Samedi 1er septembre 2012

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Comme je pouvais m’y attendre, mes quelques heures de sommeil furent loin d’être suffisantes. J’eus beaucoup de mal à émerger et à suivre l’entraînement qui fut particulièrement intense. Heureusement pour moi, pas de représentation avant un mois. L’entraînement terminé, je pris ma douche rapidement et, ayant récupéré ma voiture au garage, je passai faire quelques courses.

Rentrée à l’appart, je dévorai mes pâtes carbonara. J’hésitai sur mon programme de la soirée. Sortir ou rester confortablement installée dans mon canapé ? Dur dilemme.

Je consultai mon portable. Pas de message de mon cousin. Étonnant. Nous fêtions l’anniversaire de David le week-end prochain, ce serait probablement épuisant. Autant se reposer. Je passai donc mon après-midi à regarder des séries et à faire un peu de ménage, rien que le minimum syndical.

Je me connectai sur le site de hockey hebdo pour suivre le live du match Rouen-Grenoble à la radio. L’animateur annonça le coup d’envoi dans dix minutes. Mon téléphone sonna.

-         Hé, ça va, cousine ?

Ah, je me disais aussi.

-         Ça va et toi ?

-         Ouais, tu fais quoi ?

-         Rien, je bulle chez moi.

-         On peut passer ?

Je m’interrogeai immédiatement sur la contenance de ce « on ». Danick en faisait-il parti ? Mon cœur loupa un battement à cette pensée. Instinctivement, je jetai un coup d’œil à mon appart. Il était raisonnablement propre et rangé. Je jetai également un regard à mon reflet dans le miroir. Là, il y avait du boulot, par contre…

-         Oui, pas de souci.

-         A tout à l'heure.
 
Romain raccrocha. Ils seraient là d’ici une petite demi-heure. Je me précipitai vers la salle de bains et j’allumai rapidement mon lisseur. N’ayant pas le temps de lisser intégralement ma tignasse, je ne m’occupai que des mèches de devant et relevai le reste avec ma pince. J’ajoutai un léger trait d’eye-liner. En repassant devant mon miroir, j’avisai mon tee-shirt informe à l’effigie de Snoopy et mon jogging. Une vraie racaille des bacs à sable. Je me dirigeai en quatrième vitesse dans ma chambre et retournai sans ménagement mes tiroirs. Le tout était de dénicher une tenue un peu plus glamour, mais sans oublier que j’étais sensée être en mode « télé-canapé ». J’enfilai un leggin noir et une tunique. Ultime inspection lorsque je passai une nouvelle fois devant mon miroir. C’était acceptable.

Je pris place sur la méridienne. Le match venait de débuter. Je laissai la télé allumée mais en sourdine et tentai de me concentrer sur les commentaires de match. Peine perdue, mes pensées se dirigeaient inlassablement vers Danick. Allait-il me faire la bise en arrivant ? Un frisson me parcourut à cette pensée. Serait-il seulement là ? Et si ce n’était pas le cas ? « T’es grave, pensai-je, tu ne tiens déjà plus en place ».
Si Danick ne les accompagnait pas, ce serait probablement la première fois que je serais déçue de voir David et mon cousin.
 
Il fallait que je m’occupe l’esprit. Je tirai du dessous de ma table basse la sacoche qui contenait mon nécessaire à manucure. Faire mes ongles, voilà qui m’empêcherait de penser. Tandis que je m’appliquai à vernir mes orteils, mon téléphone m’annonça l’arrivée d’un message. M’attendant à un message de Romain, j’eus la désagréable surprise de voir qu’il s’agissait de Yann.

« J’ai envie de toi, ma chérie. Je passerai sûrement te rendre une petite visite bientôt… ».

Un accès d’angoisse puis de colère me submergea. Quel con, ce type ! Je recevais ce genre de message presque toutes les semaines, depuis près de 6 mois. Et Yann avait déjà mit ses menaces à exécution. Il n’hésitait pas à m’attendre en bas de mon immeuble ou, encore plus gênant, devant l’Harmonium. Il m’avait suivi en voiture ou à pied un nombre incalculable de fois. Il y avait encore quelques semaines, il ne m’avait jamais fait peur. Mais je sentais que son état empirait, je craignais qu’il perde complètement les pédales. La dernière fois que j’avais eu le malheur de le croiser, ses yeux étaient cernés de noir, sa peau blafarde et il affichait une expression de pur…sadisme. Il avait décidé que je lui appartenais. Des mois après notre séparation, la situation continuait de s’envenimer.
Yann avait été un homme tellement agréable… Comment aurais-je pu passer deux ans de ma vie avec lui sinon ? Mais la drogue avait eu raison de lui.

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