Canada Blues

Samedi 6 avril 2013

Je rentrai vers 23h de ma représentation et je retrouvai Dan sur le balcon. Je l’observai un instant, debout devant la balustrade et le regard lointain. Il m’entendit approcher et se retourna. Nous ne nous étions pas croisés depuis la veille. Il dormait encore lorsque j’étais partie à l’entrainement ce matin. Je n’avais pas eu l’occasion de le toucher, de l’embrasser, depuis la veille et je ressentais un horrible manque. Je m’avançai vers lui et il m’accueillit dans ses bras. Je me blottis contre lui, le cœur battant. Je restais ainsi de longues minutes. J’inhalai son odeur et cherchai ses lèvres. Il m’embrassa longuement, comme s’il appréciait chaque seconde de ce baiser. Je passai mes bras autour de son cou et pressai mon corps contre le sien. Alors que je sentais le désir monter en moi, il se recula légèrement et caressa doucement ma joue.

-         Excuse moi pour hier, souffla t-il.

-         Tu n’es pas le seul fautif. Je m’excuse aussi.

Il sourit et je reposai ma tête dans le creux de son épaule.

-         Je vais dire non, déclara t-il soudainement.

Je ne compris pas tout de suite et plantai mon regard dans le sien.

-         Non à quoi ? Murmurai-je, sourcils froncés.

-         A Cockney.

Je restai silencieuse et immobile un instant, le temps de comprendre ce que cela voulait dire. Cela signifiait-il qu’il ne partait plus ? Devais-je sauter de joie ? Quelque chose remua dans mon estomac, mon inconscient tentait de me dire quelque chose mais j’eus du mal à mettre le doigt dessus. Quand ce fut fait, je secouai énergiquement la tête.

-         Non, soufflai-je, non, tu ne peux pas faire ça.

Dan me regarda, sceptique et perplexe avant de hocher la tête. Il semblait perdu.

-         Alors je ne sais plus quoi faire, lâcha t-il. Je pensais que tu accueillerais la nouvelle avec le sourire.

-         Ça n’a rien à voir avec moi. Tu ne peux pas refuser cette proposition. C’est…impossible. Tu attends ça depuis que tu es gamin !

-         Je t’attends toi, depuis que je suis gamin.

Je restai bouche bée, cherchant les mots pour lui faire comprendre qu’il ne pouvait pas faire une chose pareille. Il m’attira à lui et prit ma main dans la sienne.

-         Princesse, ce n’est pas une décision prise sur un coup de tête. J’ai du faire un choix. Tu ne m’as rien imposé. Et je t’ai choisie toi. Parce que je ne peux pas vivre loin de toi.

Je sentis les larmes me monter aux yeux.

-         Tu ferais ça pour moi… ? Chuchotai-je, la voix tremblante.

Il serra mes mains dans les siennes.

-         Oui, je ferais ça pour toi.

Je fus incroyablement tentée de me laisser aller, de lui dire que je l’aimais, d’accepter qu’il reste avec moi, pour moi. Mais je ne pouvais pas le laisser faire le mauvais choix.