïste, d'avoir ces envies uniquement quand j'allais mal, alors que les contacts avec un père doivent être durant toutes les épreuves de la vie, autant mauvaises que bonnes. J'avais essayé de l'appeler avant de partir même s'il était tôt mais il ne répondit pas. J'avais reçu deux messages vocaux pendant la nuit, un de Younes qui m'insultait parce que je ne lui avais pas répondu ni donné de nouvelles et me menaçant de tout et n'importe quoi lorsqu'il me croiserait, et un autre de Fahd me disant de poser l'argent dans une enveloppe sous un bac de poubelles dans le sous-sol et que je pouvais prendre la moitié de la part. J'ai pris l'argent du sweat d'Haytem sans compter les billets de toutes les couleurs, déterminé à remettre le tout dans sa totalité sans en prendre aucun. Je n'avais envie de rien et me rhabilla d'un jogging, un de ceux que Jihane m'avait prêter. Je l'aimais toujours comme une sœur, malgré ses mots, malgré tout les pensées qu'elle pouvait avoir de moi, je lui pardonnais.
Le problème, c'est que je pouvais pardonner à tout, malgré la souffrance, essayer d'oublier.
Je laissais mes cheveux lâcher et remis ses Calvin Klein que je n'avais jamais pensé à rendre à Jihane, qui me rappelait tellement de souvenirs. A cet époque où j'étais loin de ces malheurs, même si j'avais connu de nombreux problèmes.
- Tu le connais d'où le gars d'hier ?
- Quel gars ?
Ils avaient tout les deux leurs yeux posés sur moi, l'un soupçonneux l'autre interrogateur. A peine était-je rentré dans le grec qu'il me posa la question, Momo répliquant aussi tôt, son côté paternel reprenant le dessus.
- Pourquoi ?
- On répond pas à une question par une autre, donc répond
- Mais de qui tu parles zebi ? Je comprend rien là ! Shér de quel mec il parle hadek le vieux fou ?
Je baissais les yeux, avança lentement en répondant « Il parle de Fahd, je l'ai connu grâce à Fatou ».
- C'est qui celle là ?
- Ah c'est la sœur des 3 frêres Aboubacar, Soumar et Djibril ! Pepere Fahd c'est un gentil, y a pleins d'histoires sur lui mais sah il a toujours été hnine, il a toujours payé ces kebabs pas comme certains !