Majda était resté dormir à la maison, on s'était couché ensemble sur son lit, elle m'enlaçant, ses bras autour de moi me serrant fort pendant que je somnolais, mon portable tenu fermement dans mes mains, à l'attente d'une réponse de la personne qui m'avait envoyé un message. Je n'avais pas prévenu Majda du message étrange que j'avais reçu, elle était déjà dans un tel état de choc, je pouvais comprendre ce qu'elle vivait.
Quelques heures plus tôt, assises au même endroit dans la cuisine, j'avais vite rangé mon portable à la vue de ce message pour ne pas alerter Majda. J'avais le sentiment que la personne qui m'envoyait ce message était liée avec la personne qui m'appelait. S'agissait-il de Fahd ?
J'essayais de retenir les frissons qui menaçaient de parcourir tout mon corps, il ne fallait pas que je me montre trop faible devant la sœur d'Haytem, elle avait besoin d'une présence rassurante, qui lui ferait croire que tout irait bien, même si au fond de moi j'étais aussi paniqué et détruite qu'elle.
- Majda Hbiba, t'inquiète ce psychopathe ne nous approchera pas, il suffira qu'on fasse attention, qu'on ne traîne pas trop longtemps dehors, puis tu habites loin et tu as ton mari ça ira, pour moi ne t'en fais pas il y a des gens qui veillent sur moi..
Une grimace se forma lorsque je prononçai ces dernières paroles, qui veillaient vraiment sur moi ? Dès qu'il y avait des filles Younes disparaissait, Soumar je ne le voyais plus depuis la fois où il était venu avec Victoria, Jihane je n'avais plus de nouvelles d'elle, Momo n'est jamais dans les parages, toujours au grec.. J'étais seule, et je devais me débrouiller seule.
Un jour Shérazade, tu partiras, tu te marieras et tu vivras heureuse, inchallah ..
Oui, ça s'arrangera, je resterais forte comme je l'étais avant, je m'étais trop laissé aller ces derniers temps, je m'étais trop laissé affaiblir par les événements passés.
Elle me regarda avec ses grands yeux clairs pleins de larmes, l'air de me demander si ce que je lui disais était vrai, dans l'espoir de s'accrocher à mes paroles, d'y croire dur comme fer pour retrouver un semblant de bonheur, de ne plus avoir peur.
Je fit un grand effort pour lui sourire, la releva, la prit par la main et l'emmena dans la chambre. Khalti Nouria s'était endormi sur le canapé du salon, j'y suis retourné pour la couvrir d'une grosse couverture, et poser un baiser sur son front.
Je suis retourné dans la chambre, me prépara pour aller dormir, pendant que Majda s'était glissé sous la couverture, elle ne pleurait plus. C'était une tout autre Majda que j'avais vu ce soir là, ce n'était plus la Majda à l'aise, pleine d'assurance, imposante de tout à l'heure, mais une Majda détruite, apeuré, souffrante comme un petit animal blessé. Sa blessure n'avait toujours pas cicatrisé depuis tant d'années, Fahd l'avait traumatisé. Je la rejoigna sous la couverture, dos à elle. Elle passa sa main autour de ma taille et me dit bonne nuit de sa petite voix qui ne s'était pas encore remise de ses sanglots. J'attendais d'être sûr qu'elle dormait pour répondre à cet étrange message.
« Demain, 20heures dans la cave d'Haytem, sois présente. »
« C'est qui ? »
J'attendais impatiemment la réponse, le cœur battant. Je luttais pour ne pas m'endormir, je sentais que le sommeil allait m'emporter, jusqu'à ce que le téléphone se mette à vibrer, me faisant sursauter.
Bzzz Bzzz
« Si tu veux le savoir sois présente, mais sache que si tu ne viens pas, les gens qui t'entourent en subiront encore les conséquences. »
Ma respiration se coupa à la vue de ce message. En subiront encore les conséquences ? Les images de Khalti Nouria à l'hopital et de Momo dans sa voiture lorsqu'on avait failli faire un accident refirent surface. Ce n'était pas possible, ça devait être une coïncidence, non.. Je me suis relever, suit parti dans la salle de bain pour me passer de l'eau sur le visage. Je priais intérieurement pour que je me réveille de ce mauvais rêve, je me surprenais même à vouloir retourné à ma vie de misère chez ma Tante, là au moins j'étais loin de ce genre de problèmes, loin de tout ça. La seule personne qui souffrait était ma personne, et non pas ceux que j'aimais, c'était le plus important.