Chapitre 34 : Tous les silences du monde (rugissent entre nous.)
.
.
.
.
Humidité. Crasse. Pierre. Azkaban la veule, au milieu des flots.
La forteresse des damnés vibrait au son des cris, s'en nourrissant comme un enfant de lait maternel. Les gueules métalliques des Détraqueurs se montraient dans les couloirs. La danse aurait du être habituelle, réglée comme une horloge sinistre ; mais aujourd'hui ils ignoraient les rondes et les rares gardes humains qui tentaient de les rappeler à l'ordre. Balayant le sol humide jonché d'urine et de vomi, ils avançaient tous dans une hâte qui leur était rare. Sous les capes miteuses, des semblants de mains décharnées et rongées par une peste éternelle se tendaient avidement.
Comme un bateau suit le phare dans la nuit, comme un insecte se jette sur la lanterne qui le brule, ils avançaient d'un même pas vers le dernier étage de la prison, vers la plus haute cellule de la plus haute tour.
Là, à peine protégé du vent et de la pluie par les toits percés, engoncé dans une tunique qui avait perdue toute couleur, trempant dans sa propre sueur, se trouvait le prisonnier le plus dangereux et le plus haïe de toute la Grande-Bretagne.
Treize ans qu'il était là. Treize ans qu'Azkaban la terrible l'avait dépouillé de son passé, son présent et son futur. Treize ans que plus personne n'avait pensé le prisonnier numéro 7 comme une menace.
Treize ans que Bellatrix Lestrange n'avait plus existé.
Mais cette nuit-là, debout dans sa cellule, pieds nus de chaussures et de peau plantés sur l'immonde limon du sol, elle avait levé la tête et pour la première fois avait défié le ciel, la terre, les Détraqueurs.
La masse grise l'épiait derrière les barreaux. Les museaux étaient sortis. Il aurait suffit qu'ils osent, qu'ils osent franchir les murs pour se jeter sur elle et la dépouiller de son âme.
Ils n'osaient pas.
Les râles étaient assourdissants. Des étages plus bas, les prisonniers hurlaient en continu dans leur sommeil sans rêve, un vieux reste de terreur les submergeant sous l'influence forcenée que les Détraqueurs exerçaient.
Et face à eux, face au monde, Bellatrix riait.
Il gonflait de seconde en seconde, toujours plus clair, toujours plus lucide, toujours plus triomphant. Le vent qui fouettait ses cheveux aurait pu n'être qu'un souffle, les flots déchainaient qui léchaient les murs de pierre une vaguelette d'été, les cris des autres prisonniers des murmures d'enfant qu'il n'aurait pas été mieux entendu.
Le rire de Bellatrix s'imposait à Azkaban, aux Détraqueurs, aux dieux, à l'univers. Et tous écoutaient.
Sur son avant-bras gauche, la marque des Ténèbres rougeoyait.
.
sSs
.
Le Manoir Malfoy était plongé dans l'obscurité. Seule lueur au fin fond des couloirs, la chandelle qui finissait lentement de bruler. Une goutte de cire roula lentement le long de la bougie ivoirine. La flamme restait droite, jetant la lumière sur la surface déserte du bureau de Lucius Malfoy.
Avachi dans son somptueux fauteuil en soie, il avait fermé les yeux dans une illusion de concentration.
Un bruit. Sans se retourner, il devina que la propriétaire des pas légers qui venait de pénétrer dans l'office arrivait vers lui.
VOUS LISEZ
La Saga des Sovrano
FanfictionEt si Harry avait eu un frère ? Et s'il avait été abandonné ? Et si James et Lily étaient toujours vivants ? Deux enfants arrivent à Poudlard. Ils ont une régle : "Ne fais jamais confiance aux adultes, Harry. C'est tous des cons, tu te souviens ?""O...
