Chapitre 26

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Trisha :

Je me lève difficilement ce matin. J'ai passé la soirée dehors. J'ai traîné dans un bar une bonne heure avant d'aller en boîte jusqu'à 2 heures du matin.
Nous sommes vendredi matin, mais mon cours de la matinée a été annulé et je n'ai cours qu'à 14 heures.
Je me lève juste à temps pour pouvoir prendre une douche. Puis je m'habille en vitesse, me brosse les dents puis les cheveux et je pars vers le lycée.

J'ai simplement histoire et maths aujourd'hui. Olivia n'étant pas là, Rose me propose de m'asseoir à côté d'elle.
Elle est très sérieuse. Elle ne décroche pas un mot durant le cours et prend autant de notes que possible. Elle m'aide parfois quand elle voit que je suis perdue. Je me rends compte que j'ai vraiment besoin d'une amie. Enfin, d'une amie comme elle.
Rose est très gentille et bosseuse. Elle m'a dit qu'elle avait 13 de moyenne générale, ce qui pour un bac S est vraiment bien. Avec elle, ce sera plus facile de bosser et de suivre les cours. Et Olivia est pareil.

Après la journée de cours, je prends une décision sur un coup de tête. Il est un peu plus de 16 heures, et l'arrêt des cours en primaire se termine dans une quinzaine de minutes. Je n'ai aucune nouvelles de la gendarmerie, alors pourquoi pas aller voir Sam ?

Je monte dans ma voiture et me dirige aussitôt vers l'école. Je me mets au plus près de la grille. Je me souviens à peu près de son visage, je pense être capable de le reconnaître.
Dès que les élèves commence à sortir, je scrute chaque enfant et essaye de reconnaître Sam. Je me trompe quelques fois, m'approche d'un garçon et lui demande s'il s'appelle Sam, à part un, ils ne me répondent pas et partent rapidement.
Après 3 ou 4 échecs, je le trouve enfin. Ses cheveux bruns, ses yeux bleus, sa petite bouille. Je suis sûre que c'est lui.

- Sam ? Je suis Trisha. Tu te souviens de moi ?

- Oui...

- J'aimerais te parler.

- Ma maman doit m'attendre... Quelque part.

- Ça ne prendra que deux minutes. C'est par rapport à Lise. Ma petite sœur, tu te souviens ?

- Bien sûr.

- Bien. Tu l'as vu au parc la dernière fois, non ? Tu as vu quelqu'un avec elle ? Tu as vu la police ? J'ai besoin de réponse.

- Je ne sais plus trop... Je vois maman là bas.

- Répond moi Sam. Si tu étais vraiment l'ami de Lise, tu répondrais honnêtement.

À ce moment précis, je ne réfléchis plus à rien. Mon cerveau tourne à mille à l'heure. Je suis uniquement poussée par mon instinct. Je dois savoir. Je veux savoir. Sam est ma dernière chance, il doit me dire tout ce qu'il sait. Peu importe les conséquences. Je n'y pense pas, je pense juste à ce jour là, à Lise.

- Trisha ? Qu'est ce que tu fais là ? Demande la mère de Sam assez froidement.

- Maman, elle me fait peur.

- Rentre chez toi Trisha, laisse Sam.

- Non, j'ai besoin de réponse. Il doit me répondre ! Sam dit moi, qui étais là avec Lise ? Tu dois me le dire !

- Trisha, si tu ne te calmes pas, j'appelle la police !

- Fermez la vous, avec votre air supérieur. Tout ça, c'est de votre faute. On aurait pu en avoir fini avec tout ça, mais non ! Sam, répond, je dis en lui attrapant le bras.

- Ça suffit, j'appelle la police.

- Allez y, peut-être que eux m'apporterons des réponses !

La mère de Sam ne m'a pas menti. Elle appelle la police et m'indique qu'ils arrivent bientôt. Sauf que ça m'énerve encore plus. Au lieu de me calmer, je m'énerve encore plus. Je hausse le ton, je l'insulte. Je n'ai pas conscience de tous les regards braqués sur moi, je ne réfléchis pas au fait que je suis devant une école primaire rempli d'enfants. Lise, c'est elle la seule qui importe. Je pense à elle constamment depuis ce matin. Elle se met à envahir mes pensées, m'empêche de réfléchir, d'être lucide. Je veux la retrouver. Je veux être avec elle.

Lorsqu'un policier et une policière arrive, ils me demandent si je suis capable de me calmer et de les suivre, ou si ils doivent sortir les menottes.
Mais je suis... En transe. C'est comme si mon esprit avait quitté mon corps pour laisser place à une folle.

- C'est ça, passez moi les menottes ! J'aurais à vous parlez puisque vous êtes incapable de faire ce qu'on vous demande !

- Bien. Trisha, retourne toi.

La policière attrape mes bras pour y mettre des menottes, puis s'excuse auprès de la mère de Sam. Elle me fait ensuite monter dans leur voiture.
Le temps du trajet, après quelques insultes et plusieurs soupirs, je finis peu à peu par me calmer.
Et alors mon moment de folie se transforme en honte.
J'ai honte de m'être autant emporté. Je risque gros, et ce n'est pas mon premier séjour à la gendarmerie. Mes parents vont tellement m'en vouloir. Pourquoi j'ai fais ça...

- Trisha... Qu'est ce que tu fais là ? Me demande monsieur Flamel lorsque j'arrive.

- Elle a agressé un enfant devant son école.

- Agressé... C'est un peu fort. Vous pouvez m'enlever les menottes ? Je suis calmé.

- Hors de question.

- C'est bon, retirez lui. Je m'occupe d'elle, dit monsieur Flamel.

Je le remercie et le suis dans son bureau.

- Bon, Trisha, explique moi.

- Je n'avais pas de nouvelles de vous. Pour Sam. J'avais besoin de réponses. J'ai pas réfléchis, je voulais juste lui poser deux ou trois questions. Il n'a pas voulu répondre, sa mère s'en est mêlé... Et j'ai pété les plombs.

- Bon sang, à quoi tu pensais ? Agresser un enfant devant une école !

- Je n'avais pas conscience de ce que je faisais, je suis vraiment désolée ! Je voulais juste... Je ne pensais pas m'énerver comme ça.

Il soupire et se masse doucement les tempes. Un silence pesant s'installe durant quelques  secondes, puis il fini par se lever et fouille dans ses dossiers avant d'en sortir un. Il en sort une feuille et sort de son bureau sans dire un mot.
Il revient quelques instants plus tard.

- Je t'ai photocopié la retranscription de ce qui a été dit avec Sam.

- Merci.

- Attention, c'est confidentiel. Garde ça pour toi, d'accord ? Et tes parents bien entendu.

- Mmh. D'ailleurs... Vous les avez appelés ?

- Non. Écoute, tu es majeur, alors je ne les appellerais pas. Je vais en rester là pour aujourd'hui, mais que ça te serve d'avertissement. Un autre coup comme celui là et ton séjour sera plus long. Je ne veux plus te revoir pour une bêtise comme celle ci, d'accord ? Et je parle aussi de tes séjours de nuit en cellule de dégrisement. Même si ça se fait plus rare, je sais que tu as été arrêté il y a quelques semaines.

- Oui, bien sûr. Merci.

- Une dernière chose Trisha. Je vais être honnête avec toi, d'accord ? Dans le dossier, malgré ce dernier document, tu te rendras compte qu'il n'y a pas grand chose. On a repris les recherches, mais sans trop d'espoir. La description de Sam... Est bien trop faible pour que l'on puisse retrouver cet homme. Je suis désolée Trisha.

- Vous vous trompez. Il y a toujours un moyen.

- Trisha, tu dois l'accepter et passer à autre chose. Attraper un homme deux ans après, avec pour seul élément un témoignage d'un enfant de 8 ans, qui a vécu la scène deux ans auparavant... C'est mission impossible. Il n'y a pas d'autres témoins, pas de caméra de surveillance. C'est terminé. Les recherches vont prendre fin dans un jour ou deux. Ça fait un peu plus d'une semaine que l'on essaye sans succès. Je suis désolée pour toi et ta famille, mais...

- Je peux y aller ? Je demande très froidement.

- Oui.

- Bien.

Je me lève et sors en courant. Je retourne à ma voiture près de l'école primaire, puis je rentre chez moi.
J'en ai marre d'entendre que je dois tourner la page. Ce n'est pas à eux de décider quand je dois le faire, c'est à moi. Si je veux continuer à me battre, je le ferais.
Cette fois, je n'attendrais pas pour la lire. Je vais le faire dès maintenant.

DisparueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant