Chapitre 18

176 14 0
                                    


Chapitre 18 :

La Plume et les Menteurs

.

.

.

.

_Vous allez me faire écrire des lignes ? S'exclama Helmett d'un ton incrédule. Sérieusement ?

Le sourire de Dolores Ombrage ne vacilla pas d'un iota. Au centre du bureau, soigneusement installée entre elle et l'élève, deux longues plumes noires avaient été disposées quelques instants plus tôt

_Avant de tirer des conclusions hâtives, Monsieur Potter, dit-elle doucement, j'aimerais que vous me laissiez expliquer le principe de cette retenue.

Helmett se laissa aller contre le dos de la chaise, bras croisés, et dû retenir une grimace en sentant le bois rigide empêcher toute tentative de position décontractée. Rien dans l'expression de la professeure ne le montrait, mais il était sûr qu'elle jubilait intérieurement face à son inconfort.

L'adolescent se força à n'afficher qu'une moue neutre. Hors de question de lui donner la satisfaction d'être irrité par ses petits jeux !

_Je vous en prie, invita-t-il sans décroiser les bras. Expliquez-moi.

Un sourcil haussé lui montra qu'elle n'était pas dupe. Il dû empêcher un petit rictus triomphant de surgir en observant ses lèvres se pincer face à son insolence. Qu'est-ce qu'elle allait faire, maintenant ? Lui donner encore plus de lignes ?

Toutefois, la femme en face de lui ne fit aucune réflexion. A la place, elle planta tranquillement son regard dans le sien et commença à parler :

_Voyez-vous, Monsieur Potter, dans cette vie, il y a une chose que je déteste par-dessus tout, et cette chose, c'est le mensonge.

« Ca doit être dur de travailler pour Fudge alors… » Les mots manquèrent de rouler hors de la bouche d'Helmett -qui les retint juste à temps. Il voulait bien irriter sa professeure, mais il était conscient du danger de parler ainsi du Ministre de la Magie. En tout cas pour le moment.

_J'ai pardonné, et je pardonnerai, beaucoup, poursuivit Ombrage en gardant le même ton soigneux et impassible qu'elle avait dans ses classes, mais le mensonge, Monsieur Potter… non, le mensonge est, pour moi, le pire des crimes qu'un sorcier puisse commettre.

Helmett pouvait citer de tête une demi-douzaine de délits bien pires, et Hermione aurait très probablement eu son mot à dire sur le sujet, mais il avait le sentiment que le soliloque de la professeure n'avait pas prévu de place pour un débat éthique.

_Mentir, reprit la femme, c'est renier à son interlocuteur sa qualité d'égal, l'inférioriser, si vous voulez. Mentir, c'est se permettre de ne pas lui dire la vérité à l'autre, donc de mettre son intérêt avant celui de l'humanité, qui réside toujours dans la vérité. Et mentir, c'est avoir la conviction que l'autre est plus bête que soi ; suffisamment bête pour ne pas s'apercevoir du mensonge, et partir vivre sa vie en étant privé à tout jamais de la vérité.

Une seconde de silence s'écoula. Malgré elle, Dolores Ombrage battit des paupières, comme étonnée par la virulence soudaine de ses propos. Helmett haussa mentalement les sourcils. D'où voulait-elle en venir ?

_Mentir, conclut finalement la professeure, mentir… c'est être abject.

Le venin qui s'égouttait du mot contrastait violemment avec le calme clinique qui imbibait sa voix.

Toujours perplexe, Helmett se contenta de la regarder et d'attendre la suite.

_Et voici que vous, Monsieur Potter, vous trouvez à présent dans mon bureau pour - avoir – dit – des - mensonges.

La Saga des SovranoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant