Samedi 25 mai 2013

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Le jour du match contre l’équipe finlandaise était arrivé. D’ordinaire, j’aurais été heureuse à cette pensée. Match amical donc ambiance détendue et fin de soirée en compagnie de nos adversaires, bon enfant. Mais aujourd’hui, je ne parvenais qu’à me dire que ce serait son dernier match à l'Harmonium, son dernier match au sein des Condors, dans ma ville, près de moi. Une horrible pensée me traversa alors l’esprit. Serait-ce la dernière soirée ou j’aurais la chance de le croiser, de le voir ? Je m’agrippai au rebord du meuble télé, en proie aux vertiges. Je devais repousser cette idée ou mon cœur risquait de s’arrêter de battre à tout moment.

J’arrivais à l'Harmonium vers 19h, déprimée. J’aurais tellement voulu pouvoir observer Dan tout mon soul, seule. Au lieu de ça, j’allais devoir le partager avec 3000 personnes. Je n’avais pas envie de me mêler aux fans, j’aurais de loin préféré m’enfermer dans une des loges VIP et profiter du spectacle dans le calme. Malheureusement, quelques amis, auxquels j’avais obtenu des places dans les gradins VIP, devaient me rejoindre. Kelly bien sur, mais aussi mes amis Nathan, Yohann et Victor, ainsi que quelques autres joueurs des Warriors. Je m’installai tout en haut du gradin R, presque invisible, et suivis l’échauffement des deux équipes. Les Finlandais ne semblaient pas trop inquiétants. D’autant plus que l’équipe des Condors, bien que réduite en effectif, était en pleine forme. Je repérai Dan dans un coin de la glace, avec Romain. Dan glissa un mot à l’oreille de mon cousin en désignant du menton l’un des joueurs finlandais. Je ne distinguai pas lequel. Mon téléphone vibra. Kelly était arrivée et m’attendait à l’entrée. Je me levai et sortis sur le parvis. Nous attendîmes que les autres nous rejoignent et je distribuai les places. Ils me remercièrent, excepté Anna, la secrétaire des Warriors, qui s’était montrée particulièrement curieuse au barbecue. Je ne m’en formalisai pas, je n’avais que faire de ses états d’âme. Lorsque nous primes place dans les gradins, les joueurs étaient rentrés aux vestiaires. Mathieu fit irruption sur la glace et commença à énoncer le nom des joueurs. Lorsque les Condors firent leur apparition, le public se leva avec enthousiasme et je l’imitai sans grande conviction. Les joueurs regagnèrent le banc et mon regard tomba sur Dan. Il le remarqua et s’avança vers le plexiglas. Il me fit un clin d’œil et me demanda comment j’allais.

-         Ça va. Tu es en forme ?

Il acquiesça et me dévisagea pensivement. Puis un petit sourire éclaira son beau visage.

-         Qu’est-ce que je pourrais faire pour te convaincre de partir avec moi ? Soupira t-il, espiègle.

Mon cœur s’accéléra. J’étais affreusement consciente des yeux et des oreilles des mes amis, concentrés sur notre discussion. Je décidai de répondre avec le même ton léger.

-         Un triplé, le provoquai-je en souriant.

-         Ah, ça c’est une bonne idée ! S’exclama David en riant tandis que Dan se mordait l’intérieur de la joue, sans se départir de son sourire.

-         OK, lâcha Dan en plongeant un regard de défi dans le mien.

Je lus dans ses yeux qu’il prenait le défi au sérieux et que s’il y parvenait, je risquais d’en entendre parler.

-         Alors, en piste, l’artiste, ris-je pour cacher mon trouble.

-         Hé coach ! Cria David. Prépare le champagne, Dan est motivé comme jamais !

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