Disparue

Chapitre 35

Noah

J'ai besoin de te parler. On peut se retrouver samedi vers 16 heures dans un café pour discuter ?

Ça fait deux jours que Trisha m'a envoyé ce message. Et je ne sais toujours pas quoi lui répondre. Lors de notre dernière conversation il y a déjà plusieurs semaines, je lui ai dis que je tenais toujours à elle, et Trisha m'a simplement répondu qu'elle n'avait pas le temps, que c'était mieux pour moi.
Je ne sais pas ce qu'elle veut me dire et je me pose mille questions. Au fond de moi, je l'aime toujours. Mais j'en ai marre de me faire rejeter. D'un autre côté, elle a peut être besoin de se confier. Même si je ne suis pas sûr de vouloir être celui qu'elle appelle uniquement quand ça ne va pas.

On est vendredi soir, et Trisha doit s'impatienter. Je finis par lui répondre par un simple ok. Après tout je n'ai rien à perdre. En attendant, je me dépêche de prendre ma douche pour retrouver Dylan, Léo, Maëlle et Eden dans un bar.

Mais durant toute la soirée, je suis distant. J'essaie d'écouter et de participer aux conversations mais je n'arrive pas à rester concentré plus de 5 minutes. Dylan le remarque et dès que nous avons terminé le plat principal, il me propose de sortir prendre l'air en attendant les desserts et les cafés.

- Alors, explique moi le problème. Je commence à bien te connaître, il y a un truc qui ne va pas. Tu n'as pas dis plus de trois mots ce soir, ça ne te ressemble pas.

- C'est Trisha. J'arrête pas de penser à elle.

- Encore ? Écoute, si je peux me permettre, tu m'en parles assez souvent d'elle et ça à l'air de plus te faire souffrir qu'autre chose. Tu devrais vraiment l'oublier.

- Justement, on se voit demain. C'est elle qui l'a proposé mais je ne sais pas du tout pourquoi et ça me stresse.

- Écoute, mets les choses aux claires avec elle. Dit lui que tu ne veux plus de ce genre de relation, dit lui clairement ce que tu veux, ce que tu es prêt à accepter. Si tu es prêt à te contenter d'une relation amicale, ou si c'est tout ou rien.

- C'est dégueulasse ce genre d'ultimatum.

- Peut-être mais c'est la seule solution pour que tu ailles de l'avant. Tu es moins heureux, ça te prend trop la tête.

- Ouais, tu as raison. Merci.

- C'est normal. Bon, vient, nos desserts vont pas tarder.

- Tu penses toujours qu'à manger toi, je réponds en rigolant.

Dylan a raison. Je dois réfléchir à ce que je veux, parler avec Trisha de notre relation. Je n'en peux plus de nos disputes, nos semaines sans discuter puis le retour de notre "relation". Je veux que ce soit clair.

***

Trisha est déjà là quand j'arrive. Elle vient de refaire sa teinture, mais elle est un peu moins foncé que d'habitude. Elle a joliment maquillés ses yeux verts, mais pas trop cette fois ci. Elle porte une tenue simple, un jeans noir et un tee-shirt gris clair. Elle ne m'a pas encore vu et a les yeux rivés sur son téléphone.
Elle finit par les lever et me sourit légèrement en me voyant.
Elle est belle. Et dès lors que ses yeux se plonge dans les miens, je sens mon pouls qui s'accélère. Mes mains deviennent moites et j'ai aussitôt envie de la prendre dans mes bras. J'ai en tête les images de notre nuit ensemble, j'ai l'impression de ressentir son odeur, le contact de sa peau sur la mienne.

Je me ressaisi, la salue rapidement et m'assieds. Je commande un café, puis je regarde mes mains. Je finis par relever les yeux vers elle. Elle semble aussi nerveuse que moi.

- Alors... Si tu m'expliquais ce qu'on fais ici ?

Trisha me parle immédiatement de sa sœur. Je m'y attendais un peu. Elle m'explique qu'elle a suivi mon conseil et m'indique ce qu'elle a trouvé. Elle me partage ensuite ses inquiétudes, ses questionnements. J'essaie de la rassurer tant bien que mal.

- Mais alors.... Tu en es où ? Tu laisses définitivement tomber ?

- Je crois que je n'ai pas trop le choix. Je déteste dire ça, me sentir impuissante comme ça. Mais je ne peux rien faire. C'est un cas isolée, il n'a fait de mal à personne d'autre. Et... En faite tout ce que je voudrais aujourd'hui, c'est que Lise est un vrai enterrement, un dernier hommage. C'est le minimum que je pourrais faire. Si je pouvais...

- Et c'est quoi qui t'en empêche ?

- On a jamais retrouvé son corps. Et si elle finissait par réapparaître ?

- Trisha, tu sais au fond de toi que... Qu'elle ne reviendra pas. Parle en à tes parents, faites quelque chose pour elle, pour lui dire au revoir.

- Je n'ai pas envie de lui dire au revoir, dit elle presque en murmurant.

- Alors rend lui simplement hommage. Arrête les recherches et vit ta vie, pour toi et pour elle. Et si l'affaire finit par se résoudre... Ce sera vraiment super, mais là je crois que tu ne peux rien faire de plus.

- Tu as raison. Je sais. En plus j'ai largement dépassé le délais que m'avais accordé ma mère. J'ai passé plus d'un an à faire de la merde, et encore un an à rechercher sans relâche des indices qui ne m'ont mené à rien. Comme si j'avais pu être plus forte que la police... Ça fait des mois qu'il n'y a plus rien sur elle dans son annonce d'enfant disparu, et les flics ont arrêtés leurs recherches définitivement. Je dois m'y faire même si ça fait mal.

- Tu vas y arriver Trisha. Je le sais.

- Merci.

Un petit blanc gênant s'installe entre nous. Je finis par reprendre la parole. Je dois lui dire.

- Trisha... Je dois te parler. De nous. Dès que je t'ai vu... Je ressens toujours des choses pour toi. Mais je pense que je peux essayer de mettre ça de côté... En faite je n'ai pas envie de te perdre, même si mes sentiments prenait beaucoup de place, lorsqu'on se voyait encore. Mais je n'ai pas envie de continuer notre relation. De ne pas savoir quand tu vas accepter de m'accorder deux minutes, de ne pas te voir pendant un mois avant de recevoir un message.

- Ce qui a été dur c'est d'entendre que tu avais des sentiments pour moi. Je ne suis pas prête, j'avais peur, j'étais perdue. Je... J'ai besoin de toi Noah.

- Mais je n'ai pas envie d'être là uniquement quand tu en as vraiment besoin, tu comprends ? Je suis ravi de t'aider mais avoir de tes nouvelles une fois par mois, ça ne me convient plus.

- Je sais. En faite j'ai besoin d'un peu de temps. Je ne suis plus habitué, tu es mon seul ami. J'ai tourné le dos à ma famille, aux personnes qui ont essayés d'être là pour moi dans ma classe. J'ai fais les mauvais choix. J'aimerais qu'on... Soit amis.

- Je peux essayer mais c'est dur, c'est vraiment dur de ressentir ce que je ressens.

- Mais alors tu veux quoi Noah ? Je ne comprends pas.

- Je crois que je suis aussi perdu que toi.

- Écoute, j'aimerais qu'on se voit pour parler... D'autres choses de Lise. Des choses sur nous. Même si on commence à bien se connaître, à chaque fois qu'on se voyait on parlait d'elle. Ou alors je te hurlais dessus et tu essayais de m'aider. J'ai envie d'apprendre à mieux te connaître, parce que je pense que tu me connais mieux que je ne te connais. Mais Noah, ce n'est pas parce que je commence à me faire à l'idée que Lise ne reviendra pas que je vais mieux. Je ne suis toujours pas à l'aise avec l'idée de faire entrer quelqu'un dans ma vie, surtout un petit copain. Même si je t'apprécie beaucoup, je suis effrayé et j'ai peur de souffrir, encore.

- Depuis le temps que je t'aime, Trisha, je ne te ferais jamais souffrir.

J'attrape doucement sa main. Je frissonne à son contact. J'avais peur qu'elle me repousse, mais elle ne bouge pas. Elle garde ses yeux rivés sur nos mains.

- Alors... Parle moi un peu plus de toi, finit elle par dire.