Disparue

Chapitre 32

Trisha

- Et voilà pourquoi je suis de nouveau venue vous voir. Je ne voulais pas attendre deux semaines.

- Tu as bien fais de venir Trisha, me réponds ma psychologue.

J'ai décidé de prendre rendez-vous pour lui parler de Noah, ainsi que de mes sentiments. J'espérais qu'elle puisse m'aider à y voir plus clair.
Je lui ai également parlé de mes nouveaux amis, de mes nombreuses sorties. J'ai eu peur qu'elle me sermonne, mais pas du tout. Elle est vraiment compréhensive avec moi.

- J'ai l'impression de ne pas avancer. Je croyais aller mieux, vraiment. Mais je me rends compte que mon comportement n'est pas... Disons normal.

- Mais est ce que au fond de toi, tu vas vraiment bien ? Où tu essayes juste de te convaincre ? C'est ça qui est important. D'après ce que tu me dis, tu as des bons résultats, et tu sembles plus heureuse. Ce qu'il faut savoir, c'est si tu l'es vraiment, si ça te convient.

- Je n'en sais rien, c'est ça le problème.

- Je pense que tu ne l'es pas vraiment. Sinon, tu ne serais pas là devant moi, à me parler de Noah, tes nouveaux amis et ta relation compliqué avec tes parents.

- J'aimerais tellement redevenir comme avant. Mais j'ai pris goût à tout ça. Aux sorties, aux garçons.

- Tu vis avec la disparition de ta petite sœur, et tu as toujours une part de culpabilité. Ta façon d'affronter les choses est différente de celle de tes parents, ça rend les choses encore plus compliqué.

- Ouais. Mais comment je dois faire pour... J'en sais rien, être plus facile. Les choses devraient être simple : Noah est amoureux de moi, et je ressens quelque chose pour lui. Je suis censée me mettre avec lui, tout en bossant au lycée. Je suis censée rentrer tous les soirs de bonne humeur et discuter de ma journée avec mes parents.

- Si c'est ce que tu as envie de faire, fait le. Mais si tu n'en as pas envie, rien ne t'y oblige. Fais comme tu le sens. Mais réfléchis y. Ce n'est pas parce que tes parents voient les choses différemment que tu dois être en conflit avec eux. D'après ce que tu m'as dis, ta mère aimerait que tu te confies à elle. Tu as essayé ?

- Non. Je ne sais pas quoi lui dire.

- Quand Lise était encore là, tu avais un petit copain. Tu en parlais avec ta mère parfois ?

- Ouais, de temps en temps. Quand on se disputait, elle était toujours de bon conseil.

- Et tu n'as pas envie de retrouver votre complicité d'avant ?

- Peut être bien.

En faite, je ne sais vraiment pas. J'ai peur que rien ne puisse plus être comme avant, que notre complicité soit perdue à jamais. Mais quand j'explique ça à ma psychologue, elle rigole doucement et me dis qu'une mère sera toujours là pour sa fille malgré les épreuves.
Pourtant, après la disparition de Lise, ma mère -comme mon père d'ailleurs- n'a pas été présente pour moi. Elle restait dans sa chambre en pleurant, et je ne peux m'empêcher de me dire qu'elle pensait que tout était de ma faute. Aujourd'hui, je pense que je devrais en parler avec elle. Mais j'ai peur de ne pas y arriver. Et j'ai surtout peur des réponses qu'elle m'apportera.

Lorsque je sors de la salle, je me sens toujours aussi perdue. Parler avec elle m'aide un peu, je me sens un peu plus légère mais je ne sais toujours pas quoi faire.
Avant, j'aurais appelé Noah. Mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Alors j'essaye d'appeler Clémence, mais elle ne répond pas. Ensuite, je tente avec Mathias. Je ne suis pas vraiment proche de lui, mais il est peut-être avec Clem.
Seulement lui non plus ne décroche pas. Je soupire et finis par rentrer chez moi.

- Salut, je lance une fois à la maison.

- Bonjour Trisha. Tu peux mettre la table ? On ne va pas tarder à manger.

- OK.

Je ne dis pas un mot pendant que j'aide ma mère en cuisine. Je ne sais tout simplement pas quoi dire. Je ne lui ai pas dis que j'étais chez ma psychologue ce matin. Je n'avais pas envie qu'elle me pose des questions.

Pendant le repas, je tente de m'intéresser à leurs conversations, mais elle ne tourne qu'autour du travail. Le contrat de ma mère à la bibliothèque se termine bientôt et elle cherche de nouveau un travail.

- Et toi Trisha ? Ça va l'école ? Demande mon père.

Ça fait très longtemps qu'il ne c'est pas intéressé à moi, je suis surprise de sa question tout à coup. Mais je décide de lui répondre. Je lui dis que ça va, que mes notes sont pas trop mal.

- Je ne te l'ai pas dis, mais... Je suis fière de toi. Pour ton second bulletin. J'espère que le dernier sera aussi bien.

- Je ferais tout pour que ce soit le cas.

- Tu as commencé tes vœux pour l'année prochaine ?

- Oui, j'en ai mis quelques uns. Je ne suis sûre de rien.

Je suis encore très hésitante pour l'année suivante. J'hésite entre avocate, policière. Les études sont très différentes, les métiers aussi. Pour avocate, j'ai mis fac de droit dans mes vœux. J'ai aussi mis psychologie et biologie, si jamais je change d'avis ou si je ne suis pas accepté. Je verrais bien mes résultats dans quelques mois.

Dans l'après midi, j'ai enfin des nouvelles de Clémence.

- Désolée, j'étais occupé avec Mat. Tu voulais quoi ?

- Juste... Prendre des nouvelles. Vois avez prévue de sortir ce weekend ?

- Non. Ma mère est pas là alors on squatte l'appart.

- Ah cool.

- On a cas sortir le weekend prochain si tu veux. Où même dans la semaine. Mercredi soir, les boissons sont à moitié prix pour les moins de 25 ans dans notre boîte habituel. On y va ?

- Ouais, ok. Alors à mercredi.

Je ne suis pas sûre que ce soit très raisonnable de sortir mercredi. En plus, je commence à 8 heures le lendemain.
Mais en semaine, je suis presque sûre de ne pas croiser Noah. En plus, j'ai vraiment besoin de décompresser. Je me débrouillerai pour rattraper les cours.

Je passe le weekend à travailler et essayer de réfléchir à mon avenir. Même si nous ne sommes que début avril, la fin d'année va vite arriver. J'ai le bac dans moins de trois mois, et je dois absolument avoir la moyenne. Durant les vacances de Pâques, mes parents veulent partir quelques jours. Ils ne savent pas trop où, mais dans tous les cas, je resterais ici pour travailler au maximum. J'en profiterais aussi pour suivre le conseil de Noah. Je vais étudier toutes les annonces d'enfants disparus, pour essayer de comprendre ce qui a pu se passer, et si Lise était un cas isolé ou non. Si elle ne l'est pas, alors il y a peut-être d'autres témoins qui pourrait nous aider. En tout cas, je l'espère vraiment. J'avais abandonné toutes mes recherches, tout espoir. Je n'en ai plus jamais reparlé avec mes parents, je ne leur ai même pas montré les documents que j'ai récupéré à la gendarmerie.
Mais encore une fois, Noah m'a donné de bons conseils et m'a aidé à y voir un peu plus clair la dessus. Quand j'aurais fini de faire ses recherches, j'en aurais fini avec ça. Je serais fixé. Soit il y aura d'autres cas et donc d'autres témoins, soit ma sœur était un cas isolé, et donc c'était juste... Un accident, quelque chose qui ne se reproduira pas avec d'autres enfants. Et si c'est le cas, je vais malheureusement devoir apprendre à vivre avec ça, sans jamais trouver le coupable. J'ai épuisée toutes mes ressources et je ne vois pas ce que je peux faire de plus.