36. nouvelles

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Leurs regards toujours posés sur moi, ils se contentent d'attendre que je puisse remettre en ordre le bazar qui se trouve dans ma tête avant que je ne puisse réellement leur annoncer ce que j'ai découvert. Je prends un grande inspiration avant d'étaler les trois bouts de papier en face de moi.

_ Celle-ci est une liste de codes informatique que tu dois décrypter, dis-je à Audiel. Et celles-là, je dois toujours y jeter un oeil.

Gabin ne fait aucune remarque alors que son meilleur ami lui, prend la feuille entre ses doigts et commence deja à essayer de savoir ce que c'est. Il part avec la seconde d'après, me laissant enfin avec mon fiancé. Il me regarde intensément et ne daigne pas prononcer un seul mot. Je me retourne et me retrouve face à celui que j'aime. Je m'installe un peu plus confortablement sur le fauteuil. Je le fixe dans les yeux et continue de réfléchir à l'ordre dans lequel je suis sensé lui dire ce que je viens de tirer de la carte.

Je m'installe et me réinstalle dans ce fauteuil, mes doigts et mes ongles sont les victimes de ce stress,de cette peur, de cette ignorance. Je n'ai pas peur au sens où je crains qu'il me laisse tomber à cause de cela, non. J'ai peur qu'il interprète mal ce que j'ai pu tirer de ce bout de papier jauni. Gabin reste là à me fixer et même si je ne l'avouerais jamais, ça fait monter une angoisse pire que celle que j'ai eu la première fois que je me suis battue.

En parlant de ça, plusieurs souvenirs, plus douloureux les uns que les autres se succèdent dans ma tête, faisant couler une seule et unique larme. J'angoisse certes mais je suis sûre et certaine qu'il va comprendre.

Mais alors qu'est ce que c'est que cette boule coincée dans ma gorge et qui m'empêche de m'exprimer clairement ? Je glisse le plus lentement possible mon regard dans celui de mon amoureux et son regard rempli de compassion, de peur, d'excitation, d'incompréhension et un nombre incalculable d'autres émotions toutes aussi explosives que tendres.

C'est fou comme chaque détail, chaque petit chose qu'il fait me pousse encore et encore plus dans ses bras, me forçant à le laisser plaquer ses lèvres exigeantes sur les miennes, et ce dans un baiser sauvage où nous finirions tous deux enlacés l'un contre l'autre à essayer d'assouvir ce besoin primal qui... Pause ! Je m'écarte un petit peu trop du sujet principal.

Je glisse et réglisse mon regard dans le sien, ouvrant ma bouche pour ensuite la refermer et ce plusieurs fois de suites. Mes paumes dans les siennes, il ressent sûrement mon stress à l'instant t et je ne sais même pas pourquoi je stresse tant de toute façon. Je serre ses mains puis ferme les yeux, me focalisant uniquement sur ma respiration. Je dépose un baiser sur nos mains liées comme pour qu'il me donne sa force.

_ La carte est une sorte de repères et d'énigmes dissimulées par ci par là. La majorité sont des indices qui mènent à des espèces de centres où avait lieu un nombre incalculable de tueries. Un peu comme un camp d'extermination. Dis-je d'une voix un peu tremblante. Voyant que son regard envers moi n'avait pas changé, je m'autorise à continuer. Les indices sont dissimulés et écrits de façon à ce qu'on puisse croire que ce sont des traits qui indiquent un quelconque chemin. Mais hors du sujet un peu houleux, ils parlent souvent de "Mukama" qui désigne un roi ou bien tout simplement Dieu. Les énigmes contenant ce mot sont difficiles à interpréter correctement et ont de ce fait plusieurs sens qui peuvent varier selon le sens du mot Mukama utilisé.

Je garde les lèvres scellées après cette révélation attendant impatiemment sa réponse. J'aimerais que ces révélations sur la carte semblent être une simple discussion comme on n'en a si rarement. Je pose mes lèvres sur nos mains toujours liées et le regarde intensément. Je l'aime, je n'en ai aucun doute. De même que je sais qu'il m'aime. Sûrement plus que moi si ce n'est l'inverse. Chaque situation à laquelle nous sommes confrontés  me donne l'impression que la vie nous donne une seconde chance d'être heureux même si nous devons à chaque fois nous battre puisque nous serions pas si différents de tous ces hommes et ces femmes qui se pavanent devant la caméra, espérant attirer le plus les regards.

_ Est-ce qu'il y a d'autres indices ?

_ Ces indices parlent d'un mémorial qui a été détruit et ce il y a plusieurs années. Certaines fois les phrases traduisent la douleur d'un peuple divisé et dont les uns tuent les autres sans grand regrets. Il y a même des passages qui raconteraient que Mukama, beaucoup trop attristé par ce qu'il voyait avait puni tout le monde. Il s'agit à ce moment là d'un être supérieur à un simple humain.

Gabin m'observe sans un mot et se relève pour arpenter son bureau d'un pas enragé. Le texte que j'ai traduit est une sorte de constatation qui montre que peut importe les efforts, le monde restera pour toujours divisé et ça personne ne pourra le changer. La cruauté et la mort sont à jamais inscrit dans les racines de l'humanité. Je me lève aussi et pose mes mains sur ses joues.

_ Je te promets de faire le nécessaire pour que l'on puisse trouver ce que ce texte dit réellement. Dis-je en accrochant profondément mon regard dans le sien.

Ses muscles se relâchent et ses bras encerclent ma taille. Je me retrouve la seconde suivante plaquée sur son torse. Mes mains quittent ses joues pour se poster sur son torse massif, son coeur bat sous ma paume et j'arrive à percevoir ses battements irréguliers.

Une flamme de désir jaillit dans son regard et l'idée que cette étincelle puisse disparaître me paraît insensé. Je pose ma tête sur mes mains écoutant doucement les battements de son cur pour finalement me laisser aller dans une étreinte douce et chaleureuse.

_ Merci. Dit il après un bon moment dans lequel nous étions plongé dans le silence le plus total.

Je ne prends pas la peine de relever la tête que je sens déjà ses bras resserrer leur étreinte sur mon petit corps et dépose un baiser sur son torse à l'endroit même où se trouve son coeur. Il me hisse sur le bureau, me gardant toujours collée à lui et me fixe dangereusement.

_ Je t'aime Lise. Murmure t' avant de déposer un baiser sur mon nez.

Je le laisse faire et je sens ses mains glisser sur mon corps. Ce dernier s'embrase et avant même  que mon cher fiancé ne puisse aller plus loin, la sonnerie de nos deux téléphones retentit. Son regard glisse durement sur le site alors que mon regard essaie de repérer mon téléphone parmi la tonne de paperasse présente sur son bureau. Gabin me le tend avant même que je ne bouge le petit doigt.

Sur l'écran s'affiche alors le nom de la gouvernant de Mona. Je me lève et essaie d'arranger ma tenue avant de sortir du bureau du maître des lieux. Je pose à nouveau mon regard sur mon téléphone pour localiser où se trouve ma fille ainsi que sa gouvernante. C'est alors au bout d'une dizaine de minutes de marche, je sens un léger poids s'abattre sur moi au niveau de mes jambes et je faillit tomber sur le coup.

Je me penche vers l'avant pour voir la petite robe de Mona et d'un coup, je la soulève pour la caler dans mes bras. Ses petits yeux larmoyants me fendent le coeur et dans un geste maternel, je lui caresse les cheveux en murmurant doucement qu'elle n'a rien à craindre et que je suis là. Je marche vers ma chambre et à la rencontre avec Simone, je lui demande de trouver Malia et de lui dire de ne pas se faire un sang d'encre et que Mona est avec moi.

Une fois dans mes appartements, je m'installe sur le lit et commence à réfléchir, ma petite Mona assise sur mes genoux, jouant avec mes boucles. A un moment, je me sens un peu jalouse et essaie tant bien que mal de me souvenir de mes parents ou de quoi que ce soit d'autre qui pourrait me donner un indice sur mon enfance. Un sourire prend place sur mon visage et je pose un petit baiser sur son front. Mona pose plusieurs bisous sur mes joues, un grand sourire sur ses petites lèvres.

Je la pose sur mon lit et lui donne mon téléphone pour qu'elle puisse jouer un peu pendant que je me change. Une fois en tenue de sport, je la soulève et la prends mes bras en direction de la salle de sport. Il me faut me calmer un instant. Je dépose Mona sur le sol et me mets à frapper le sac de sable. Mona se met à rigoler à chaque fois que je me retourne pour lui faire une grimace ou tout autre chose pour ne pas la laisser s'ennuyer.

Je m'arrête dès que Simone arrive aux côtés de Gabin pour nous dire qu'il est temps d'aller à table. Gabin pose quant à lui ses pieds dans la salle et Mona l'accueille les bras ouverts. Il s'avance vers moi, ses bras tenant fermement Mona pour ne pas qu'elle se jette dans mes bras, sachant que je transpire énormément. Il pose ses lèvres sur les miennes et sort de la pièce, sa fille se débattant dans ses bras pour se libérer et courir dans mes bras. Je lui fais un petit bisous volant avant de me diriger vers ma chambre, Simone sur les talons.

À suivre...

Lutte T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant