Lutte T.1

29. petit moment familial

Je le vois tourner violement et on débarque sur une route plus ou moins endommagée. Après plusieurs longues heures à traverser cet endroit en parlant de tout et de rien pour combler les lacunes qu'il nous restait, nous débouchons sur une nouvelle route bien entretenue et entourée de plusieurs parcelles toutes plus immenses les unes que les autres. Les différents portails dorés se succèdent sans fin alors qu'une pluie battante rend les lieux plus sombres et lugubres.

_ C'est bien.... Commencais-je

_ Le quartier où est supposé résider tous les membres les plus hauts placés de la société. En d'autres termes nous.

C'est quoi cette manie qu'il a de me couper sans cesse. Il lit dans mes pensées maintenant ou quoi ?

_ Je croyais que tu détestais vivre ici.

_ Et c'est le cas. C'est juste qu'il est préférable que l'on s'installe ici le temps que l'on a toujours les préparatifs du mariage sur le dos.

_ Préférable ?

_ Oui.

Il se retient à cette seule réponse...cette brève réponse. Avait-il des ennemis ? Oh que oui et l'un d'entre eux semble avoir de puissants atouts face à nous. Il ne connaît pas seulement que nous trois qui sommes impliqué dans ce complot mais aussi une bonne partie de notre plan. Et en plus, il semble bien avoir une forte envie de me faire sa femme, si ce n'est un complexe face à mon fiancé et sa forte influence.

Le toit de la décapotable se rabat au dessus de nos têtes et les vitres teintées masquent totalement nos identités. J'arrive néanmoins à distinguer un regard qui me rappelle vachement quelqu'un. Et c'est là que tout me revient. C'est lui Archibald et en plus il est avec ses chiens de gardes.

Qui dans ce monde, sainement constitué se balade avec autant de gardes à ses côtés ? Voilà bien une image qui contraste beaucoup trop à celle que j'avais eu il y a de cela bien longtemps.

Je détourne le regard et fixe Gabin qui serre fortement le volant au point où ses jointures deviennent blanches. Je pose ma main sur l'une des siennes et capte pendant une micro seconde son regard qui semble s'adoucir en très peu de temps.

_On est bientôt arrivé. Notre nouveau chez nous.

_ On serra toujours chez nous peut importe où nous sommes. Lui dis-je avec un sourire extrêmement sincère.

Il prend un virage assez serré et appuie vivement sur l'accélérateur. Je vois un petit sourire apparaître sur son visage alors que ma main relâche inconsciemment la sienne et que cette dernière parte en direction de ma cuisse.

Arrivée devant la grande bâtisse, qui cette fois-ci est plus bling bling qu'autre chose, il confie sa voiture au voiturier et part en m'entraînant avec lui dans le dédale de couloirs qui fait cette maison.

J'entends au loin les pleurs d'une petite fille que je pense être très certainement Mona. J'oublie absolument tout et suis ces pleurs, soudainement pris d'un instinct maternel que je ne me connaissais pas jusqu'à maintenant. Je m'avance rapidement vers je ne sais où et en ouvrant une porte au hasard, je tombe sur le visage rempli de larmes de ma petite Mona. Celle-ci semble inconsolable et les servantes font tout leurs possible pour qu'elle arrête de pleurer. Cette simple vue me fend le cœur, la douleur est plus insoutenable que toutes celles que m'ont provoquées mes anciennes plaies. Sans que je ne puisse contrôler les jambes qui me portent et avancent vers ma petite chérie, j'ouvre inconsciemment les bras et accueille ce petit être dans leur creux.

Une douce mélodie traverse mon esprit et je la fredonne en cherchant d'où peut bien provenir ce chant si apaisant. Peut-être est ce un des rares souvenirs que j'ai de ma vie avant d'être esclave mais en tout cas, je me sens comme enveloppée d'une douce chaleur maternelle, chaleur que j'ai tant rêvé d'avoir quand je n'étais pas au mieux de ma forme. Les paroles apparaissent comme par magie et je me mets à chanter dans cette langue étrangère mais qui me semble si familière. Mon précieux petit ange semble se détendre et ses sanglots se transforme en simple petits tremblements dû à ses reniflements.