Chapitre 32

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Chapitre 32 : Portrait d'une nuit d'été.

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L'odeur de la terre meuble et de la végétation putrescente s'offrit à Harry avec brutalité, bien loin de l'âcreté de la sueur et de l'excitation qui avait régné dans la foule de Poudlard.

Mettant son Portoloin, un vieux pin's à l'effigie effacée par le temps, dans sa poche, il s'accroupit, se cachant derrière un buisson de plantes fourragères. Une tige lui érafla la joue. Il n'y prêta pas attention, de peur de se faire remarquer. Lentement, dans une précaution qu'il ne se connaissait pas, il se déplaça pour regarder devant lui, laissant dépasser sa tête du buisson pendant quelques dangereuses secondes.

Une fois de nouveau derrière la sécurité provisoire du buisson, il s'autorisa à prendre une longue inspiration.

Il se trouvait dans un cimetière. Autour de lui, des rangées de tombes, uniformes dans leur vétusté, s'étalaient jusqu'à l'horizon boueux. Quelques anges encore fièrement dressés surplombaient le pan de terre, des moignons d'ailes accrochés sur le dos. Un cimetière moldu, donc.

A une cinquantaine de mètres de lui, une petite silhouette nerveuse s'affairait autour d'un chaudron. Il lui sembla en distinguer d'autres, cachées par les ombres froides des tombes, mais rien n'était sûr dans la nuit.

Un rire perçant se fit entendre. Le front d'Harry s'anima d'une douleur vive et froide, qui lui arracha une grimace et manqua de le faire glapir. Il se contenta de changer légèrement sa position pour sortir ses chaussures de la boue. Une goutte s'écrasa sur sa joue. Elle avait le poids du déluge.

Un sombre sentiment lui tordit les boyaux.

Quelqu'un cria une injure. Helmett. Typique.

Harry serra sa baguette dans une main. Contre sa cuisse, ses couteaux de lancer. Dans sa poche, un long poignard. Ils attendraient qu'il se soit rapproché pour attaquer.

Pour le moment, la prudence était tout ce qui comptait.

Avisant les différentes tombes, Harry s'arma de silence et sortit du buisson. Il n'osa pas utiliser un sort pour camoufler le rythme de ses pas et de sa respiration, ayant trop peur que l'aura de sa magie soit détectée. Il passa de tombe en tombe avec la souplesse et la discrétion d'un grand chat.

Jamais il n'avait autant remercié les impitoyables jeux de cache-cache que Gaby leur avait toujours imposé.

Quelqu'un parla. La voix était tremblotante, hachée par la peur. Une voix de pleutre.

Les inflexions dures d'Helmett lui répondirent. Un nom se détacha, plus craché que parlé. Pettigrew.

La main droite d'Harry se referma sur un de ses couteaux de lancer. Il connaissait Peter Pettigrew. Par la haine qui dégoulinait des mots de Scath quand elle lui avait raconté ses aventures dans la Cabane Hurlante. Par la cassure terrifiante qu'il y avait eu dans sa voix quand elle avait mentionné le loup-garou.

Par les longs silences, les omissions volontaires, par ce qu'elle ne lui avait jamais dit et qu'il avait du deviner.

Peter Pettigrew. L'homme qui avait permit à un Détraqueur de détruire l'esprit de Scath.

Une fureur glacée l'envahit. Sa magie grésilla, et il sut que son Glamour venait de céder. Tant mieux.

Il voulait que son vrai visage soit la dernière chose que Pettigrew voit en mourant.

Ses yeux étaient fixés sur la silhouette couarde de l'homme. Troquant la grâce du chat à celle du loup, il se déplaça lentement pour être dans l'angle mort de sa victime. Son monde, à cet instant précis, avait la forme d'un rat.

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