Chapitre 31

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Trisha

"Parce que je t'aime"

Voilà les derniers mots que Noah a prononcé devant moi. Je me suis enfuie en courant juste après. C'était il y a trois mois environ, mais ses mots résonnent toujours dans ma tête.
Et aujourd'hui je suis là, en face de lui sur un parking d'une boîte. Et pour l'instant, personne n'a prononcé un seul mot. Et dans ce cas là, c'est un silence vraiment gênant. Je ne sais pas quoi dire ni quoi faire. C'est à moi de prendre la parole, c'est moi qui suis partie et qui l'ai ignoré. Mais qu'est ce que je suis censée dire ? Et est ce que je suis censée lui parler ?

- Salut Trisha.

- Oh ! Heu... Salut Noah. Tu... Comment tu vas ?

C'était vraiment nul, je sais. Mais je ne sais pas quoi dire de plus. J'ai bu trois bières, ça y joue aussi. Je ne suis pas totalement sombre ni totalement soul. Ma tête tourne un peu mais j'ai les idées claires. Malgré ça, je suis incapable de réfléchir.

- Bien. Et toi ?

- Honnêtement ? J'en sais rien. Ma vie en ce moment, c'est...

- Compliqué.

- Ouais. Plus qu'avant.

- Et pour ta sœur ?

- C'est terminé. J'ai arrêté de chercher depuis que j'ai lu le rapport concernant Sam. Il n'y a plus rien à faire.

- Je suis désolé.

- C'est rien. Je dois juste l'accepter.

- Et c'est le cas ?

- Non, pas du tout. Je n'arrête pas de me répéter que sans trouver le coupable, je ne pourrais pas aller mieux. Du coup c'est vraiment pas facile d'avancer, mais je n'arrive pas à me sortir ça de la tête.

- Je comprends. Tu n'as cas te dire... J'en sais rien, qu'il est mort. En plus, Lise était un cas isolé, non ?

- Je... J'en sais rien.

- Tu devrais te renseigner. Si Lise est la seule enfant qui a disparu dans les environs depuis ses dernières années... Tu peux te dire que c'était un accident, que le coupable n'a pas recommencé. Dans le fond, tu avais peur de ça, non ?

- Oui. Oui, c'est vrai. La vache, j'avais oublié que tu étais aussi intelligent.

Noah rigole doucement. Je me sens beaucoup moins gênée. Avec lui, je me sens bien, apaisée.

- Je suis vraiment désolée Noah, je dis subitement. Pour tout. Je n'aurais pas dû m'enfuir en courant, ni ignorer tes appels et tes messages. La vérité c'est que tu es quelqu'un de bien, et moi non. J'avais peur... J'avais l'impression de t'entraîner dans quelque chose qui n'est pas toi tu vois. Je voulais que tu restes loin de moi, parce que tu n'es pas comme moi.

- C'est rien. Je comprends. Mais Trisha, on se ressemble bien plus que ce que tu veux l'admettre. Quand on est ensemble, j'arrive à voir les meilleurs côtés de toi. Et c'est peut-être ça aussi qui te fais peur, non ?

- Peut-être bien. En tout cas, désolée de t'avoir fait entrer dans ma vie, avant de t'en sortir aussi brutalement.

- Et aujourd'hui ?

- Quoi ?

- Tu aimerais qu'on se revoit, ou bien tu me préfères loin de toi ?

- Je... J'en sais rien. Ma vie aujourd'hui... C'est différent. Je ne suis pas sûre de pouvoir avoir un ami comme toi.

- Ou alors tu as peut-être besoin d'un ami comme moi.

- Noah, je n'arrête pas de te blesser, de te faire du mal. Et toi tu reviens toujours.

- Parce que je me sens bien avec toi. Parce que j'aime faire ressortir le meilleur de toi même et parce que j'aimerais qu'un jour, tout le monde puisse voir ce que moi je vois en toi. Je me suis attaché à toi et je ne peux pas faire une croix sur toi, sur notre relation. Et même si ça fait plusieurs semaines que tu m'ignores et qu'on ne c'est pas parlé, je pense que tu es toujours la même personne.

- Je ne parle presque plus avec mes parents. J'ai de nouveaux amis, mais... Ils sont comme ceux que j'avais avant. Ils sortent beaucoup, ils boivent, ils fument. Mais je les aime beaucoup. J'aime sortir avec eux, j'aime discuter avec eux.

- Et alors ? Ce n'est pas ça qui change celle que tu es.

Noah est vraiment trop gentil. Mais il est amoureux de moi. Dans son regard, je comprends que ses sentiments sont les mêmes. Et je ne veux pas le faire souffrir encore une fois. Il voudra de nouveau me parler de ses sentiments, je vais encore le rejeté et ça va finir par lui faire beaucoup de mal. Je ne peux pas lui faire ça. Il sera mieux loin de moi.

- Écoute Noah, c'est compliqué. On a chacun notre vie, je n'ai plus de place pour toi dans la mienne. Je t'apprécie beaucoup, et j'aimerais avoir de tes nouvelles parfois mais... Ça s'arrête là.

- C'est la seule raison ? Tu es trop occupé pour me voir ?

- Oui.

- OK. Super. Alors ne prend pas la peine de prendre de mes nouvelles.

- Noah...

- Trisha, tu vas mal et je peux le comprendre, mais je ne vais pas t'attendre indéfiniment. Je veux vraiment que tu ailles mieux mais tu n'arrêtes pas de te trouver des excuses bidon.

- D'accord, tu veux que je sois honnête ? Je ne veux pas que tu souffres. Je sais quels sont tes sentiments pour moi et je ne pourrais rien t'offrir de plus qu'une amitié. Je sors beaucoup plus qu'avant, je suis imprévisible et je pense que c'est mieux qu'on arrête complètement de se voir. Pour toi.

- Non. C'est mieux pour toi.

Il ne me laisse pas le temps de répliquer et rentre de nouveau dans la boîte.
Je n'ai aucune envie de rejoindre Mathias et Clem. Ça voudrait dire retourner à l'intérieur, et probablement recroiser Noah avec ses amis -je suppose qu'il est venu accompagné. Ma voiture est resté sur le parking de l'immeuble de Clem. À pied, je devrais en avoir pour 20 minutes. Je suis en état de conduire et j'ai tout mes papiers, je ne prends donc pas de risque.
Je commence alors à marcher d'un pas assuré. Il fait nuit, mais heureusement la ville est bien éclairé. J'ai peur de croiser des mecs qui tente de me suivre ou de m'aborder, mais ça n'arrive heureusement pas.

Lorsque je rentre chez moi, je prends le temps d'écrire à Clem pour m'excuser de mon départ soudain.

Ma rencontre avec Noah m'empêche de trouver le sommeil. J'avais réussie à le chasser de mon esprit ses derniers jours, mais voilà que tout mes souvenirs refont surface. Il m'a tellement aidé, il a été tellement présent pour moi. Au fond, je ne saurais pas vraiment expliquer pourquoi je le repousse comme ça. Je sens bien qu'il m'attire, que j'ai envie qu'il se passe quelque chose entre nous. Malgré ça, la peur prend le dessus et m'empêche de réfléchir et de lui parler correctement.

Je suis perdue.

DisparueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant