Partie 37

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J'avais encore cette sensation de l'avoir toujours dans mes bras une fois dans la voiture, me remémorant ce moment où il m'a regardé dans les yeux, où il m'a dit « si j'apprends qu'on te fait du mal.. je nique tout, je tuerais pour toi Shérazade, je tuerais », la façon dont je l'ai regardé, le suppliant presque de regretter ses paroles tellement il aurait de gens à tuer si il le savait.. Je fermais les yeux à l'image de ce souvenir, les larmes coulant le long de mes joues, sentant encore ses lèvres se poser sur mon front pour ensuite me laisser partir en courant. Je lui en voulais presque, à ce garçon qui jouait aux insensibles, à l'invincible, de faire preuve de tendresse avec moi parfois, car je savais ces moments privilégiés et je ne pouvais supporter l'idée qu'il ait une autre image de moi à cause de Fahd.

- Ca va aller, t'inquiètes pas pour lui, c'est un homme Haytem, c'est pas une pédale

J'essuyais mes larmes d'un revers de main et murmura « J'aurais préféré que ça en soit une ».

- Hein ? T'es sah là ?

- Je préférerais qu'il soit une pédale si les vrais hommes se retrouvent en prison..

Il ne répondit rien, il savait que j'avais raison. Il fixait la route sérieusement, presque trop, ça faisait peur venant de Younes, il était rarement sérieux, toujours à jouer ou à essayer de faire rire.

- Tu sais Haytem au départ c'était pas un mauvais gars.

Je tournais la tête vers lui, étonné qu'il engage le sujet même si ça ne me déplaisait pas bien au contraire. Il continua :

- Tu t'es jamais demandé pourquoi t'as jamais vu son père ?

- C'est vrai que.. Je me suis déjà posé la question mais j'ai pas cherché plus que ça à savoir

- Son père il était grave violent, je me souviens à l'ancienne quand on était petit à la tess on avait tous peur de lui, c'était un gars il en imposait, tu l'voyais tu fermais ta gueule

Il mit une musique assez triste dans la voiture, comme pour créer une sorte d'ambiance dans son récit, et se gara dans une rue déserte.

- Un soir je me souviens je devais avoir 12ans, j'étais partis sonner à l'improviste comme as chez lui, et avant d'entrer j'entendais des cris, des pleurs, des meubles qui tombait, mais vraiment des trucs horribles j'entendais sa sœur qui pleurait, sa mère qui implorait Dieu.. Sah je suis partis direct chez moi en courant, et je me suis enfermer dans ma chambre.

- T'as rien fais ? T'as prévenu personnne ?

- Non, j'étais petit, je savais pas quoi faire. Puis après dans la cité on a entendu la sirène d'une ambulance, j'ai mis ma petite tête par la fenêtre et j'ai vu la mère d'Haytem, couverte de sang, vraiment en mauvais état, avec la sœur d'Haytem qui suivait les ambulanciers en pleurs.

J'imaginais la scène, la gorge noué, imaginant Khalti Nouria dans les conditions qu'il me racontait. J'imaginais Majda, désemparé, ayant vu sa mère rué de coup, et prié en sang.

- Puis j'suis sorti en courant pour chercher Haytem et je l'ai vu dans le hall, et c'était pour la première fois que je le voyais pleurer, et je te cache pas que ça a été la dernière. Après ça, Il a plus été comme avant du tout, il a direct changé, il avait une haine en lui, comme t'en as jamais sentis. La famille c'est devenu le plus important pour lui, et sah y a pas un mec qui a insulté sa famille qui est pas parti à l'hopital.

- J'aurais jamais imaginer que tout ça se serait passé.. Personne ne m'en a jamais parlé..

- Normal, c'est des trucs dont on veut pas se rappeler ça. Dis toi après Haytem il est devenu méchant, mais vraiment méchant il faisait pas de cadeau. Un regard de travers, coup de tête, un mot en trop, le gars 2sc après il le mettait à terre, il s'en foutait

Chronique de Sherazade : Du balai à la bague au doigtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant