La Saga des Sovrano

Chapitre 10

Chapitre 10 :

Madame Bonnemine et le Bureau du Fond de la Classe

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_... A apprendre en en vous amusant ?

Dolores Ombrage posa sa tasse de thé dans la soucoupe, et réussit l'exploit de plonger son regard dans celui du groupe d'élèves qui faisaient de leur mieux pour ne pas la regarder. Elle semblait attendre quelque chose.

Au bout de quarante secondes de silence pesant, ses sourcils se froncèrent légèrement.

_Etes-vous prêts… à apprendre en vous amusant ? Répéta-t-elle, lorsque lui parvint la pensée que la pause dramatique qu'elle avait effectué entre les deux chapitres avait peut-être nui à la compréhension de la phrase.

Un silence lourd de mépris s'aventura dans la classe, fit le tour, se gratta le menton en observant le paysage, et décida de s'installer durablement.

Personne ne répondit à la professeure.

Les yeux de Dolores clignèrent. Une fois.

Elle avait été prévenue. Les adolescents étaient des créatures naturellement paresseuses et ceux-ci, comme le lui avait dit Cornelius, possédaient une grossièreté et un caractère particulièrement abominable. La faute à Albus Dumbledore et son éducation désastreuse, évidemment.

Mais cela importait peu. Parce que Madame Bonnemine avait la solution.

Dolores Ombrage ouvrit son tiroir. Le frottement du bois se perdit dans l'atmosphère paisible et pourtant quelque peu inquiéte de la classe.

De ce tiroir, elle sortit une boite. Une boite en carton.

De cette boite, elle prit une craie. C'était une craie blanche, parfaitement conique, et en tous points identique aux onze autres craies de la boite en carton.

Sa petite craie à la main, elle reprit sa tasse de thé. Le faible filet de vapeur qui se laissait deviner au-dessus de la porcelaine indiquait que l'eau était encore chaude. Dolores sourit en remarquant cela. Elle n'aurait pas aimé que son thé soit froid.

Sa chaise ne fit pas un son quand elle la repoussa en se levant, car elle avait posé tasse et craie sur le bureau, précisément au centre, pour la soulever de ses mains.

Il n'y avait pas beaucoup de différence entre Dolores Ombrage assise et Dolores Ombrage debout. Elle ne fit pas cas des quelques gloussements qui répondirent à cet état de fait. Les gens comme Dolores Ombrage avaient apprit à ignorer les gloussements.

Elle reprit sa craie, dans la main droite, et sa tasse de thé, dans la main gauche.

Si qui que ce soit avait pensé à comparer la femme qui avait longuement discouru durant le diner de rentrée et la professeure qui se dirigeait à pas mesurés vers le tableau, ils n'auraient trouvés aucune différence. Dolores Ombrage était petite, grosse, rose et ridiculement maniérée. Les gloussements se poursuivirent en entendant le bruit que faisaient ses petits talons sur le vieux parquet de l'estrade.

Lentement, avec une précision mesurée, Dolores Ombrage porta sa tasse de thé à la bouche et but une gorgée. Elle buvait mal le thé, et un bruit d'air compressé se fit entendre.

Quelqu'un renifla avec moquerie.

Dolores Ombrage fit rouler la craie entre ses doigts boudinés, jusqu'à trouver la bonne position.

Dans son autre main, le thé ne refroidissait plus. Elle l'avait fini.

Elle garda la tasse.

Poc, fit la craie en s'appuyant contre le tableau noir de la salle de classe.