Avant
Le lendemain, un peu avant 4.00 pm, j'ai pris le bus 28 pour retourner chez Oscar. Je voulais juste m'assurer que Oscar aille de mieux en mieux et non de pire en pire. Lui qui craignait l'abandon, il devait comprendre qu'il n'était pas seul. Je repensais à cette discussion que nous avions eu sur les démons dans ma tête et j'avais cru comprendre que les siens n'étaient pas de petits joueurs. Je n'allais pas les laisser faire.
Une relation entre nous n'était clairement pas envisageable, une amitié peut-être mais difficilement. Et puis je me sentais toujours aussi coupable de ce qui était arrivé, bien que ce n'était pas entièrement ma faute. J'ai donc parcouru la ville avec quelque chose dans les mains en espérant tomber à nouveau sur Anne plutôt que sur Oscar directement.
Une fois devant la porte, j'ai pris une grande inspiration pour rassembler tout mon courage et toquer. A peine quelques secondes plus tard je me retrouve devant cette incroyablement souriante jeune femme, qui semblait aussi surprise qu'heureuse de me voir.
- Isaac, je peux t'aider?
J'étais content qu'elle ait retenu mon prénom.
- Bonjour madame Lovell. Excusez-moi de vous déranger, je suis juste venue apporter ça pour Oscar.
J'ai tendu la main vers elle pour lui donner un DVD sur lequel était posé un post-il. C'était Retour vers le futur 2 et j'avais ajouté au feutre sur le bout de papier "J'espère sincèrement qu'il te fera rire autant que moi".
- Tu es sûr que tu ne veux pas entrer?
- Ça va, merci.
Je lui ai rendu son sourire et on s'est souhaité une bonne fin de journée. Oscar méritait de retrouver son rire.
Et j'y suis retourné le lendemain, cette fois j'ai donné à Anne un paquet de cartes avec pour note "J'ai pris pas mal de niveau au blackjack (enfin je crois) & je me suis dit que tu ne devrais pas rester sur la touche". J'avais espoir que ça l'occupe un peu avec de bons souvenirs.
- Si je vous dérange je peux aussi poser ça dans la boîte aux lettres. Je voulais juste être sûr qu'il puisse les avoir.
- Tu peux sonner autant que tu veux Isaac, je suis très reconnaissante pour ce que tu fais.
Ces quelques mots m'ont fait espérer que quelque part ça aidait Oscar.
Le jour d'après j'ai amené un sachet avec quelques kiwis et du pamplemousse. "J'ai essayé de reproduire ton cocktail du premier vrai soir mais mon mélange m'a donné la gerbe, en attendant c'est toujours bon les fruits crus". Il fallait qu'il reprenne des forces et des vitamines.
Ensuite ce fut une carte postale de la maigre boutique de souvenirs du Cloud91. "Aujourd'hui j'étais perdu sur un radeau au milieu d'un océan calme. Je préfère quand même être perdu dans du bleu avec toi ". Je me disais que peut-être, ce lieu lui manquait et qu'il se demandait ce qu'il avait loupé ce jour-là puisque le décor changeait quotidiennement.
Puis la fois suivante, j'ai donné à Anne le livre "Lettres à Yves" de Pierre Bergé. C'était une compilation de lettres que Pierre a écrit à son grand amour, Yves Saint Laurent, pendant un an, après sa mort. "Tu l'as sans doute déjà lu donc j'ai surligné mes passages préférés en me demandant lesquels étaient les tiens". J'espérais qu'il se plonge (à nouveau?) dans ces mots aussi durs que bourrés d'amour.
Le sixième jour Anne a ouvert la porte avant que je n'aie eu le temps de toquer. J'étais toujours ponctuel.
- Tu veux prendre un thé?

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Romance«Fais-le Oscar, ouvre ce message. Non. Ne fais rien. Tu le regretteras. Mais es-tu capable de l'effacer au moins, cette fichue notification? Ou tu vas la laisser traîner encore des plombes, jusqu'à ce que tu en sois complètement dingue?» Après des...