Avant
Oscar s'est reculé au bout de quelques secondes. Ni lui ni moi ne comprenions ce qui venait de se passer et encore moins tout ce que ça signifiait l'un pour l'autre. Mes bras sont revenus le long de mon corps, on se regardait du coin de l'œil, timidement. Est-ce que je devais dire quelque chose? Dans tous les cas, la colère que je ressentais précédemment s'était complètement évaporée.
- Ne redis plus jamais ça.
- Quoi?
Complètement à l'ouest, j'avais totalement oublié la discussion précédente. Il s'est gratté nerveusement la nuque et a fait un pas en arrière. Oh, oui. Je lui avais dit qu'il ne m'aimait pas. Non. Stop. Je nage en plein rêve, j'ai dû confondre. Mais son attitude bien plus réservée m'a rapidement fait comprendre que je n'avais pas tort. J'ai cherché ses mains pour les amener à mes lèvres, prêt à lui répondre jusqu'à ce qu'il me coupe dans mon élan, les sourcils froncés.
- Embrasse-moi moi non. Ça tu pouvais le faire avant.
C'était définitif, j'étais complètement dingue du Oscar que je découvrais. J'ai d'ailleurs fini par découvrir bien des facettes de lui après ça. Il y avait le collant au matin qui ne voulait pas se détacher de moi et sortir du lit, celui qui prépare le dîner quand que je ne suis pas là, celui qui s'installe chez moi et laisse ses affaires dans ma penderie. Je l'adorais. On ne parlait pas forcément de nos sentiments mais on se les montrait tous les jours. Notre complicité était notre clé maîtresse, pour rien au monde je ne l'aurai échangé. Plus de barrière, plus de retenue contre notre volonté, nous étions libres. Le temps passait pour nous offrir les opportunités d'oser aller vers l'autre, de s'apprivoiser. C'est important de se laisser du temps pour franchir les petites étapes de la vie. Au bout d'une bonne semaine à vivre l'un avec l'autre sans avoir à aller au travail nous avons rediscuté de ma consommation de joint et de cigarette, calmement, sous la couette pendant que ses doigts parcouraient mon bras.
- Je suis vraiment inquiet, tu sais?
- Je sais. Je vais essayer de ralentir, d'accord? Je... Je vais commencer par moins voir Yliess. Le problème avec lui, c'est que je ne sais pas lui dire non.
Je ne pensais pas que lui confier ça aurait une réelle conséquence.
Je crois que c'était le lendemain, ou peut-être le jour suivant ; pendant toute la matinée, un artiste quelconque avec des idées affreusement banales à mourir me racontait ce qu'il avait fait la veille pour m'inspirer ou quelque chose du genre. Ce qui est sûr c'est que je n'avais qu'une hâte: sortir. Je finissais aux alentours de midi. Comme à mon habitude dès que l'heure a sonné j'ai salué un peu tout le monde et j'ai descendu les nombreux étages par l'ascenseur. Ce qui changeait cette fois, c'était le monde qui parlait fort et se précipitait vers l'extérieur comme s'il y avait eu un ravisseur prêt à tous nous exécuter dans le hall. Ça m'a fait carrément flipper et évidemment, j'ai suivi le mouvement.
- Qu'est-ce qui se passe?
J'étais en panique. Une femme que je devinais être secrétaire au vu de son uniforme se mettait sur la pointe des pieds pour voir au-dessus de l'attroupement qui s'est arrêté sur la place à l'extérieur.
- Deux hommes sont en train de se battre, roh, je vois rien. Attends, c'est le petit jeune qui nous enfume les locaux ça!
Yliess. J'ai poussé les gens sur mon passage pour aller aider mon ami. Tous ces personnes à la curiosité malsaine me donnaient envie de vomir. Sérieusement, si vous ne séparez pas les personnes dans une bagarre vous pouvez partir, vous n'êtes pas invité à vous rincer l'œil. Dans ma traversée, je leur disais à tous de dégager, qu'ils n'avaient rien à faire là, mes nerfs ont pris le devant sur ma timidité. J'avais horreur de ces comportements, surtout qu'ils n'aidaient pas, ils encourageaient. Si je me fiais aux bruits, je pouvais amplement comprendre que les coups s'enchainaient. Quelqu'un a craché au sol ce que je devinais être du sang, et une insulte à fusée. Mes mains ont écarté les deux dernières personnes qui me séparaient de mon ami. Celui-ci était effectivement au sol, bien amoché.

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Romansa«Fais-le Oscar, ouvre ce message. Non. Ne fais rien. Tu le regretteras. Mais es-tu capable de l'effacer au moins, cette fichue notification? Ou tu vas la laisser traîner encore des plombes, jusqu'à ce que tu en sois complètement dingue?» Après des...