Lutte T.1

37. pensées

Une fois dans ma chambre, je retire rapidement mes habits et me glisse dans mon bain. Je lâche un soupir de plaisir au contact de l'eau tiède et avec les massages que me font Simone et ses consoeurs. Je ne me laisse pas trop attendrir par le moment et profite de cette absence de mouvement de ma part pour essayer de décrypter les messages inscrits sur cette carte. Les nombreux symboles inscrits sur cette carte ne me sont pas méconnus. Du moins, je me rappelle les avoir vu quelque part. Mais où ? Je fronce les sourcils en essayant de me remémorer de l'endroit exact où je les avais vu. Seul un endroit sombre me revient en mémoire. Un mur en pierre et ces inscriptions gravés dessus. Cela ne m'aide pas tellement. J'ai fréquenté de nombreux endroits sombres pendant ma vie d'esclave et les murs de pierre étaient omniprésents à chaque fois. Même si....

Et si je ne les avais pas vues étant esclave. Mais ces souvenirs dateraient donc d'avant ma capture. Cet endroit aurait donc un lien avec ma vie d'avant, avec mes parents ? C'est très probable mais aussi absolument fou. Je arrive même pas à recréer leur image dans ma tête mais je me souviens d'une grotte avec des symboles dessus.

_ Un empire.... Non, une forteresse détruite. Soufflais je en laissant ma tête tomber mollement sur le rebord de la baignoire.

Même sans ouvrir les yeux, j'arrive à sentir les regards curieux des servantes qui se demandent sûrement de quoi je parle sans pour autant oser s'exprimer. Quand les doigts de la dernière servante quittent ma peau, je me relève avant même qu'elles ne me le dise et les laissent faire leur travail en paix. Mon regard se porte sur la robe en coton posée sur un cintre et je la fixe sans aucune raison apparente. Et quand je l'enfile, je me glisse dans mes chaussures avant de rejoindre Gabin et Mona.

Ces derniers sont assis à table. Gabin donne à manger à Mona qui éprouve un grand plaisir à ouvrir la bouche quand Gabin approche la cuillère de ses lèvres. Au moment où elle me voit arriver, elle agite ses bras et réclame que je la porte dans mes bras ce que je ne tarde pas à faire évidement. Sa petite main m'indique la purée qu'elle mangeait avec plaisir et je la lui donne sans broncher sous le regard doux de Gabin.

Mes lèvres toujours étirées dans un sourire rassurant pour ne pas montrer que dans ma tête c'est un vrai bric à brac, je bouge ma main dans un mouvement mécanique pour me nourrir et nourrir ma fille. Mon esprit reste encore et encore préoccupé par ce que j'ai lu, essayant de comprendre le sens caché de ces mots et de ces phrases qui n'ont encore aucun sens pour moi. La carte en elle même n'a aucun sens puisque tout du long, elle semble montrer un endroit imaginaire qui n'est même pas sensé exister. Les frontières qui y sont tracés ainsi que les pseudos chemins ne sont qu'un piège. Alors que dans un autre sens, c'est plutôt une ruse assez ingénieuse puisqu'à ma connaissance rares sont ceux qui connaissent encore cette langue et qui plus et rares sont ceux qui savent la lire. J'ai plusieurs fois entendu Gabin parler cette langue mais je ne pense vraiment pas que son vocabulaire soit très large. C'est alors ça qui est peut-être à la base de ce "cadeau" ainsi que du piège qu'il représentait.

Serait ce possible que cette carte ne soit pas la vraie ?

Et si ça s'avérait être une fausse ça aurait ruiné tous nos efforts pour faire en sorte de trouver un moyen. Et puis, ça voudrait dire que la famille royale a bien d'autres secrets bien plus sombres encore à cacher et que c'est peut-être un moyen pour que...

_ Mama ! Crie Mona en posant des deux mains potelés sur mes joues.

Je soude mon regard au sien alors que je vous dans ses yeux, un fragment de peur et de tristesse mêlée. Elle détache une main de mon visage et pointe du doigt la fenêtre. J'arrive à voir derrière la vitre plusieurs feux d'artifice briller dans le ciel retraçant ainsi les emblèmes de plusieurs familles de bourgeois.