Chapitre 42

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Avant

Ce contrat était de l'or au bout de nos doigts. J'ai rencontré un tas d'artistes, créé des centaines de musiques. Simon avait raison, il ne m'a pas lâché d'une semelle. A peine un contrat était terminé qu'un autre arrivait le lendemain. J'ai travaillé avec des Dj, des rappeurs, des pop star. Mon carnet d'adresse aurait carrément pu devenir un annuaire entier en quelques mois. Aux yeux du label j'étais une machine à tube qu'il fallait absolument exploiter jusqu'à la dernière note.

J'ai arrêté une nouvelle fois les cours, avec Oscar on a fait le tour du monde en suivant tous mes collaborateurs. Plus dingue encore, j'ai chanté, en public. J'ai fait des featurings avec d'autres personnes bien plus connues que moi, je venais chanter sur scène de temps à autre lors de représentations. En moins d'un an j'ai pu faire partie de ces gens certifiés sur les réseaux sociaux, j'ai pu gagner plus d'argent que ma mère dans presque toute sa vie jusque-là, et on citait mon nom parmi les personnes les plus prometteuses de la nouvelle génération. Il n'y a pas un jour où je ne m'amusais pas. Le meilleur dans tout ça c'est que Oscar m'a suivi partout, on est restés ensemble de A à Z. Il me regardait, m'encourageait, on dansait ensemble. Je sais que les gens parlaient beaucoup de nous. Je n'avais pas le droit de parler de ma sexualité ou de ma vie amoureuse en public mais puisque je ne faisais pas d'interview ou de chose qui s'en apparentait ça ne me posait pas de problème. Je devais juste ne pas avoir l'air en couple. Oh. Et j'oubliais. Puisque les Etats-Unis étaient le pays phare en termes de promotion musicale et que nous sommes tombés amoureux de l'activité de la ville, Oscar et moi nous sommes installés ensemble à New York. On avait de quoi retourner à Londres quand on le désirait, ça faisait près de deux ans qu'on se connaissait et dans notre élan nous n'avons pas eu peur de sauter le pas. La vie était aussi rose que dans la chanson d'Edith Piaf.

Un jour où je m'occupais des derniers arrangements pour une musique destinée à la chanteuse mondialement connue Aria Ground, Simon a toqué à ma porte.

-         Isaac, je peux te voir dans mon bureau une minute?

-         J'arrive tout de suite.

J'ai lâché la souris de l'ordinateur que j'avais volé à l'ingénieur du son pour lui proposer une alternative à l'instrumentale qu'il avait travaillé. Une fois le studio quitté et j'ai suivi Simon sans me poser de questions. Je le voyais régulièrement dans son bureau, ça ne me faisait pas peur. Il venait souvent à New York et il insistait pour qu'on discute à chaque fois. Je me suis laissé tomber dans le fauteuil en face du sien et il a posé ses avant-bras sur le bureau pour me parler avec bien moins de légèreté que d'habitude.

-         Tu te plais chez nous?

-         Bien-sûr. Vous êtes la meilleure chose qui soit arrivé dans ma vie, avec Oscar évidemment.

-         Justement. Tu es la meilleure chose qui nous soit arrivé récemment aussi, mais il y a Oscar.

J'ai froncé automatiquement les sourcils.

-         Qu'est-ce que vous voulez dire?

-         Il est très talentueux, c'est certain. Très rock, très je m-en-foutiste. Tu te souviens quand je t'ai dit que je pourrais peut-être faire quelque chose pour lui?

-         Bien-sûr.

L'espoir que ce soit enfin son tour me remplissait d'une joie indescriptible.

-         Tu vois, le problème c'est que... Arf. C'est aux managers de te dire ça et je suis sincèrement gêné de le faire mais je dois t'expliquer. Dans le show-business, deux personnes solo qui démarrent de rien ne deviennent pas connues ensemble. Les célébrités sortent ensemble entre elles, ou elles restent célibataires. Si on pense à ton image, actuellement tu ressembles à un petit jeune qui a trop faim dans un monde de piranhas. Tout le monde attend que tu te plantes et que tu disparaisses.

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