Lutte T.1

21. merde

C'est alors là que je remarque qu'il s'agit de l'un des enfants du maître des lieux. Je veux dire... Bon, on va éviter de tirer des conclusions hâtives et là, je ne penses pas qu'il soit au courant au courant de ce qu'il se passe et dans quoi il est impliqué sans vraiment l'être. Avant de prendre ma décision, je jette un rapide coup d'œil à Gabin ensuite à Audiel. Ce dernier a complètement disparu de mon champ de vision, à croire qu'il s'est volatilisé pour laisser la place à une troupe de danseurs qui à chacun de leur pas semblent exécuter une danse de la mort. Gabin lui semble n'avoir jusque là rien remarqué. Il discute encore et toujours avec cet homme, pendant que le coeur qui bat frénétiquement pour lui semble vouloir sortir pour aller se cacher et ne pas être atteint par le venin que cet homme semble posséder.

_ Alors votre grandeur ? Me sort il de mes pensées.

Je m'étais préparée. Je savais déjà qu'ils allaient nous, enfin me, mettre au pied du mur. Mais cette soirée n'est qu'une pièce déguisée pour attirer dans un piège des plus redoutable les plus faibles d'esprit. Évaluer la concurrence ainsi que savoir qui sont dans votre poche, voilà ce qu'ils cherchent.

Mais accepter tout comme refuser cette invitation mène tout droit à un piège. Piège qui peut à tout moment se refermer sur moi. Dans une ultime tentative d'avoir un quelconque contact avec mon bien aimé, je relève mon regard vers lui et il me faut un clin d'oeil, comme pour me dire que la décision est mienne.

_ Ce serait un plaisir ! Répondis-je pas très convaincue de ma propre réponse.

Maintient que les mots sont sortis, il faut que je fasse preuve d'une grande souplesse à la fois pour pouvoir essayer d'échapper aux questions les plus délicates mais aussi pour éviter de lui marcher sur les pieds. Après tout c'est moi qui avait envie de saisir cette chance pour retirer quelques informations.

_ Mais voyons, le plaisir est pour moi. Me dit-il en déposant à nouveau ses lèvres sur le dos ma main.

Il me tire par la suite au centre de la piste de danse et d'un geste de la main incite les musiciens à jouer une autre chanson. Le rythme n'étant autre que celui d'une valse, je me détend complètement. La danse débute enfin. Il bouge légèrement m'entraînant avec lui, sa posture gracieuse qui fait pâlir plusieurs, et ses pas d'une légèreté sans nom qui donne l'illusion qu'il effleure à peine le sol. Enfin tout le contraire de moi qui ne suis qu'une pâle copie d'une noble avec une maladresse sans nom. Je me bats à chaque instant pour ne pas donner le moindre indice à cet homme qui m'a kidnappée sans réellement le faire de qui je suis réellement même si je ne pense pas que ce masque en dentelle qui ne cache qu'une moindre partie de mon visage fasse l'affaire.

Le fait est que chaque seconde que je passe aux côtés et cet homme fait monter crescendo une angoisse sans nom dans tout mon être. Je continue à me battre contre mon corps mais surtout contre ma maladresse pour exécuter chaque pas sans le moindre signe de défaillance. Dans une ultime tentative de glisser mon regard dans celui de mon fiancé, j'apperçois là où il devrait se trouver normalement, deux femmes accompagnées de charmants cavaliers suivent chaque pas de leurs compagnons  dans une valse qui leur met le sourire aux lèvres.

Alors que je fixais sans vraiment le faire le regard enjoué de mon cavalier d'une dance, le regard aimant de mon partenaire de tous les jours entre dans mon champ de vision. Le bonheur sans nom qui monte en moi fait que mon visage s'illumine d'un large sourire. Sourire que mon cavalier confonds avec un sourire qu'il ait pu me donner. Ce sourire si différent de celui fade que les autres montrent sans vraiment montrer le ciment qui recouvre leur organe vitale, mettant au même pied d'égalité toutes les émotions qu'ils arborent.

La musique change, nous montrons que nous devons changer de cavaliers. Cette fois ci, je me retrouve dans les bras réconfortants de Gabin. Mon corps, moins tendu qu'avant, exécute les pas sans grande difficulté et même mieux qu'il ne l'ait jamais fait. Chaque danse que j'exécute avec Gabin me fait toujours ressentir bien plus de sensations que je ne pourrai le dire. Alors que je dansais plus tendue qu'un arc, maintenant, j'exécute chaque pas comme si le sol n'existait plus et que je glissais sur le vide rempli d'étoiles.

La salle de bal est maintenu remplie d'une multitude de danseurs étoiles qui glissent sur une fresque céleste. Le tout ferait rêver mais en faisant parti du lot,  ça devient moins féerique, surtout si c'est le mauvais cavalier qui vous accompagne.

Ayant appris depuis peu à ne danser suivant les pas de mon bien aimé, la tâche se révèle d'autant plus dure.

_ Bien ma chérie.... Continue..... Magnifique.... Très bien... M'encourage Gabin, ses mots glissant dans mon oreille pour reprendre un sentiment de bien être dans mon corps.

La chanson se termine alors que mon corps tout entier n'est retenue que par le bras de mon fiancé. Son corps légèrement penché vers moi, dans une posture gracieuse. Le mien par contre utilise ses quelques forces pour éviter de me coucher au sol tant l'envie est grande. Je n'ai plus du tout envie de jouer à cette mascarade, d'apprendre un quelconque sujet à propos de cette famille. Je n'ai envie que de retirer ce costume qui me colle sur la peau et montre à tous l'image de celle que je ne suis pas.

Alors que Gabin se redresse, me tirant vers lui, je vois déjà une ombre s'avancer vers nous. Je relève mes yeux et croise ceux de la personne que je ne voulais plus revoir de la soirée.

On dit que les apparences sont trompeuses alors j'espère qu'il ne va pas être comme ses prédécesseurs.

_ Votre danse était magnifique. S'adresse t'il à nous, un sourire radieux, mais plutôt faux, collé au visage. Dîtes moi votre secret. Je serai ravi de le connaître.

_ Je suis désolé Altesse mais malheureusement, ou plutôt heureusement, ma charmante compagne et moi avons ce petit quelque chose qui fait que notre danse soit si....si.....

_ Merveilleuse. Dit une voix derrière nous.

Je me retourne pour me retrouver nez à nez avec celui que je déteste bien plus que je ne pourrai jamais le dire. Je sais pertinemment que ce n'est pas lui qui a complimenté notre prestation mais plutôt une autre personne qui se trouve à côté de lui.

Mon sang de glace dans mes veines quand je découvre une ressemblance frappante avec mon geôlier, même si le masque devrait cacher ses traits. C'est sans difficulté que je comprends qu'il est son fils. Il est pourtant loin d'avoir le sourire sadique de son père mais j'arrive à discerner qu'une flamme malsaine embrase son regard, le rendant menaçant et craint.

Mon regard glisse vers celui qui s'avère être ma bouée et qui me soutient bien plus que je ne l'aurais jamais souhaité. C'est avec un immense soulagement qu'il s'écarte prononçant une excuse pour nous diriger vers un balcon qui est heureusement non occupé. Quand nous arrivons dans ce lieu, Gabin prend la peine de nous dissimuler parmi les rideaux et me serre fortement dans ses bras, une fois loin des regards.

Aucune larme ne sort bien que la rancoeur accumulée au fil des années fait monter en moi un désir farouche de me présenter devant eux et de leur foutre un coup de genoux dans les bijoux de famille, puis de leur mettre à tout un chacun un coup de poing dans la face. Mais heureusement qu cette robe au corset étouffant me ramène à l'ordre, me rappelant qu'en tant que future femme de comte, je dois avoir une conduite exemplaire et surtout ne pas fléchir.

_ Dis moi Gabin! Commençais je d'une petite voix, marquée par l'amusement. N'as tu jamais eu envie de les empoisonner tous un à un ?

Il rigole doucement à ce que je pourrais qualifier de mauvaise blague mais qui sait peut être que l'idée lui est déjà passé par la tête. Il caresse mes cheveux avec une douceur qui me fait oublier l'espace d'un instant que nous sommes en plein territoire ennemi. 

_ Prête à refaire surface ma chérie ? Me demande t'il avec son infinie tendresse.

Je lui lance un sourire que je ne pense pas être un et avant e avec lui avec mon bras accroché au sien.

À peine faisons-nous réapparition dans la salle que les deux personnes que je ne voulais en aucun cas recroiser nous tombent dessus. Les deux jeunes hommes qui malgré leur différence flagrante s'accordent à dire qu'ils souhaiteraient en apprendre plus sur nous et notre petit couple.

On est bien dans la merde......

A suivre.