Chapitre 3

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Avant

Est-ce réellement étonnant que j'aie protesté tout le long du trajet pour ne pas aller à cette soirée étudiante? Non. On s'y habitue et Naël n'a fait que de se moquer de moi en conduisant. La nuit venait à peine de se coucher sur le campus et nous roulions le long des maisons de sororités et fraternités, en direction de l'adresse donnée un peu plus tôt par Alison.

- Vous avez l'air de beaucoup discuter... J'ai constaté en remontant les messages du téléphone du blond alors que j'étais censé uniquement lui indiquer la route.

- Eh! Il me l'a pris des mains. C'est privé d'accord?

- Depuis quand t'as une vie privée? Tu tweet quand tu vas aux toilettes.

Il s'est mis à rire en regardant rapidement son application pour ne pas se perdre. Les maisons se ressemblaient globalement toutes ici. Je ne me baladais jamais dans ces coins là, ça ne faisait que de renforcer mon sentiment d'injuste face aux logements que ces étudiants occupaient, en comparaison aux microscopiques appartements que Naël et moi avions dans une résidence sans isolation.

- Je ne veux pas que tu te fasses de fausses idées sur Alison et moi.

- Parce qu'il y a un Alison et toi?

Il a levé les yeux au ciel en freinant progressivement. Trois jeunes filles traversaient la route ce qui lui a donné le temps de tourner la tête vers moi.

- Non. Justement. Nous sommes juste amis et elle a vraiment besoin de ça. Oscar n'est pas beaucoup là pour elle.

Je m'étais dit que ce n'était pas une bonne idée de parler des occupations quelque peu particulières du bouclé à Naël alors qu'il était proche de Alison. Il lui aurait évidemment dit et ça aurait causé une énorme pagaille. Je ne savais rien de leur couple. Peut-être que leur union est libre et qu'ils ne se disent pas ce qu'ils font chacun de leur côté. Je ne voudrais que Alison se braque et prenne ça comme un jugement de valeur. Et puis je me sens trop mal placé pour lui avouer ce que Oscar devrait assumer. Je ne voulais pas risque mon amitié -bien qu'elle soit jeune- pour de telles broutilles qui ne me concernaient pas. Ce n'étaient pas mes affaires et encore moins celles de mon meilleur ami.

Nous avons repris la route jusqu'à ce que nous trouvions enfin une place entre tous les 4x4 et les voitures de sport des bourgeois. Bernard semblait vraiment ridicule et ça nous a fait rire en le regardant de l'extérieur. Au moins, personne n'allait essayer de nous le voler.

Nous avons ensuite remonté la rue en se moquant des gens qui stagnaient déjà avec des gobelets vides dans les mains sur les trottoirs ou les différentes pelouses qui se couvraient progressivement de feuilles d'automne. Les gens peuvent réellement être ridicule pour se faire remarquer, c'est hallucinant.

- Je croyais que ce truc de fraternité Alpha ce n'était que dans les films pour adolescents. Naël commente en levant la tête lorsque nous sommes arrivés au pied de la bonne maison. Elle était réellement gigantesque, trop blanche et trop luxueuse.

- Bienvenu dans l'enfer de la testostérone et de la stupidité.

- Quel rabat-joie.

Il m'a donné un coup dans l'épaule en passant devant moi pour entrer à l'intérieur. La musique n'était pas aussi forte que je l'imaginais cependant l'alcool était déjà dans tous les verres. C'était bien la première vraie soirée étudiante que je faisais et ce n'était pas vraiment un endroit où je me sentais confortable. Dans le salon principal quelques jeux avaient déjà commencé mais je n'ai même pas eu le temps de m'intéresser à un en particulier qu'une main s'est posée sur mon bras.

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