Chapitre 36

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Chapitre 36 : Le son des adieux.

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La réalité se déchira autour d'Harry.

Pendant une seconde d'agonie ses oreilles se remplirent d'un bruit blanc ; sa bouche s'ouvrit pour ne laisser passer que le silence ; ses yeux ouverts affrontaient le tourbillon de couleurs et d'images déformées qui passaient devant lui dans une valse infernale. Sa tête brulait sous la masse d'informations incohérentes qu'il recevait. Et, lancinante, sa blessure cisaillait ses nerfs sous le cataplasme de sang séché et de boue.

Puis, de manière presque impertinente, un brin d'herbe lui rentra dans le nez.

Son cerveau mit quelques secondes à assimiler l'information. Ses maux de tête refluèrent et même la douleur de sa plaie sembla se faire secondaire alors qu'il clignait lentement les yeux, surpris. Du gazon ?

A quelques centimètres de lui, une haie. Plus loin, étrangement agités, des gens criaient.

En fond, un château familier qu'Harry n'avait jamais été aussi heureux de revoir.

Poudlard. Ils étaient à Poudlard. Ils avaient réussi. Ils étaient revenus. Ils étaient tous en vie. Tous. Presque tous.

Mais il serait temps de réaliser plus tard ; brutalement, l'épuisement enveloppait Harry dans une étreinte d'acier. Il voulut combattre les tonnes que pesaient ses paupières, se relever, rien n'était fini, il fallait retrouver Cédric, il fallait le sauver, il fallait avertir Scath, Neville et Luna, il fallait aller trouver Gaby, il fallait leur dire, à tous, ce qui s'était passé, il fallait-

Harry voulut s'appuyer sur ses coudes pour se lever. Il voulut retrouver la détermination qui lui avait permit de survivre une fraction de seconde auparavant. Il voulut se battre. Encore.

Mais Harry avait quatorze ans. Harry avait affronté le cadavre de son ami, Harry avait vieillit de cent siècles en cent secondes, Harry avait vu le vert de la haine et le rouge des yeux de Lord Voldemort, et Harry avait quatorze ans.

Avec la terrible inéluctabilité du sommeil, ses paupières se fermèrent. Sa respiration s'apaisa.

Il ne put jamais se défendre contre la main qui glissa un Portoloin dans la sienne.

Personne ne vit le jeune garçon qui disparut brusquement du labyrinthe.

Personne ne vit le sourire satisfait de Maugrey Fol-Œil quand il vint vers la foule qui entourait Helmett Potter.

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Confusion. Désarrois. Tumulte. Terreur.

Et, soudainement, cinq sens qui répondaient à nouveau.

Un. Le toucher. La terre battue et sèche sous ses doigts. La poussière dans ses ongles. Les graviers contre sa paume.

Deux. Le gout. Celui de l'oxygène dans ses poumons. L'inspiration vitale. Pleine. Délivrée. L'air coupant d'une nuit sans pluie. Pas de pluie. Pas de pluie.

Trois. L'odorat. La sueur de dizaines d'étrangers. Le sang coagulé. La fraîcheur des plantes grasses aux alentours.

Quatre. La vue. Une masse indistincte qui glissait vers lui. Le sol brun et poussiéreux. Des haies vertes et foncées. Le ciel. Le ciel infini, troué d'étoiles. Le ciel qui n'avait pas changé. Ce ciel ennemi qui avait tout vu et n'avait rien fait.

La Saga des SovranoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant