Chapitre 2

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Trisha

Après cette journée ennuyante, je rentre chez moi et m'installe aussitôt sur mon lit. J'attrape mon journal, respire un bon coup et commence.

Ça fait 702 jours qu'elle a disparu, soit un peu moins de deux ans. Et pourtant, j'ai l'espoir qu'elle soit encore en vie. Elle est aussi peut-être morte. Mais soit je la retrouverais, sois je me vengerais : parce-que la personne qui a fait ça doit payer.
Hier, je me suis encore engueulé avec ma mère, et c'est de ma faute. Enfin, en partie. J'en ai marre de ma vie. Depuis que ma sœur a disparu, mes parents ne font plus attention à moi. Ils passent des jours devant la télé, et ma mère attend impatiemment le journal pour guetter les nouvelles. Quand à mon père, il travaille énormément pour subvenir à nos besoins étant donné que ma mère ne travaille plus.
La seule chose positive, c'est leur thérapie tous les samedis, le matin pour ma mère et l'après midi pour mon père. Ça fait 6 mois et il n'y a toujours pas de changement pour l'instant. Mais je suis plus intelligente qu'eux. Au lieu de perdre mon temps chez une psychologue et devant les infos, je sais que maintenant, c'est à nous de jouer. La police ne fera plus rien.
Ma mère ressemble à un légume. Elle ne me regarde plus en face, et je suis sûre qu'elle me reproche la disparition de ma sœur. C'est vrai, après tout, si nous n'étions pas sortie, si j'étais resté avec elle, Lise serait encore là aujourd'hui.
Si on veux la retrouver, c'est à moi de jouer.
Pour l'instant, je dois me préparer, parce que je sors ce soir. Je sais que c'est mal, que sortir pour me soûler ne la fera pas revenir. Mais ça m'aide à oublier la vie de merde que je suis en train de vivre.

Je referme mon journal en soupirant. Puis je lance une playlist de mon groupe de hardrock préféré et la mets à fond pour ne pas entendre ma mère pleurer dans la pièce d'à côté.
Celle-ci frappe à ma porte plusieurs fois, sûrement pour me demander de baisser le son. Mais je ferme ma porte à clé et l'ignore. Elle finira par abandonner dans quelques minutes, comme d'habitude. Je retire mes vêtements et rentre dans la salle de bain. On peut y accéder seulement en entrant dans ma chambre : c'est donc ma salle de bain privée.
J'allume le robinet et laisse l'eau me réchauffer. Je m'assieds et pleure doucement, comme presque tous les soirs.
Je reste sous l'eau chaude durant presque une demi-heure. Je fini par me relever et me laver.

Je me sèche et enlève le mascara et le crayon qui ont coulés sous mes yeux. Je m'habille ensuite. Je choisie un pantalon en cuir moulant, avec un haut gris près du corps. Je me maquille ensuite, presque comme ce matin.
Je noue mes cheveux en une tresse en épi puis j'enfile des baskets blanches.
J'attrape mon sac à main et sors, sans même prévenir mes parents. Ils ne s'en rendrons pas compte de toute façon.

Il est 23 heures et la boîte de nuit commence à se remplir.

Après avoir mangé à un fast-food, je me suis rendu dans une boîte de nuit et me suis payée un verre avec l'argent de ma mère, que je lui ai volé un peu plus tôt dans la semaine.

Je n'avais jamais fais ça avant la disparition de ma sœur. J'étais quelqu'un de bien, d'honnête. Mais aujourd'hui, j'ai l'impression que ça n'a plus d'importance. Ma mère ne remarque rien, ça ne lui fais rien que je lui prenne vingt où trente euros par mois. Elle est trop ailleurs pour ça.

- Un autre verre, je demande au serveur. Le même.

- Attention, c'est très fort.

- Contente toi de me servir, je suis majeure, je réponds froidement.

Après avoir bu mon verre, je me lève pour aller danser. Je guette la piste de danse est aperçoit un homme qui est visiblement seul. Quand il voit que je le regarde, il s'approche de moi en souriant.
Il est un peu plus grand que moi, a des yeux foncés et des cheveux noirs. Son t-shirt à manches courtes laisse apercevoir un long tatouage sur son avant bras. Je colle mon corps contre le sien et continue de danser.

- C'est quoi ton nom ? Hurle t'il par dessus la musique.

- Anaïs, et toi ? Je réponds sans réfléchir.

- Adam. Tu veux pas qu'on se voit dans un endroit un peu plus calme ?

- Non, ça va.

Il rigole mais n'insiste pas. J'ai encore les idées claires et je n'ai pas envie de me retrouver seule avec lui. Mais je sais qu'après un ou deux verres de plus, je serais entièrement à lui...
Il m'invite au bar et m'offre un verre. Il demande pour moi un mojito sans même me demander mon avis. Il pense probablement que ça me suffira pour être complètement ivre, mais j'ai bien trop l'habitude de ce genre de boissons et de mecs pour me laisser avoir.
Je le sirote doucement en lui jetant des coups d'oeil de temps en temps en souriant. Lui boit simplement une bière et me rends mes sourires.

Au bout d'une vingtaine de minutes, mon verre est vide et je sens l'alcool me monter au cerveau. Je ne finirais pas ivre morte mais sûrement bien éméché. Nous nous levons tous les deux, et il fini par attraper mon menton et m'embrasser. Je ne le repousse pas, au contraire. Je pose mes mains sur sa nuque tandis qu'il attrape fermement mes hanches. Sa bouche se déplace jusqu'à mon cou. Il plaque ensuite ses lèvres derrière mon oreille puis remonte le long de ma mâchoire pour retrouver mes lèvres.

- On va chez moi ? Je propose.

- Tu vis chez tes parents ? Parce que moi je vis seul...

- Euh, ouais, mais ils diront rien, ils seront sûrement couchés.

J'avais peur qu'il insiste, mais non. Il accepte aussitôt. Tant mieux, je ne voulais pas être seule chez lui. On ne sait jamais.

- T'es en état de conduire ? Je lui demande.

- Ouais, ça ira.

Je décide de laisser ma voiture sur le parking et je monte dans la sienne. Elle n'est pas très grande, et elle pu la cigarette et la pizza. Heureusement, il conduit plutôt bien, et il est beau. Ça compense l'odeur presque irrespirable. En plus, l'alcool qui s'y ajoute me donne vraiment envie de vomir. Je lui indique la route du mieux que je peux.
Nous arrivons finalement sans que je ne vomisse.

Une fois à l'intérieur, je constate la maison est plongée dans le noir.
Nous montons aussi discrètement que possible. Une fois dans ma chambre, je ferme ma porte à clé et me déshabille sans lui adresser un mot. Il sourit et regarde mon corps quelques instants avant de retirer son jeans et son t-shirt.
Dès que je m'allonge sur le lit, il se met sur moi et recommence à m'embrasser.

- Attends. Avant de continuer... On couche ensemble et après tu t'en vas ? On ne se promets rien et tu ne dors pas ici. Si ça te conviens.

- Bien sûr. En plus, j'ai pas envie de croiser tes parents demain.

- T'as raison... Je murmure.

Il sourit et recommence à m'embrasser.

***

Le lendemain matin, Adam n'est plus là. Je ne sais plus si il est partie juste après notre affaire, ou si il s'est endormi et est reparti tôt ce matin. De toute façon, il y a peu de chance qu'on se recroise. Et si c'est le cas, je ne sais même pas si je le reconnaîtrais.

Depuis ma séparation avec mon copain il y a un an et demi, soit 4 mois environ après la disparition de ma sœur, j'ai dû coucher avec cinq, ou peut-être six mecs. Il n'y a presque jamais de lendemain. Avec certains, ça a duré quelques jours. Mais je ne veux pas de relation stable, je n'en suis pas capable. Aimer quelqu'un, lui sourire tous les jours, partager des moments avec lui et faire comme si tout allait bien... Je n'en ai pas envie.

DisparueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant