COLORFUL

Chapitre 12

Avant

En début d'après-midi, pendant que je discutais par messages avec Luke, quelqu'un s'est mis à taper contre ma porte, ce qui n'était finalement pas si nécessaire puisque la personne est entrée sans attendre mon autorisation. Il faut vraiment que je pense à verrouiller.

- A l'aide Isaac.

Décidément, je vais finir par croire que je suis un super-héros. J'ai relevé la tête vers Alison qui s'est étalée sur le canapé, sur le ventre, en enfouissant sa tête contre le coussin. Théo et Oscar étaient partis en fin de matinée et c'était encore un peu le bazar, à mon grand désespoir.

- Qu'est-ce qui t'arrive?

J'ai posé mon téléphone à côté de moi, j'étais déjà installé dans la même position qu'elle mais sur mon lit. Alison ne venait pas très souvent dans mon appartement, habituellement elle privilégiait celui de Naël puisqu'elle était plus proche de lui. Si elle était là, dans un état aussi déprimé, c'est que ça devait être vraiment important.

- Tu sais que je n'aime pas t'embêter avec mes histoires de cœur, mais Naël dort depuis 8h00 ce matin et je n'ose pas le réveiller...

- Ali, tu sais que tu peux tout me dire, je suis ton ami aussi.

Elle a expiré longuement et s'est assise pour me regarder. Elle avait l'air dévastée.

- Je sais que je ne suis pas sa mère, que je ne peux rien lui imposer, ni de m'écrire ni de me parler mais Oscar il... C'est simple, je ne sais jamais où il est et ça me rend folle. Au début de notre relation je trouvais ça super hot, son mystère me plaisait mais plus on avance et plus j'ai l'impression qu'il... Je ne sais pas, peut-être qu'il m'évite?

Je l'ai écouté avec attention mais je n'arrivais pas à comprendre. Oscar était avec moi hier, pourquoi s'inquiéter?

- A quand remonte son dernier message?

- C'était... Hier matin.

Je me suis levé pour faire chauffer de l'eau. Hier matin? Pourtant c'est à ce moment-là qu'il m'a proposé d'aller voir les étoiles au Cloud. J'ai feint de ne rien savoir sur ce qu'il avait fait la veille en fouillant dans mes thés.

- Il travaille non?

- Heureusement! S'il n'était pas au magasin je ne le verrais jamais. Il a des horaires fixes là-bas et ce sont bien les seuls moments où je sais ce qu'il fait.

Et la maison de retraite? J'ai froncé les sourcils, dos à elle, en cherchant comment amener le sujet.

- Il ne bosse que là-bas?

- Oh, non, il a aussi son travail de surveillance mais je ne sais même pas où c'est, il ne m'en parle jamais. Je crois que c'est dans un établissement privé attends, qu'est-ce qu'il m'avait dit... Ah ouais! C'est un truc hyper régulé et il n'a même pas le droit de faire de pause à l'extérieur.

Je n'arrivais pas à croire qu'il lui ait mentit de bout en bout. Il était en pause lorsqu'il m'a trouvé en train de me battre et on a passé la soirée tous les deux là-bas. J'ai dû prendre sur moi pour me retourner et lui faire face sans lui dire toute la vérité. Ce n'était pas à moi de lui faire comprendre toute la vérité, c'était à Oscar d'assumer.

- Mais vous vous aimez, ça se voit alors ça doit n'être qu'une question de... période?

Elle a levé la tête vers moi, les yeux brillants d'espoirs.