Chapitre 28

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Chapitre 28 : Pas de titre parce que ce chapitre est triste et que je suis une hipster. Les titres c'est trop mainstream.

...

Oups.

.

Il y a très longtemps, il y avait une petite fille dans un jardin. Derrière elle, un petit cottage tellement pittoresque et anglais qu'il en paraissait caricatural. Autour, une forêt. Au loin, le soleil fade d'une fin d'été.

Il y avait des bruits de voix dans la maison.

Elle ne comprenait pas ce que les voix disaient. Elles parlaient vite et bizarrement et ça aurait du l'effrayer si elle avait encore ressenti des émotions. Elle se moquait des voix. Elle se moquait de la maison. Elle se moquait d'être vivante.

Le vent ébouriffa ses longs cheveux crasseux.

Un jour, quelqu'un avait dit que ses cheveux étaient jolis. On l'avait forcé à ne jamais les couper le lendemain. Mais ça ne l'intéressait pas –plus. Dans ses petits yeux vides et fatigués, l'intérêt était une notion étrangère.

A quoi bon s'intéresser aux choses quand on savait qu'on allait mourir ?

Elle n'avait aucun doute quand à la raison pour laquelle l'homme blond qui ne parlait pas sa langue l'avait sauvée des décombres de la Maison, au lieu de la laisser croupir pour l'éternité. D'autres avaient eu les mêmes intentions que lui, comme Ferenc. Elle ne s'était pas laissée faire.

Mais maintenant, après avoir vu ce à quoi la rébellion menait, elle avait apprit sa leçon. Que l'étranger blond fasse ce qu'il voulait d'elle. Rien ne l'intéressait plus.

Dans sa tête, Ferenc ricana. C'est bon, t'as pigé maintenant ? Ca servait à rien d'essayer de te battre. T'as bien vu à quoi ça t'a mené, petite.

T'as la tête dure. Si t'avais comprit ça un peu plus tôt, j'aurais été plus gentil avec toi. et puis ta Sasha, elle serait encore là. Tu t'rappelles de Sasha ? Tu t'rappelles de comment elle a crié ? C'est d'ta faute tout ça, petite. Si t'avais été moins conne, elle s'rait encore là, ta petite sœur chérie.

Mais Sasha n'était plus là. Il n'y avait que ses cris dans la tête de la petite fille. Depuis une semaine, il n'y avait plus que ses cris. Et la voix narquoise de Ferenc.

Elle aurait bien aimé pouvoir pleurer.

Il y eut un bruit à côté d'elle. Quelqu'un s'asseyait.

Elle ne sursauta même pas.

_Bonjour, petit oiseau, chantonna une voix –mais elle comprenait ce que cette voix-là disait.

Elle ne daigna pas tourner la tête.

_Il paraît que tu ne parles pas anglais ? Ca a bien embêté Gabriel, tu sais. C'est pour ça qu'il a appelé Anastasia –il sait que je suis hongrois aussi.

Elle ne comprenait plus ce qu'il disait. Elle ne savait pas ce qu'était que l'anglais, Gabriel ou Anastasia. Mais hongrois, elle connaissait. Hongrois, c'était elle, sa langue et sa patrie. Sasha lui avait dit ça –elle avait toujours été la plus intelligente des deux.

Ouaip. C'est con que ce soit elle qui soit morte à ta place. Si t'avais été moins conne, tu serais morte et tu l'aurais laissé vivre. T'as toujours été lâche, comme gamine.

_Tu viens de quelle ville ? Moi je suis de Budapest ! Dit la voix –une voix de garçon.

Elle ne répondit pas.

Et tous les jours, le garçon revenait et s'installait à côté d'elle. Parfois, il parlait sans s'arrêter, de tout ce qui lui passait par la tête. Et parfois, il restait silencieux pendant des heures.

La Saga des SovranoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant