COLORFUL

Chapitre 36

Avant

J'ai essayé de faire le petit déjeuné après mon réveil. Oscar dormait toujours, j'étais seul face à ma cuisine et c'était définitivement une mauvaise idée. Comment peut-on faire cramer des œufs au plat? Aucune idée mais j'ai réussi. J'ai allumé l'aération pour éviter que tout l'appartement sente cette odeur affreuse et je me suis concentré plutôt sur une salade de fruits. Pommes, oranges, poires, kiwi. Tout était trouvable au bas de l'immeuble, en plus je me suis à peine coupé en épluchant les fruits. Je sentais en moi naître l'âme d'un grand chef. Le temps tournait, Oscar dormait toujours longtemps. Je ne connaissais pas ses horaires de travail mais j'ai préféré le laisser se reposer encore. En l'attendant, j'ai bu un grand verre de jus, les fesses posées sur le canapé. Penché sur mon ordinateur installé sur mes cuisses je cherchais un clavier pas trop cher. Tout ne se joue pas à la guitare, ça pouvait m'aider à composer d'avoir de quoi pianoter. Sur mon téléphone, Naël me demandait s'il pouvait passer. Même si l'idée que j'ai quitté notre immeuble l'embêtait, il n'avait pas perdu de temps pour profiter des avantages de ce nouvel espace.

A Naël: Oscar dort encore, viens plutôt en fin d'après-midi

Lorsque mon téléphone a vibré quelques secondes après, j'ai baissé les yeux négligemment dessus.

De Naël: Oscar?

J'ai failli m'étouffer. Merde. Je n'ai absolument pas réfléchi à ce que j'écrivais. Personne ne se doutait de notre relation donc on allait devoir avoir une conversation. Si jusque-là, nous avions assez bien cachés nos rapprochements, ça allait devenir compliqué dès l'instant où rien qu'une personne serait au courant. Mes doigts se sont enfouis dans mes cheveux et j'ai poussé un long soupire en fixant l'écran de mon ordinateur. Nous étions fichus. Des pas dans les escaliers m'ont fait relever le visage. Oscar se frottait les yeux en descendant les marches. Son tee-shirt se relevait sous son geste et me montrait ses jolies hanches à peine cachées par le noir de son caleçon. Divin.

- Bien dormi? J'ai lancé l'air de rien.

- Hmm... C'était mieux quand t'étais là. Il a marmonné avec une voix plus rauque que d'habitude en venant s'asseoir à côté de moi.

Sa réponse m'a fait sourire.

- Tu as parlé en dormant.

- Ah ouais? Il a pincé ses lèvres entre elles en détournant le regard. Euh... Qu'est-ce que j'ai dis.?

Je me suis tourné vers lui, il avait l'air un peu inquiet.

- Honnêtement, c'est un peu gênant. Tu murmurais mon prénom au début et après t'as commencé à bouger un peu, du genre-

Je l'ai vu blanchir radicalement.

- Ok. Stop. Il m'a coupé. Je vois très bien où tu veux en venir et je suis vraiment désolé, je ne pensais pas que tu le saurais. C'est pas contrôlable ces trucs et même si c'était génial et que t'étais aaa- attends. Tu te fous de moi c'est ça? Enfoiré.

Son poing s'est retrouvé contre mon épaule. Il a cramé mon demi-mensonge à la force dont j'essayais en vain de le dissimuler. Je n'arrivais pas à croire qu'il ait réellement fait un rêve érotique sur moi.

- T'as vraiment parlé mais je sais plus ce que tu disais. Coquin.

- T'adores ça.

Pourquoi quand j'essayais de le rendre mal à l'aise il réussissait toujours à renverser la vapeur ? C'était injuste. Evidemment que j'adorais ce côté de lui. Après tout il était rare pour moi de vivre une histoire qui se liait autant à une sphère romantique qu'à une sphère bien plus intime. Pour changer de sujet je me suis levé et je suis allé chercher le bol de fruits que j'avais laissé dans la cuisine.