Lutte T.1

38. puzzle

Je vois Gabin froncer les sourcils devant l'écran. Je me retire du bureau pour permettre à Audiel de tout afficher sur l'ordinateur du maître de maison. Mes yeux font de multiples allers-retours entre l'écran et un bout de papier qui était resté sur le bureau. Je sort la carte de sa boîte et la déplie pour relire quelques passages.

_ Ça, dis-je en pointant la photo d'une chute d'eau, c'est sensé représenter la sortie. Mais le problème qui se pose c'est qu'il n'est marqué nulle part l'endroit où se trouve l'entrée.

_ Tu peux traduire ça pour moi ? Me demande Gabin en pointant une ligne sur un document qui état placé à côté de la chute.

_ Soleil ou lune, entrée ou sortie, pour une pièce deux faces et pour nous un tout. Seuls le roi et la reine peuvent garantir la victoire. Mais ils ne peuvent cependant pas garantir ma sécurité.

_ Astre, issue, chefs et bouclier, murmure Audiel.

_ Pardon ?

_ Quelle famille a un emblème comme ça ? Demande Gabin à son meilleur ami.

_ Aucune, dit-il en baissant les yeux.

On reste là à essayer de réfléchir sur ce que cette phrase voulait dire. Après quelques instants, Gabin se lève brusquement avant de parcourir à grandes enjambées son bureau. Il fait glisser une toile vers le haut et un coffre-fort apparaît. Il tape un code puis l'ouvre avant de prendre une boîte réouverte de velours. Il revient s'installer sur son fauteuil avant d'ouvrir cette fameuse boîte.

Une pièce s'y trouve avec gravé dessus un emblème qui possède les éléments qu'il vient de citer. Il retire la pièce de la boîte et la première chose que je vois est une phrase.

_ Oeil pour oeil et dent pour dent. Ma couronne contre la leur mais cela n'a été que l'issue d'un combat déloyal. Je ne peux garantir jusqu'à quand il garderont cette couronne qui n'est pas la leur sur leur tête mais moi, je vous assure qu'à cause de cette mésaventure, je saurais à jamais marqué par leur traîtrise. Je prononce tout haut.

Je reste à observer cette phrase brodée sur le fond de la boîte avant d'apercevoir un petit bout de tissu qui dépasse du fond. Je le touche du bout des doigts et remarque qu'il y a un double fond. Je regarde Gabin dans les yeux pour savoir s'il accepte ça et je remarque que son esprit est vraiment ailleurs.

_ Gabin ? Dis-je d'une petite voix que l'on confondrait avec un murmure.

Il lève les yeux vers moi et je vois de la peine dans ses yeux. Mon premier reflexe est de le prendre dans mes bras pour le réconforter et je sens sur ma peau une larme puis une autre avant que ses semblables ne prennent la même voie. Je pose mes mains à plat sur ses épaules et essaie de le repousser. Ses yeux remplis de larmes se posent sur moi et moi, je pose mes lèvres sur les siennes en espérant que ce simple contact réussisse à réchauffer son cur que je dirais gelé ou brisé ou. La vérité, c'est que je ne sais absolument pas à quoi il peut bien penser à cet instant. Mais bordel, qu'est ce qu'il m'a pris de traduire à voix haute ces écrits ?

_ Et voilà une pièce de puzzle supplémentaire. Dit Audiel comme si cette phrase ne lui faisait ni chaud ni froid.

On dirait presque qu'il connaissait déjà cette information depuis bien longtemps. La seconde d'après, je me laisse emporter par le baiser que nous échangeons Gabin et moi, sachant qu'il a décidé de prendre les choses en mains et de faire en sorte que je gémisse sous ses lèvres expertes. Je me sépare de lui à la recherche d'air et en profite pour lui tendre un mouchoir.

_ Même si je pense que Mona est déjà endormie, vaut mieux éviter que quelqu'un d'autre ne soit affecté par ce visage triste.

Un petit rire sort de ses lèvres rosées et je me sens comme happée par une multitude de sensations mêlant le soulagement au bonheur. Je n'aurais sûrement jamais connue une telle sensation sans l'amour que je lui porte et qu'il m'a dit me porter lui aussi.