Le jeudi, je sortis de la salle de chorégraphie pour remplir ma bouteille. En passant devant la fontaine, je tombai sur les garçons, qui sortaient de l’entraînement. Avant même d’avoir eu le temps de leur dire bonjour, Romain m’attrapa le bras.
- C’est quoi, ça ? gronda t-il en regardant la tâche violacée.
Je m’aperçus trop tard que j’étais en débardeur. Les regards de David et Danick suivirent celui de Romain et j’eus envie de disparaître.
- Rien, mentis-je en me dégageant. Je me suis cognée.
- Tu t’es cognée ? répéta Romain avec scepticisme.
- Oui, ça arrive.
Je n’attendis pas sa réponse et je tournai les talons pour filer dans le couloir.
- Vous m’attendez deux minutes ? entendis-je.
Romain me suivit et m’entraîna dans les vestiaires, vides à cette heure-ci.
- Arrête, Romain ! Je me suis cognée dans un meuble, pourquoi tu en fais tout un drame ?
- Me prend pas pour un con, lâcha t-il en me faisant asseoir sur le banc.
Il prit de nouveau mon bras et examina la forme de l’hématome.
- Tu m’expliques comment un meuble peut laisser des marques de doigts ? C’est lui ?
Résignée, je lui fis signe que oui.
- Raconte-moi ce qu'il s’est passé immédiatement, m’ordonna Romain.
Il tentait de contenir sa colère. Je lui racontai brièvement.
- S’il te plait, Romain, n’y vas pas, le suppliai-je. Je vais aller voir les flics, je te promets, mais…
- C’est pas d’une plainte au cul dont il a besoin, c’est d’une bonne raclée !
Il était hors de lui, il bouillonnait littéralement.
- Tu m’en empêcheras pas, laisse tomber.
- Romain, dis-je en élevant le ton, je…
- Toi, tu retournes à l’entraînement, je repasse te chercher tout à l’heure, tu ne rentres pas seule. Et c’est pas une question.
Sur ce, il passa la porte et me laissa seule dans les vestiaires.
***
Romain rejoignit David et Danick dans le hall, furieux.
- Je vais le buter.
- J’en conclus qu’elle ne s’est pas cognée ? devina David.
- Non, il était devant chez elle mardi soir.
- Il l’a frappée ? demanda Danick d’une voix sourde.
- Il l’a bien bousculée, cet enfoiré, ragea Romain. Dan, tu me déposes ? Je reviendrais chercher Alicia avec la voiture de Margot. Je ne veux pas qu’elle rentre seule.
- Ok.
Ils montèrent tous les trois dans la voiture.
- Qu’est-ce qu’il lui veut ce type ? demanda Dan.
- Il est toujours amoureux, répondit David.
- T’appelle ça de l’amour, toi ? fulmina Romain.
- Bien sûr que non mais, Yann, c’est probablement comme ça qu’il le conçoit. C’est un camé.
- Un camé ? s’étonna Danick.
- Il l’est devenu quand Alicia l’a quitté, lui apprit David.
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Canada Blues
General FictionElle est danseuse. Il est hockeyeur. Un vrai coup de foudre. Mais cela sera-t-il suffisant pour surmonter les épreuves qui les attendent?
