Chapitre 35

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Chapitre 35 : Le prix des morts

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Dans l'étreinte de la nuit tout est lent, embourbé par le poids des cauchemars des hommes. Dans l'étreinte de la nuit il n'y a pas de place pour la paix ; seulement des remords qui ont la couleur de l'eau saumâtre ; seulement des regrets qui se glissent sur les langues avec la trompeuse douceur du fiel ; seulement des rêves avortés et des larmes résignées. Et, au plus profond, la haine qui déroule ses longues têtes d'Hydre à l'unique lueur de la folie.

Dans l'étreinte de la nuit il n'y a de place que pour ceux qui ont regardé l'abysse ; ceux que l'abysse a engloutie sans un bruit et qui fixent leur absence de ciel avec de la bile sur les lèvres et dans les yeux.

L'abysse avait mangé Harry Sovrano.

Malheureusement pour elle, tous les mercenaires avaient des couteaux.

Un geste ample déchira l'étreinte de la nuit, rejetant la bile, les remords, les regrets et les rêves déçus. Au fond de l'abysse une plaie béante s'ouvrit pour laisser passer un garçon qui avait des yeux Impardonnables.

Dans un arc terrible qui illumina tout le cimetière, l'Avada Kedavra fondit sur Lord Voldemort.

Le temps se figea. Décontenancé. Pétrifié. Incrédule.

Curieuse, la Lune fit partir les nuages pour mieux y voir. Même la pluie au gout de cendres qui tombait se clairsema pour que tous puissent s'attabler au spectacle.

Un serpent s'effondra en poussière. Voldemort baissa sa baguette. Pour la première fois naissait une lueur déstabilisée dans ses yeux.

Il y avait du sang et de la boue sur le visage d'Harry Sovrano. Du sang, de la boue et un reniflement méprisant.

_Ne pas être l'Elu. Sérieusement, c'est tout ce que tu peux trouver comme menace ?

Il passa une main dans ses cheveux. Derrière lui, Helmett reprenait lentement ses esprits. Il se leva, vacillant un peu sur ses jambes ankylosées, pour comprendre ce qui se passait. Harry… que faisait Harry, au juste ?

_Oh quelle horreur, poursuivait l'adolescent sans un regard pour son frère. Je ne suis pas désigné par la prophétie d'une vieille alcoolique ! Comment vais-je réussir à vivre sans titre ronflant ? Comment, par Morgane, puis-je supporter de n'être que moi ? Le drame ! La tragédie !

Se fut plus fort que lui.

Helmett rit.

Oubliant le cimetière, oubliant que le plus terrifiant sorcier de tous les temps se tenait à à peine dix mètres de lui, oubliant les ombres effroyables qui dansaient dans les pupilles d'Harry, oubliant sa peur et ses faiblesses, il rit.

Parce qu'au fond, peu importaient le contexte et les circonstances : Harry Sovrano était toujours un petit emmerdeur.

Et ce soir-là, Helmett se dit qu'il avait bien envie d'en être un aussi.

Faisant quelque pas au milieu du silence, il ramassa les morceaux de sa baguette et fixa Voldemort avec toute la suffisance qu'il pouvait avoir.

_Tout le monde se fout de l'Elu, vous savez.

Peut-être était-ce toute l'horreur de la soirée, peut-être était-ce la folie qui s'emparait de lui, ou peut-être un espoir insensé qu'Harry avait un plan, mais Helmett se sentait soudainement combattif. Agrippant sa baguette au milieu pour tenter de tenir les deux morceaux le plus près possible, il se plaça au même niveau que le Serpentard.

La Saga des SovranoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant