COLORFUL

Chapitre 38

Avant

Yliess est devenu en très peu de temps la personne avec qui je sortais le plus. Jamais dans le jugement, il ne cherchait pas à me faire changer et répondait à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. On écoutait de la musique, on jouait à des jeux vidéo, on fumait ensemble régulièrement. Hans m'avait gardé pour Liam et a promis de me trouver d'autres personnes avec qui collaborer au plus vite. Les choses auraient pu être bien pire si je n'avais pas rencontré ce garçon.

Nous étions étalés sur le canapé, devant ma télé lorsque Oscar est rentré du travail. Il avait repris l'habitude de passer du temps chez moi. Pour une fois ce soir il voulait qu'on dorme ensemble donc j'ai fait écourter un peu plus tôt la petite soirée qui s'était improvisée avec des amis de Yliess. Nous n'étions plus que ce dernier et moi. Les bières, les chips et les autres alcools trainaient absolument partout, on s'était amusés n'importe comment. C'était un vrai foutoir, il était près de 4h00 du matin, j'étais aussi défoncé que je pouvais l'être et c'est pour ça que je n'ai ni fait attention au rangement, ni à l'heure. Le souffle exagéré du garçon que j'aimais m'a fait relever lentement la tête de l'écran.

-         Oh. Tu es là.

Yliess a fait le même mouvement que moi pour regarder Oscar. Ce dernier était clairement épuisé de sa soirée de boulot, mais ça ne l'a pas empêché de trouver la force de prendre un sac poubelle pour commencer le grand ménage. Yliess s'est levé d'un bon.

-         Bon, bah, c'est l'heure pour moi. Bonne nuit les gars.

-         Rentre bien. J'ai répondu enthousiaste.

Oscar a à peine lever un sourcil. Je savais que mon nouvel ami attendait l'arrivée d'Oscar pour ne pas me laisser seul mais j'ai cru discerner une certaine tension entre eux, bien particulière. Complètement au ralenti, j'ai regardé Oscar plusieurs minutes, la tête contre le coussin du canapé. Une épave, complètement à côté de ses pompes. J'ai fini par me dire qu'on devait aller se coucher quand même. J'ai éteint la télé qui tournait toujours dans le vide et je me suis posté devant le plus bel homme que je connaisse.

-         On va dormir?

-         Vas-y, je fini. Son ton était sec.

J'ai essayé de l'aider mais c'était beaucoup trop d'effort pour mon état. A la place, j'ai pris de ses mains son sac poubelle et je l'ai caché derrière mon dos. Mon sourire était niais et mes yeux bien plus plissés qu'à l'habitude; quant à lui, il avait une petite ride entre les sourcils à force de les froncer.

-         Rends-moi ce sac. J'aimerai finir rapidement, je suis crevé.

-         Je le ferai demain, viens honey, t'es encore plus fatigué que moi.

Il a arrêté d'essayer de me le prendre des mains pour juste me regarder. Si le contexte avait été différent, je pense qu'il m'aurait embrassé pour ce surnom. A la place, il a à nouveau soupiré en lâchant l'affaire. Il m'a fait un signe de la tête pour que je monte, ce que je n'ai absolument pas hésité à faire. Lui est resté un peu en bas mais pas longtemps, ça m'a à peine laissé le temps de retrouver le joint qui m'attendait sur ma table de chevet. Ses pas ont résonné dans l'escalier, quand il est arrivé à la dernière marche il s'est arrêté net.

-         Eteins ça s'il te plaît.

-         Roh, c'est qu'un joint, ça ne va pas me faire de mal.

-         Ça me rend triste de te voir comme ça.

Oh. J'ai baissé les yeux vers mes doigts qui le tenaient encore. Est-ce que ce n'était pas un peu trop facile d'essayer de me prendre par les sentiments? Et puis quel message il essayait de me faire passer? Plus j'y pensais et plus je me renfrognais.