Epilogue

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Trisha

- Je suis content d'avoir de tes nouvelles.

- Même si je suis restée silencieuse pendant presque deux mois ?

- Oui. Tu as enterré ta soeur, c'est normal. Comment tu vas ?

- Mieux. Même si c'est dur.

Nous sommes assis sur un banc, dans un petit parc. C'est la première fois que j'y mets les pieds, c'est Noah qui m'a proposé de venir ici. Il n'y a personne malgré le beau temps. C'est très paisible.
Il me prend doucement la main mais je le repousse.

- Tu ne m'as pas pardonné. Tu veux que l'on arrête tout, c'est ça ?

- Non, pas tout à fait. Je t'ai pardonné Noah. Même si ça m'a fait beaucoup de mal... je me suis sentie trahie, c'était difficile pour moi d'apprendre que tu avais fais des recherches dans mon dos. C'est quelque chose que je déteste, les cachotteries, les mensonges. Mais je tiens tellement à toi, si tu savais. J'ai conscience que c'était pour mon bien que tu me cachais ça. Tu m'as tellement aidé à avancer, je ne serais pas devenue celle que je suis aujourd'hui sans toi. Mais toi et moi Noah, ça ne peut pas continuer. Je vais partir.

- Trisha, je t'ai attendu pendant deux mois tu sais. J'attendais que tu m'appelles. Que tu m'envoies un message.

- Je suis tellement désolée Noah. Je ne voulais pas te faire souffrir. J'ai pensé à toi mais... C'était trop dur. Je voulais ne penser qu'à Lise. Faire mon deuil. J'ai repris les séances toutes les semaines avec ma psychologue et j'y restais plus d'une heure. J'ai réfléchis, j'ai parlé avec ma mère, beaucoup. Je devais faire le point. J'aurais dû t'appeler mais je n'aurais pas su quoi dire. J'étais perdue.

- Mmmh. Je comprends. Honnêtement je me doutais que tu comptais partir un peu d'ici. Tu vas faire quoi ?

- J'ai été accepté dans plusieurs cursus à la faculté de la Rochelle. Mais je ne vais pas y aller. J'ai accepté la proposition en fac de psychologie mais pas pour la rentrée. Je prends une année sabbatique et je vais partir 6 mois à l'étranger, pour faire de l'humanitaire. Et à mon retour... Je resterais ici quelques mois mais à la rentrée prochaine je pense partir faire mes études ailleurs, enfin si je suis acceptée. Sinon je poursuivrais ici, je sais déjà que j'ai une place. Je n'arrive pas à rester là, avec tous les souvenirs... J'ai besoin d'apprendre à vivre, à me construire, à devenir quelqu'un de meilleur, mais je sais qu'ici je n'y arriverais pas.

- Et pour nous ?

- Noah... Tu sais que je tiens à toi mais après 6 mois à l'étranger et au moins trois ans d'études dans une autre ville, voire 5... C'est difficile de parler encore de nous.

- Tu ne voudrais pas... Essayer une relation à distance ? Je pourrais peut-être te rejoindre à un moment dans nos études. Tu sais je suis de Paris à la base, alors rester ici... Je m'en fiche.

- Noah... J'ai besoin de temps. J'ai besoin de me reconstruire ailleurs, tu comprends ? À part toi je n'ai plus d'amis ici. Ma famille est sur le point d'exploser encore une fois. Ma mère et moi... On ne parle plus à mon père, c'est dur. J'ai besoin de prendre du recul. Et envisager maintenant que tu me rejoignes dans quelques années... Je n'ai aucune réponse à te donner, je ne sais pas où j'irais, ce que je ferais, ou j'en serais dans ma vie.

- Je comprends.

Noah se met à pleurer. Je pleure aussi.
Parce que je l'aime. Mais je ne veux pas lui dire. Ça lui ferait encore plus de mal. Je pose ma tête sur son épaule et finis par lui prendre la main.
J'ai envie de l'embrasser encore une fois, de passer une dernière nuit avec lui mais ça ne ferait qu'augmenter notre souffrance.
Je finis par me lever, puis je lui dis au revoir avant de déposer un baiser sur son front.

Le soir même, je prépare ma valise. Je pars dès demain matin, l'avion décolle à 8 heures. C'est ma mère qui m'accompagne.
J'ai réussie mon bac, avec une moyenne de 11. Je sais que l'année prochaine, je pourrais reprendre mes études.
Mais j'ai besoin de temps, j'ai besoin de prendre le large pour un moment. Ma mère me soutient énormément. Quand à mon père, je ne lui ai même pas dis mais je suppose que ma mère l'a fait.
L'association que j'ai trouvé semble très bien. Nous avons fais quelques réunions, il y a plusieurs jeunes avec qui j'ai pu discuter un peu. Ça va me permettre de me sentir utile, d'aider les autres. Ça va surtout m'aider à arrêter l'alcool, les cigarettes, les soirées en boîte de nuit. Je vais me consacrer aux autres, faire quelque chose qui compte pour moi.

La veille de mon départ, ma mère m'aide à préparer ma valise. Elle est au bord des larmes, mais elle ne craque pas.
6 mois sans la voir. Avant, je pense que ça ne m'aurait fait ni chaud ni froid.
Aujourd'hui, même si nous n'avons pas retrouvé notre complicité d'avant, je sais qu'elle va me manquer. Je me sens coupable de la laisser seule ici avec mon père. Je me demande comment ce sera à mon retour, mais j'ai des doutes sur la solidité de leur mariage. Le secret de mon père est trop énorme pour être oublié ou pardonné.

Le lendemain, elle m'emmène à l'aéroport. Mon père n'est pas à la maison, mais de toute façon, je pense que je n'aurais même pas pris la peine de lui dire au revoir.

- Trisha, je suis vraiment fier de toi, me dit ma mère une fois à l'aéroport.

- Merci maman.

- Fait attention à toi, d'accord ? Et donne moi des nouvelles dès que tu peux.

- Promis. Et merci. Je sais que j'ai parfois été dur mais... Je ne voulais pas oublier Lise. Je n'y arriverais pas.

- Je sais. Personne ne l'oubliera. Cela n'a jamais été notre intention. Mais on doit apprendre à vivre avec. D'accord ? Réapprend à vivre Trisha. Pour elle et pour toi.

- D'accord.

- Je t'aime ma chérie.

J'ai envie de lui dire que moi aussi, je l'aime. Mais je n'y arrive pas. Je pars 6 mois, et lui dire je t'aime... Dans mon esprit, ça sonne comme des adieux. Comme si je n'allais jamais la retrouver ensuite. Mais je n'ai pas envie de ça. Je n'ai pas envie de lui dire adieu. Alors je me contente de la prendre dans mes bras.

Puis, je commence à m'éloigner, et quelques mètres plus loin, je m'arrête et la regarde. Elle me fixe et souris malgré ses larmes. Je lui rends son sourire et après un dernier signe de la main, je m'aventure vers l'avion qui va m'emmener à Madagascar.
Lorsque je monte dedans, j'ai le sourire aux lèvres malgré les larmes qui dévalent mes joues.
Ma mère va me manquer. Même si on a encore beaucoup de différents, je commence à prendre conscience de tout ce qu'elle a fait pour moi.
Noah aussi va me manquer, beaucoup. Je l'aime tellement. Mais je dois rompre tout contact avec lui. Je sais qu'il m'aime et je ne veux pas être un frein, je ne veux pas l'empêcher d'avancer. Accepter une relation d'au moins 6 mois à distance, pour éventuellement se retrouver à un moment de notre vie pendant nos études, et le forcer à me rejoindre plus tard peu importe où je serais... C'est égoïste. Et je ne veux plus être cette personne là. Aujourd'hui, je m'efforce de penser à moi et à mon bonheur mais aussi à celui des autres. Je suis convaincu que laisser partir Noah était le bon choix, même si ça nous déchire le cœur.

Lorsque je suis assise, je tiens fermement entre deux doigts le pendentif que je porte toujours. Celui de Lise n'a jamais été retrouvé, il doit être perdue en mer.
Mais peut importe : je garderais toujours le mien. Je penserais toujours à elle.

Je ne t'oublierais jamais Lise.

DisparueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant