Dan n’avait pas dormi de la nuit. Il s’était plongé dans les cartons, que passeraient chercher les déménageurs plus tard dans la journée. Ses affaires étaient presque toutes emballées. Il se laissa tomber sur le canapé et jeta un coup d’œil autour de lui. L’appart était vide. Son appart. Leur appart. Ils s’étaient sentis chez eux ici. Sans elle, ce lieu ne signifiait plus rien. Il n’était pas nécessaire de s’y attarder.
Romain ne tarderait pas. Dan ferma sa valise et s’assit sur le parquet, au beau milieu du salon vide. Le silence était pesant. Il la revit assise en tailleur sur le canapé, son bol de céréales à la main et les cheveux encore ébouriffés du matin. Tellement belle et désirable.
La sonnerie retentit. Dan se releva et ouvrit à Romain.
- Salut mon pote, le salua son ami. T’es prêt ?
- Ouais. On y va.
Dan prit sa valise, jeta un dernier regard à la pièce et ferma la porte derrière lui. Il avait l’impression d’y laisser une partie de lui. C’était le cas. Il la laissait, elle.
Il fourra sa valise dans le coffre et Romain démarra. Au bout d’un instant de silence, Romain se tourna vers lui en fronçant les sourcils.
- Qu’est que tu as ?
Dan poussa un soupir de découragement et se concentra sur sa respiration pour ne pas se laisser déborder par ses émotions.
- Alie est passé me rendre les clefs hier.
Romain lui jeta un coup d’œil inquiet.
- Les au revoir n’ont pas du être faciles.
- Ça dépend pour qui, lâcha Dan.
- C’est-a-dire ?
- Je ne voulais plus partir. Je ne veux plus partir. Sérieusement Romain, ajouta Dan en se tournant vers son ami, c’est elle que j’ai choisi. Peu importe la Team Canada, peu importe le Québec. Je laisserais tout tomber pour elle.
Romain afficha un air perplexe.
- Ok… alors, qu’est ce qu’on fout dans cette bagnole ?
- Elle m’a jeté.
Romain tourna brusquement la tête vers lui. Il lança un regard sceptique et interrogateur à son ami avant de reporter son attention sur la route.
- Elle t’a jeté ?
- Elle m’a dit de l’oublier. De passer à autre chose. Que ça n’avait été qu’une « parenthèse ».
Romain garda le silence un instant avant de lâcher :
- Je suis désolé.
Dan s’agita sur son siège.
- Ça n’a pas l’air d’avoir autant compté pour elle, continua t-il. Dis moi franchement, ajouta t-il en se tournant vers Romain, il y a quelqu’un d’autre ?
Romain secoua la tête, semblant surpris.
- Bien sûr que non. Elle est aussi mal que toi.
- Ce n’est pas l’impression qu’elle m’a donné.
Romain ne sut pas quoi répondre. Son ami semblait au bord des larmes.
***
Les bagages enregistrés, Dan et Romain se dirigèrent vers la porte d’embarquement. Le vol pour Montréal décollait dans 20 minutes, les derniers passagers passaient la porte. Dan se secoua et se tourna vers Romain. Ils se donnèrent l’accolade.
- A bientôt, merci de m’avoir amené.
- De rien, mon pote. Je verrais si je peux venir faire un tour de l'autre côté de l'Atlantique.
- J’espère bien. Et…je sais que je n’ai pas besoin de te le dire mais fais attention à elle.
Romain sourit.
- Non, tu n’as pas besoin.
Ils se saluèrent une dernière fois et Dan passa la porte sans se retourner. Romain s’attarda un moment devant les baies vitrées qui donnaient sur le tarmac. L’avion de Dan venait de fermer ses portes. Dans quelques minutes, il partirait vers la piste de décollage. Romain n’était pas du genre à se démoraliser facilement mais, pour le coup, le départ de son ami dans ces circonstances lui mettait le moral dans les chaussettes. Qu’est-ce qui avait bien pu passer par la tête de sa cousine ? Il sortit son téléphone.
***
Je n’étais pas allé travailler. Je n’avais pas la force de sortir et de jouer une pitoyable comédie. Dan était-il déjà parti ? Cette question tournait en boucle dans mon crâne, prêt à exploser. Mon téléphone sonna. C’était lui. Il appelait pour me dire qu’il n’était pas monté dans l’avion et qu’il revenait. Non, c’était Romain. Je répondis machinalement.
- Allô ? Dis-je d’une voix éraillée.
- J’espère que tu as pris la bonne décision. Il vient de décoller.
Mon cœur s’arrêta de battre. L’oxygène me manqua. Mon téléphone s’écrasa sur le sol et je tombai à mon tour. Mes genoux claquèrent brutalement sur le balatum mais je ne sentis pas la douleur. Elle était tellement dérisoire face à celle qui me dévorait le cœur. Il était parti. Mon bonheur, mes espoirs, mes rêves, mon avenir, ma vie. Envolés, réduits à néant, dénués de sens et d’intérêt. Je hurlai mon chagrin et mon désespoir. Je n’avais plus rien. Et c’était de ma faute.
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Dites moi ce que vous avez pensé de cette première partie. Si les retours sont bons, un tome 2 suivra!
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Canada Blues
General FictionElle est danseuse. Il est hockeyeur. Un vrai coup de foudre. Mais cela sera-t-il suffisant pour surmonter les épreuves qui les attendent?