Chapitre 33

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Chapitre 33 : Le poids du déluge.

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Au travers du silence, douze coups se décantèrent lentement. Douze coups d'un jour à un autre. Douze coups pour laisser le passé dans l'ombre et se tourner vers l'aube. Douze coups pour plonger dans l'abysse et ne jamais revenir. Douze coups pour choisir.

Douze respirations.

Une. Choc. Harry regarda Cédric. Cédric au sol, Cédric qui l'avait fait trébuché, Cédric qui le fixait sans comprendre.

Deux. Déni. Cédric. Cédric allait se relever. Cédric allait prendre un mouchoir et effacer tout ce sang sous sa gorge. Cédric allait venir le voir. Cédric allait se cacher avec lui. Cédric allait l'aider à accomplir sa mission.

Trois. Attente. Puis approche. Un bruit quasiment inaudible ; celui de l'herbe folle qui ployait sous les pas d'Harry. A des dimensions de là, le vent faisait chanter l'if. Cédric s'approcha. Un mètre, deux mètres –contact. Des chaussures buttèrent doucement contre une masse molle. Un tressaillement.

Quatre. Vide. Une chute sans grâce. Des genoux mouillés par le sol boueux. Un pantalon foutu. Une main vers un corps. Les yeux verts d'Harry ne clignaient pas.

Cinq. Rouge. Rouge la main d'Harry quand elle effleura le sourire trop grand sur la gorge de Cédric. Rouge la terre aux alentours. Rouge le trou dans son torse. Rouge son cœur arraché. Rouge, rouge, rouge.

Six. Décision. Il fallait un mouchoir. Harry en sortit un de sa poche. Un grand mouchoir, un beau mouchoir d'un vert irisé. Il fallait nettoyer tout ça, c'était ridicule. En plus il en avait mit partout sur ses vêtements, ce cochon de Poufsouffle.

Quel abruti.

Sept. Sourire. Eh ben voilà, ça partait. Ça partait sur ses mains, sur ses manches, dans ses bras, dans sa bouche. Peu importe. Harry voulait bien être couvert de rouge si ça voulait dire que Cédric n'en avait plus. Le mouchoir était poisseux. Ce n'était plus un bon mouchoir. Harry le jeta sur le côté. Il devrait s'en acheter un autre. Un mieux.

Un qui pourrait enlever tout le rouge.

Huit. Collant. Collantes ses mains toutes rouges. Collante la terre du cimetière. Collante la gorge de Cédric. Le rouge sortait encore. Plus Harry appuyait ses mains pour le faire rentrer, plus il sortait. Pourquoi est-ce qu'il sortait ? Pourquoi- Pourquoi- POURQUOI ?

Neuf. Calme. Il devait rester calme. Appliquer les leçons de Gaby. Le cœur. Il fallait entendre les battements du cœur. Si le cœur battait, le rouge pourrait rentrer. Si le cœur battait, Harry pourrait enlever le rouge. Si le cœur battait, Cédric se lèverait. Gaby avait toujours raison. Et il avait toujours écouté Gaby.

Une oreille contre la poitrine. Il fallait trouver la partition primaire. Trouver le cœur.

Dix. Silence. Silence chez Harry. Silence dans le cimetière. Silence dans le monde. Silence, silence, silence.

Silence dans le cœur de Cédric.

Onze. Bruit.

La Saga des SovranoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant