Samedi 30 mars 2013

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La finale de la ligue Magnus était enfin arrivée. Les Condors la disputeraient face à Grenoble. J'arrivai à l'Harmonium une bonne heure avant. La patinoire était déjà bien remplie et l'ambiance promettait d'être au top. Je partis rejoindre le kop qui buvait un verre à la buvette, en s'échauffant la voix. Ils m'accueillirent chaleureusement et s'enquirent de l'état des joueurs.

- Ils sont en forme, je crois.

- Y a intérêt ! S'exclama Benoît. Cette année, c'est la bonne ! J'espère que ton homme va encore faire des miracles, ajouta t-il avec un clin d'œil.

- J'espère aussi.

- Allez, bois un coup !

Il me donna un verre de bière et nous trinquâmes avec toute la troupe. Puis je redescendis pour assister à la fin de l'échauffement. Les garçons m'avaient semblé dans un excellent état d'esprit dans la journée et j'espérais que cela allait durer.

Le match commença très fort. Les deux équipes étaient déchaînées et les attaques et contre-attaques s'enchainaient. A la fin du premier tiers, il y avait égalité à 2-2. Dan avait ouvert le score, suivit de Fabien.

Le deuxième tiers fut plus calme. Les deux équipes ayant probablement eu la consigne de jouer en défense et de s'économiser pour le dernier tiers, il n'y eu aucun but. Le suspense était donc encore entier.

Il y avait toujours égalité à 5 minutes de la fin et l'air était chargé d'électricité. Les joueurs commençaient à montrer des signes de fatigue et aucune équipe ne parvenaient à faire la différence. Aller en prolongation ne serait pas forcément bénéfique pour nous. Je donnai un coup de coude à Benoît.

- Il faut réveiller le public. Ils ont besoin de nous !

Benoît redoubla d'énergie derrière son mégaphone et le kop se leva tout entier. Nous entamâmes l'hymne des Condors, qui fut reprise par tout le public. Nous lançâmes une ola qui parvint à faire 5 tours, événement plutôt rare. Je sautillai sur place, l'adrénaline provoquant des fourmis dans mes membres. Les Condors attaquèrent et l'Harmonium retint son souffle. David avait le palet et il fonçait vers la cage adverse. Il se fit contrer et je crus que le palet était perdu. Je n'avais pas vu Dan à droite qui l'avait réceptionné, après une passe mémorable de David. Il shoota...et marqua.

Le public hurla sa joie. Mais la tension revint rapidement. Ce n'était pas encore gagné. Mon cœur battait à tout rompre, tandis que l'entraîneur de Grenoble demandait un temps mort. Je jetai un œil au compteur. Il restait 3:38 minutes.

- Il va sortir le gardien ! Criai-je à l'attention de Benoît.

- Oui ! Il va aller chercher la prolo !

Comme prévu, au terme du temps mort, le gardien grenoblois rejoignit le banc et un sixième joueur vint grossir les rangs de l'adversaire. Plus de 3 minutes à 5 contre 6, les joueurs allaient souffrir.

Fabien engagea et la tension augmenta encore. Nous retenions tous notre souffle, comptant les secondes, tandis que les Condors tentaient de repousser les attaques ultra rapides des Bruleurs de Loups. Je crus plusieurs fois que le palet allait finir sa course dans notre but mais, à chaque fois, Mitch faisait magnifiquement son travail. Le public était debout, les applaudissements n'en finissaient plus et l'air était chargé d'espoir et de fébrilité. Jusqu'à ce que la sonnerie de fin de match retentisse.

J'eus l'impression que l'Harmonium avait explosé. Le public exulta. Le niveau de décibel n'avait pas été aussi élevé depuis la dernière fois que nous avions été sacrés champions de France, en 2004. Je sautai de bonheur et criai ma joie à l'instar des autres. Benoît me prit dans ses bras en hurlant. C'était une sensation indescriptible.

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