Trisha
Le mardi, je me sens mal et décide de manquer les cours de la matinée. Je me prépare tout de même pour sortir marcher un peu. Je décide d'aller m'asseoir sur un banc face à la mer. J'y arrive en une quinzaine de minutes.
Je m'assieds, ferme les yeux et respire profondément.- Ça fais du bien, hein ?
Je sursaute et ouvre de nouveau les yeux. Un garçon s'est assis à côté de moi. Il semble être un peu plus grand que moi. Je regarde ses beaux yeux noisettes, ses cheveux bruns, sa mâchoire carré...
- Tu pourrais arrêter de me dévisager comme ça ?
- Désolé, je dis avant de détourner le regard, gênée. Je ne t'ai pas vu arriver, tu m'as fais peur.
- Je suis Noah.
- Ok.
- Et... Toi, tu es ?
- Pas intéressé.
- Hé, détend toi. Je voulais juste te parler, c'est tout.
- Trisha, je dis après quelques secondes de blanc.
Je le dévisage quelques instants. Il n'a pas l'air méchant, et je dois avouer qu'il est pas mal. Malgré ça, je reste sur mes gardes. C'est un inconnu, et la plupart du temps, les mecs qui viennent aborder les filles en pleines rues ne sont pas remplis de bonnes intentions. Par réflexe, je pose ma main sur mon sac.
- Enchanté. Tu sais, je ne vais pas le prendre et m'enfuir en courant, dit il en jetant un coup d'oeil à mon sac. En faite, je suis nouveau ici. Je suis à la fac de droit, je viens d'emménager dans un logement pas loin d'ici. Et toi, tu es à la fac ?
- Non, en terminale. J'ai redoublé.
- Tu es toujours aussi froide ?
- Oui.
- Pourquoi ?
- Pourquoi il y aurait forcément une raison ?
- Il y a toujours une raison.
- Je n'ai pas envie de te parler. Je ne te connais pas, je vais pas te raconter ma vie. Et puis, qui vient s'asseoir à côté d'une personne pour faire sa connaissance dans la rue ? C'est trop bizarre. On est plus dans les années 80.
- Je dois être né à la mauvaise époque. Quoi, tu préfères me donner un de tes noms sur n'importe quels réseaux sociaux pour qu'on discute derrière un écran ? Aller, détend toi.
Me détendre... Je ne suis pas sûre d'avoir envie de lui parler.
D'un autre côté, j'ai perdue tous mes amis, et je dois avouer qu'il me plaît. En plus de son physique, il a l'air gentil. Mais je suis tellement triste en ce moment, et pas vraiment marrante.- Crois moi, tu n'as pas envie d'être mon ami en ce moment, je finis par dire. Je suis... Très triste, et prise par beaucoup de choses. Je n'ai pas la force d'avoir un ami et de faire semblant.
- Pourquoi tu devrais faire semblant ? Sois juste toi même. Si tu as envie d'être triste, soit triste. Ça ne t'empêche pas d'avoir des amis. Qui sait, ça va peut être même te redonner le sourire.
- Non, ça c'est pas possible.
- Alors dis moi. Qu'est ce qui pourrait te redonner le sourire ?
- Retrouver ma petite sœur. Enfin au moins, savoir ce qu'il lui est arrivé. Ça fait deux ans qu'elle a disparu.
- Je comprends.
- Arrête, non. Ne me dis pas que tu comprends alors que c'est faux. Personne ne peut comprendre.
- Mon frère est mort quand j'avais cinq ans. Il en avait douze. J'en ai très peu de souvenir. Mais je me souviens qu'à l'époque, mes parents ne m'avaient rien expliqué, sûrement pour me préserver. Ils m'ont simplement dit qu'il était parti, qu'il était au ciel. Quand je voyais mes parents pleurer, je ne comprenais pas. Je fixais souvent la porte d'entrée, en imaginant qu'il reviendrait, et qu'il me dirait "aller Noah, on va jouer au foot !". Au bout d'un an, j'ai compris qu'il ne reviendrais pas. C'est quand j'ai eu onze ans que mes parents m'ont expliqué qu'il avait une leucémie, d'abord à quatre ans, puis une récidive à onze ans.
- D'accord... Alors tu comprends peut-être ce que je vis. Un peu. Mais tu étais plus jeune. Et puis, tu as fini par savoir qu'il était mort. Moi, je n'en sais rien. Il y a très peu de chance pour qu'elle soit en vie, je le sais. Mais j'ai besoin de savoir qui lui a fais du mal, je veux que son corps soit retrouvé, je veux qu'elle ai un enterrement. Elle l'a mérité. Les flics ne cherchent plus, mais je ne compte pas abandonner. Si je veux aller mieux... Je déconne en ce moment, je fais tout foirer. Je ne pense qu'à elle, et si l'affaire ne se conclu pas, j'ai la sensation que je ne pourrais jamais aller mieux.
- Hé, tu viens de te confier à moi. Tu as déjà fais un pas en avant. Et... Tu peux aller mieux tu sais. C'est à toi de le choisir.
- Épargne moi ta moral. Tu peux me dire n'importe quoi, je retrouverais ma sœur.
- Tu fais tes recherches seule ?
- Oui. Ma mère ne va pas bien du tout, on n'arrive plus à communiquer. Mon père passe son temps au travail. Et je n'ai plus d'amis.
- Je peux t'aider si tu veux.
- Non.
- Pourquoi pas ? Tu as besoin d'aide.
- Je ne veux pas de ta pitié.
- Je n'ai pas pitié. Mais je sais ce que ça fait de perdre quelqu'un sans savoir où il est passé, sans comprendre. Et j'ai envie de voir ton sourire. Il irait très bien avec tes cheveux foncés et tes yeux bleus.
- C'est une teinture.
- Tu vas recommencer à me répondre par trois mots ?
- On dirait bien.
- Tu m'énerves. Mais il m'en faut plus pour laisser tomber. J'ai un truc à te proposer. Écrit moi, sur une lettre où un message, ce qu'il s'est passé lors de la disparition de ta sœur. Dis moi ce que tu sais, ce que tu aimerais découvrir. Et j'essayerais de t'aider au mieux. Et puis, ça pourrait te faire du bien de mettre ça par écrit.
- J'écris presque tous les jours dans mon journal. Mais... Pas sur ça. Pas sa disparition en détail. Je ne veux pas revenir là dessus.
- Elle... Elle était avec toi ?
- Laisse moi. S'il te plaît. Je ne veux pas en parler, d'accord ?
- Ok, ok. Écoute, je vais te laisser mon numéro. Et si tu as envie de m'appeler, de m'envoyer un message pour parler de n'importe quoi, n'hésite pas, ok ? Ça me ferait vraiment plaisir de... D'avoir une vie sociale.
Je sors mon téléphone de ma poche et tape le numéro de Noah. Il s'en va ensuite.
C'était bizarre. Il est bizarre. Pourquoi tient-il autant à m'aider ? On se connait à peine. Et malgré mes efforts pour être froide... J'avais envie de lui parler. De me confier. Je me sens... Presque mieux.Je le chasse de mon esprit et décide d'assister au cours de l'après midi.
VOUS LISEZ
Disparue
Teen FictionElle avait 16 ans quand ça c'est passé. Et ça n'allait pas. Aujourd'hui, elle en a 18. Et ça ne va toujours pas. Trisha enchaîne l'alcool, les boîtes, les séjours à la gendarmeries et entretient une mauvaise relation avec ses parents. Pourtant, derr...