Je me garai sur le parking de l'Harmonium. Apercevant mon cousin qui s'apprêtait à entrer dans le hall, je sortis rapidement et courus vers lui.
- Romain !
Il se retourna et son visage se fendit d'un sourire lorsqu'il me vit arriver comme une folle.
- Je vais danser à Bercy ! Annonçai-je en atterrissant dans ses bras.
- J'en étais sur, dit-il en riant.
- Menteur.
- T'as assuré.
- Je sais, répondis-je en souriant. Qu'est ce que tu fais là si tôt ?
- Philippe a reçu mon nouvel équipement. Je suis de corvée d'essayage.
- Ils ont pensé à commander la taille au dessus ? Le taquinai-je.
Il me répondit par une grimace et nous nous séparâmes devant mon bureau. J'accrochai ma veste à la patère et allumai mon ordi. Je me plongeai dans les états de frais des dirigeants, à rendre avant le 5 de chaque mois, je n'avais donc pas d'autre choix que de finir aujourd'hui. La porte du bureau d'Éric s'ouvrit vingt minutes plus tard et ce dernier m'interpela.
- Tu ne prends plus la peine de dire bonjour ?
- Bonjour, répondis-je sèchement. La porte était fermée, j'ai supposé que tu n'étais pas encore arrivé.
- Pourtant, je passe ma vie ici, soupira t-il.
« A te tourner les pouces », pensai-je.
- Tu pourras aller donner un coup de main à Seb dans la journée pour les fiches de paie ? La compta est à la bourre.
- Si j'ai terminé les états de frais avant. Et je suis sensée faire un point avec Olivier pour les juniors.
- Je suis certain que tu auras assez d'une journée pour tout ça, déclara t-il en affichant un sourire qui se voulait charmeur.
Moi, il me donnait juste envie de vomir.
- Bien sûr, répondis-je sur le même ton. Autre chose ? Ajoutai-je, voyant qu'il ne décollait pas de mon bureau.
Il s'approcha et s'appuya sur le haut de mon écran.
- J'ai cru comprendre que tes amours se portaient bien ?
Je failli en tomber de ma chaise.
- Je ne crois pas que cela te concerne.
Il ne se départit même pas de son sourire.
- Monsieur Ménard a de la chance, insista t-il.
- Ça te pose un problème ?
- Non, mais j'ai toujours trouvé agaçant que les canadiens viennent piocher dans notre vivier de belles et jeunes filles françaises.
« En plus d'être con, il n'aime pas les étrangers ?! » me dis-je, affolée par tant de bêtise.
- Je ne pense pas que ce soit judicieux de débattre là dessus donc je te demanderais de bien vouloir me laisser bosser.
Voyant qu'il ouvrait de nouveau la bouche, j'ajoutai d'un ton sans réplique :
- Et j'apprécierais que tu ne te préoccupes plus de ma vie privée.
- C'était juste histoire de discuter, lâcha t-il en haussant les épaules et en claquant la porte derrière lui.
- Putain mais quel con ! Fulminai-je.
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Canada Blues
Genel KurguElle est danseuse. Il est hockeyeur. Un vrai coup de foudre. Mais cela sera-t-il suffisant pour surmonter les épreuves qui les attendent?