Chapitre 46

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Avant

Des départs en avion comme ça, j'aurai aimé dire que c'est le seul qui nous a séparé.

Au cours des deux semaines nous nous sommes faits régulièrement des messages. Tout se passait parfaitement bien pour lui, il était heureux, rencontrait tout un tas de nouvelles personnes qui l'appréciait pour ce qu'il faisait. J'étais obligé de m'en réjouir, évidemment, peu importe à quel point retrouver un lit froid chaque soir était pénible. Parfois on s'appelait, mais jamais trop longtemps puisqu'il était occupé. Quand je me couchais il dormait depuis longtemps, lorsque je prenais ma pause le midi il était en pleine fin de journée, c'était très difficile de s'accorder avec le décalage horaire. Et puis parfois on se fâchait pour des broutilles.

-         Isaac, tu devais m'appeler il y a une heure, je suis claqué moi.

-         Je sais, j'étais dans les bouchons, je captais pas.

-         Pourquoi tu prends pas le métro, comme tout le monde? Je te répète tout le temps de-

-         Oscar, on s'en fou, comment tu vas?

-         J'ai pas le temps là, j'ai un dîner important. On se rappelle demain?

-         Hm.

-         Tu fais la gueule?

-         J'aime pas quand tu me parles comme ça.

-         Je dois me dépêcher là, il faut qu'on respecte les horaires l'un de l'autre. Je suis désolé ok? J'ai beaucoup de pression, on reparle demain, je t'aime.

Je n'étais pas là pour des moments très importants de sa vie, il gérait tout tout seul donc je me suis dit que c'était normal qu'il soit autant sur les nerfs. Je laissais couler ce genre de petites disputes. Parfois c'était dans l'autre sens, comme quand il oubliait qu'à l'heure où il se levait j'étais au beau milieu de ma nuit. Une fois ou deux ça ne pose pas de problème mais à force mon sommeil en prenait un coup et mon humeur allait avec.

-         Tu peux pas faire au moins cet effort Oscar?

-         Roh, ça va, ça me sort de la tête.

-         Ça te sort tout le temps de la tête, ça commence à sacrément me-

-         Si c'est pour que tu sois ronchon comme ça je te laisse dormir, hein.

-         Ok. Je t'aime. A plus.

Si seulement après l'enregistrement de l'album ça s'était arrêté là.

Simon a eu la bonne idée de vouloir faire faire un clip à Oscar. Il était reparti pour une semaine, cette fois au Japon, ce qui en termes de décalage horaire était catastrophique. Puis mon tendre amant est revenu pour quelques jours et il s'est envolé ensuite pour la Norvège dans le but de tourner un second clip. C'était stupide, les vidéos étaient toutes enregistrées en intérieur. Le management avait toujours une bonne excuse pour qu'il parte loin. Après ça la promotion de l'EP a commencé, il a dû faire des émissions télé et radio, des représentations, des apparitions à droite à gauche. Sa notoriété commençait à grimper et l'argent que ça amassait plaisait suffisamment à la maison de disque pour continuer à le balader partout.

La règle des deux semaines a été beaucoup plus utiles qu'on ne l'imaginait. Lorsqu'on se retrouvait tout était parfait, à chaque fois, comme si rien ne s'était passé entre temps. Aucun mot dur ne comptait, il ne restait plus que nous. On cuisinait ensemble, on riait beaucoup, on s'offrait toute l'affection qui nous avait manqué. Je retrouvais le Oscar que j'avais épousé, celui que j'avais rencontré à la fac. Dès qu'il allait à Londres il me parlait du Cloud91, de sa mère, de Naël qu'il croisait en ville.

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