Chapitre 10

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Avant

Nous avions décidé de passer le nouvel an à l'Erobar, grâce à la scène ouverte et son concours de musique. Avant d'y aller, Alison a fait les cent pas dans l'appartement de Naël en regardant son téléphone.

- Aaaaarg, mais où est-ce qu'il est encore?

- Il ne devrait pas tarder. Na' essayait de la rassurer. Il n'est que 18h30, le concours commence dans 30 minutes et le temps que vous passiez...

- Il m'avait dit qu'il viendrait ici mais il ne répond plus depuis hier!

Elle était totalement en panique. Encore une fois je me demandais si quelque part, elle ne savait pas pour ses infidélités, si elle ne le soupçonnait pas d'être en ce moment même avec une autre et qu'il ait perdu la notion du temps.

- Il n'est pas au magasin? J'ai tenté.

Peut-être qu'il travaillait juste? Je ne savais pas pourquoi j'avais tendance à le diaboliser comme ça.

- Non, Anne a des stagiaires en ce moment, l'affaire roule.

J'ai plissé les yeux un instant pour me rappeler qui était Anne. Mais oui, la mère de Oscar, la proprio. Je me suis levé du lit où j'étais installé.

- J'vais faire un tour, on se retrouve au bar.

- Ça va aller Ali', il va-

- On devait répéter une dernière fois!

Ils ne m'écoutaient pas. C'était un peu vexant mais je préférais partir discrètement que d'avoir une multitude de questions. Je n'allais pas "faire un tour" en allant nul part. Un truc au fond de moi me disait que je devais trouver Oscar, que peut-être il n'allait pas bien pour un facteur qui m'était inconnu et que s'il ne venait pas à la soirée, il le regretterait pour trois raisons:

Premièrement, Alison, même si c'est un amour avec lui, lui en voudra très longtemps.

Deuxièmement, ils seraient disqualifiés du concours alors qu'ils ont réellement leur chance.

Dernièrement, c'est le nouvel an. Et personne ne veut être seul pour le nouvel an. Pas même Oscar.

Le temps pressait, je n'avais pas la possibilité d'hésiter longtemps, ni même de déambuler dans les rues de Londres pour le croiser au hasard. J'ai pris le bus jusqu'au Cloud91 parce que c'est dans cet endroit que j'avais retrouvé le bouclé la dernière fois qu'il allait mal. Au fond, j'espérais qu'il ne soit pas là, que je me trompe depuis le début et que tout va pour le mieux. C'était assez irréfléchie mais je ne voyais pas d'autre solution à exploiter. Lorsque je me suis engouffré à l'intérieur du bâtiment, sa douce chaleur et son odeur m'ont embaumé d'une manière si rassurante, que je n'avais même pas fait attention au dénommé Pa' qui s'était levé.

- Bonsoir! Votre dernière visite vous a plu?

Il était heureux. Je me suis avancé vers le comptoir, beaucoup plus assuré que la première fois.

- Bonsoir. Oui, c'était génial. Je pourrais reprendre un ticket?

- Ce n'est pas moi qui vais vous en empêcher! Sa bonne humeur ne le quittait pas pendant qu'il essayait de taper sur le petit clavier de sa vieille machine. Pourquoi ça imprime p- ah! Voilà!

J'ai payé et pris le billet qu'il me donnait en le remerciant puis j'ai grimpé les marches quatre à quatre, traversé la pièce blanche puis la noire, grimpé le second escalier avant d'arriver enfin à la bleue. En poussant le rideau, j'ai plissé les yeux à cause de la lumière. Nous n'étions plus au-dessus des nuages, perdus entre eux mais sur le toit d'un immense immeuble. La ville était très basse et le ciel toujours dans ces nuances blanches et bleutées. Les paysages changeaient? Mais ce n'était pas ça qui devait m'importer pour le moment. Mes pas me guidaient lentement vers le centre de la pièce pour voir si Oscar était allongé quelque part mais ce n'était pas le cas.

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