- Non Ramzi s'il te plais..
Il s'avança en face de moi ses cheveux long encore mouillé de la douche qu'il venait de prendre, me saisissant les jambes pendant que j'étais allongé sur son lit.
- On va y aller et arrête d'insister ou je te casse les jambes !
Il resserra ses doigts autour de mes jambes et essaya par je ne sais quel moyen qu'il avait trouvé de me les tordre, sans que cela ne me procure aucune douleur.
- Même pas mal !
Il leva un sourcil et me lança un regard de défis.
- Ah ouais ?
Sans que je n'eus le temps de répondre il me sauta dessus et s'appuyait sur moi de tout son poids, me pinçait et me chatouillait en même temps, me provoquant des crises de rires interminable. Qu'est-ce que j'appréciais ces moments avec mon frère où l'on restait chez lui, loin de tout, proche l'un de l'autre.. J'en avais presque oublié le dîner spécial que Khalti Nouria avait préparé pour Younes à la maison ce soir-là. Ça faisait plus d'un mois que moi et Younes ne nous échangions plus aucune parole à part des regards de travers, tous venants de lui. J'appréhendais tellement ce repas, n'ayant aucune envie de manger sur la même table que cette nouvelle personne dans la liste de ceux qui me détestait. Depuis que la nouvelle sur ma pseudo relation entre moi et Fahd avait fait le tour du quartier, les regards des gens avaient changé, déjà qu'auparavant ils n'étaient pas très chaleureux là c'était encore pire. J'avais même croisé Soumar plusieurs fois qui faisait un effort pour répondre à mon salut mais qui gardait quand même ses distances, prétextant à chaque fois une excuse différente pour ne pas rester parler, même si au final il restait en bas des tours à ne rien faire de bien intéressant. Les gens étaient tous déçu, choqué, même ceux qui n'était pas au courant pour le semblant de relation qui avait commencé entre moi et Haytem et que je ne connaissais même pas se permettaient d'avoir le même genre de réaction que ceux qui savait, la mauvaise réputation de Fahd jouant beaucoup. Momo ne m'en avait jamais parlé, peut-être par respect vis à vis de mon frère, je ne savais pas mais ça m'arrangeais, n'ayant aucune envie de mentir encore et encore, même si ma vie depuis presque deux mois s'était résumé à ça, mentir. Mentir à Khalti Nouria, aux derniers proches qui me restaient sur mes allées et venues et même à moi-même en me disant que ça irait et que tout s'arrangerait alors que je ne croyais nullement en ce que je me disais.
Il se releva de moi, pris sa brosse à cheveux sur sa table de chevet, commença à se coiffer devant un grand miroir accroché au mur en me disant :
- T'es bizarre toi, n'importe quel meuf j'arrive je lui propose de lui acheter des sapps elle accepte, et toi tout de suite « non s'il te plais Ramzi » à croire je te demandais de galoche Momo
Il m'imita en parlant d'une voix tremblante et fluette comme si je pleurais, je ne put m'empêcher de rire, encore plus avec la comparaison qu'il venait de faire. Je me suis relevé, me suis placé derrière lui, une main posé sur son épaule et répondis :
- N'importe quoi, t'abuses quand même, pauvre Momo c'est ton meilleur ami en plus !
- Meilleur ami peut être mais sah tu peux pas nier que ça bouche elle fait faire des cauchemars sa mère, miskine J'suis sûr c'est à force de bouffer qu'il a perdu ses dents ce helouf
- Ramzi t'es méchant !
Il se mit à rire tout seul en déposant la brosse et s'aspergea de parfum, m'en mettant au passage.
- Allez va mettre tes chaussures Batata on décale
Je soupirais et fis ce qu'il me dit. Je ne voulais pas qu'il dépense de l'argent pour moi mais il insistait tellement, il voyait bien qu'en cette période hivernale je n'avais rien de chaud à me mettre et se sentait donc obligé de m'en acheter.