Canada Blues

Lundi 24 septembre 2012

Je n’eus jamais autant de mal à quitter un lit que le lendemain matin. Mon réveil sonna à 7 heures. Danick remua mais ne se réveilla pas. Je l’observai un instant, émerveillée. Je caressai sa joue mal rasée et y déposai un léger baiser. Je m’obligeai à sortir du lit et descendis silencieusement les escaliers. Je passai rapidement par la salle de bain, avalai un jus d’orange et deux biscuits. J’aperçus un stylo et un bloc note à côté du micro-onde. Je gribouillai un petit mot.

«  Bonjour, beau brun. J’espère que tu as passé une bonne nuit. La mienne fut magique. Passe une bonne journée, tu me manques déjà. Je t’embrasse ».

***

Danick se réveilla soudainement. Il tourna la tête vers Alicia mais elle était déjà partie. L’horloge digitale indiquait 7h50. Il se leva et descendit lentement les escaliers, la tête encore pleine des images de ce week-end. Lorsqu’il arriva dans la cuisine, le bloc note posé en évidence sur le bar attira son attention. Lorsqu’il lut les quelques lignes, son visage s’éclaira. Cette fille, il l’avait dans la peau. Elle était tellement…elle.

Danick secoua la tête en souriant. Il enfila rapidement un jogging et sortit pour un footing. Il avait toujours apprécié courir de bon matin. Ça avait toujours été un moyen de commencer la journée sereinement et de se vider l’esprit. Mais cette fois-ci, l’effet de ses foulées sur le bitume eut moins d’impact. Sa course lui faisait du bien mais il ne parvenait pas à fermer son esprit comme d’habitude. Elle était trop présente, son rire, son odeur, son magnifique visage tellement vif et intense… Son image s’était imprimée sur ses prunelles et il avait l’impression que plus jamais elle ne s’effacerait. Ses pensées n’étaient focalisées que sur son irrépressible envie de courir la rejoindre et de la serrer dans ses bras pour que plus jamais elle ne s’éloigne. Il n’avait jamais ressenti une telle attirance, une telle fusion avec une autre. Danick ne put empêcher le sourire qui lui monta aux lèvres. Il s’était toujours dit qu’il était trop fleur bleue. Ses amis, David le premier, avaient toujours pensé qu’il était trop exigeant, à rechercher toujours la perfection. Il rit de lui-même et secoua la tête. Il était persuadé qu’il l’avait enfin trouvé.

Danick tourna le coin de la rue, traversa le petit parc et revint sur ses pas en trottinant. Il fit les derniers mètres en marchant et remonta à son appartement.

Il pianota rapidement sur le clavier de son téléphone.

«Salut princesse. Ma nuit fut parfaite, comme toi. Tu ne quittes pas mes pensées. Passe une bonne journée, je t’embrasse fort ».

Danick fila sous la douche et se rendit compte, amusé, qu’il chantonnait. Elle lui faisait vraiment un effet dingue. Il prit un copieux déjeuner, attrapa son sac de hockey et sortit.

Il arriva à l'Harmonium pour l‘entrainement vers 10h. Il se promit d’être concentré, ou tout du moins d’essayer. Après tout, il était d’abord venu en France pour sa carrière. Le hockey devait rester une priorité... Danick essaya d’ignorer la petite voix moqueuse qui trottait dans un coin de sa tête.

Il tomba sur David dans les vestiaires.

-         Salut.

-         Salut, en forme ? Tu as passé un bon week-end ? Enchaina David avec une œillade.

-         Excellent, répondit Danick.

-         On dirait, acquiesça David en souriant.

Danick s’assit sur le banc et commença à sortir ses affaires.

-         Je suis amoureux, mon pote, lâcha t-il.

David ouvrit de grands yeux et se mit à rire. Il tapa dans l’épaule de son ami.

-         T’es sérieux ? A ce point là ?

-         Oui, je suis sérieux, affirma Danick.

David prit place sur le banc et se mit à lacer ses patins.

-         Et elle le sait ?

-         Non, je préfère le garder encore un peu pour moi. Tu me connais, j’aime pas aller trop vite.

Il adressa un clin d’œil à son ami.

-         Et je suppose que je suis le seul à être dans la confidence ? Devina David.

-         Oui, Romain est tenu au secret, si c’est ce que tu veux savoir. Je la laisse gérer, ajouta t-il avec un regard de connivence à David.

Il savait que ce dernier était déjà en train de se jouer la scène de Romain qui découvre que sa cousine sort avec un collègue et un ami.

-         Ah, j’ai hâte d’y être ! S’enthousiasma t-il. Ça va être épique !

David esquissa un crochet et s’attira les regards curieux des autres joueurs déjà arrivés. Danick secoua la tête, amusé et résigné par l’attitude de son ami.

-         Je te demande pas si vous avez consommé ? Continua t-il sur le même ton.

-         C’est bon, arrête tes conneries, grogna Danick en voyant Romain approcher.

Il plongea la tête dans son sac pour cacher son sourire.

-         Salut les gonzesses, claironna Romain.

Il tapa dans le poing de Danick puis de David et lâcha son sac à leurs pieds.

-         Qu’est-ce que t’as à te marrer ? S’enquit Romain en se tournant vers David.

-         Rien, c’est Dan qui vient de m’en raconter une bonne.

-         On peut savoir ?

Danick lança un regard meurtrier à David. Par chance, le téléphone de Romain sonna et il ne chercha pas à en savoir davantage.

***

Je passais une semaine simplement parfaite. Je ne rentrais pas chez moi de la semaine. Danick et moi nous retrouvâmes tous les soirs, plus ou moins tard au gré de nos emplois du temps. Nos retrouvailles me transportaient autant jour après jour. Je planais sur mon petit nuage, complètement hermétique à tout ce qui ne touchait pas à Danick. Je baladais mon visage d’autiste heureuse, sans me soucier du reste du monde. Je ne me levais le matin que pour retrouver Danick le soir et replonger dans notre monde. Je ne savais pas que la vie pouvait être aussi facile.

Danick débordait d’attention pour moi. J’avais l’impression d’être une reine. Je ne me lassais pas non plus de prendre soin de lui ; nos petites attentions mutuelles nous venaient naturellement. Nous nous découvrions au fur et à mesure du temps que nous passions ensemble, chaque jour apportait ses nouvelles histoires, ses nouvelles surprises. Et chaque chose que j’apprenais sur Danick m’attirait encore davantage.