COLORFUL

Chapitre 8

Maintenant

La nuit est froide à la maison. Eléa est allée voir sa famille pour les fêtes et maintenant que ma mère n'est plus là, mes sœurs font Noël un peu à droite, à gauche. On doit se retrouver le 28 à Doncaster. Un vieux film passe à la télévision mais je ne le regarde qu'à moitié, les jambes étalées sur le canapé, sous un plaid. La lumière du sapin éclaire le salon pour une ambiance aussi calme que douce et pourtant, malgré la chaleur du feu, je ne me suis jamais sentie aussi inconfortable dans ma propre maison. La neige tombe lentement à l'extérieur, il fait trop nuit pour que je la vois clairement, ce n'est qu'un blizzard.

Autant dehors que dedans.

Bruce, mon chien, est allongé à l'autre bout du canapé. Il dort, comme souvent lorsque je m'installe ici. Je décide de pousser l'ordinateur de mes cuisses à la table basse pour pouvoir le caresser. Nous sommes le soir du 24 décembre. Je devrais être en train de faire la fête pour mon anniversaire et le réveillon ou au moins manger un bon repas, mais il faut croire que la célébrité ne suffit pas pour éviter la solitude.

Je pourrais ouvrir les réseaux sociaux, lire des messages des fans ou même de mes amis, mais ce n'est pas d'une compagnie virtuelle dont j'ai besoin tout de suite.

Dans une pulsion de mélancolie je saisis mon téléphone et je compose le numéro d' Oscar que je connais toujours sur le bout des doigts.

J'apporte le combiné à mon oreille en me mordant l'ongle du pouce.

Bip

Il doit être chez Anne, sa mère. Elle a toujours incroyablement insisté pour qu'il soit au moins là aux fêtes.

Bip

S'il accepte de me voir je traverserais l'Angleterre pour lui, maintenant, même si la météo est désastreuse, même si ce n'est que pour deux minutes.

Bip

Merde. Il ne répondra pas. Je suis trop con. Pourquoi je l'appelle? Il est occupé, c'est la veille de Noël. Il n'a pas envie de m'adresser la parole. Il ne veut plus entendre parler de moi.

Bip

On s'est vu il y a trois semaines au Jungle Ball. Aucun de nous deux n'était prêt pour ça. Initialement on s'était mis d'accord pour ne plus jamais se revoir. On s'est fait trop de mal. Il n'a pas besoin de moi. Je dois raccrocher parce que s'il décroche -

Bi-

Avant

Comme tous les ans à Noël, c'était le grand bazar. Mes sœurs ont passé leur temps à me coller et à me crier dans les oreilles comme si c'était le concours de celle qui me ferait perdre patience en première et ma mère n'a pas arrêté de me tirer les joues parce que je ne l'avais pas vu depuis 4 mois. Les repas à rallonge m'ont rempli le ventre pour au moins trois semaines mais jamais je ne pourrais me lasser de l'odeur de la cuisine de ma maman parce qu'elle avait ce don incroyable de transformer n'importe quel aliment en plat somptueux. J'aurai aimé qu'elle m'apprenne ce genre de magie dont elle avait le secret. C'était du bon temps, agréable et chaleureux mais j'étais content de retourner dans le calme de mon appartement le soir du 27 décembre. J'ai à peine eu le temps d'envoyer un message à Naël avant que les bras de Morphée ne m'accueillent.

A: Naël

moi revenu = à demain

La porte s'est ouverte à la volée dans un bruit fracassant qui m'a tiré de mes rêves instantanément, au beau milieu de la nuit.