Mercredi 3 avril 2013

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J’avais passé ces trois derniers jours à tourner ce que j’avais appelé « le problème » dans tous les sens. Mes pensées revenaient en boucle et mes émotions ne suivaient plus aucune logique. J’oscillai entre de magnifiques projections de Dan et moi dans une belle maison au Québec, avec la chance de le voir réaliser son rêve et de jouer chaque jour dans l'une des plus belles patinoires du monde, et d’angoissantes visions de moi-même, coincée dans une cabane enneigée, seule, parce que Dan devrait s’occuper de sa carrière, démunie et inconnue.

J’aurais aimé pouvoir le suivre. J’avais même sincèrement essayer de me convaincre que je devais partir. Mais ma raison me soufflait que je ne pouvais pas tout abandonner. Pas maintenant. Je m’entrainais depuis tellement longtemps pour pouvoir être qualifiée aux championnats et avoir une chance de les remporter. Et cette chance se présenterait dans quelques mois. Je ne pouvais pas laisser tomber. C’était autant le rêve de ma mère que le mien.

Je m’étais imaginé sans Romain. J’aurais dû être capable de m’éloigner de lui. Il serait le premier à refuser que je m’empêche de faire quoi que ce soit pour lui. Mais c’était plus fort que moi ; j’aurais l’impression de le trahir. D’un autre côté, mon cœur me disait que Dan me suffirait, où que nous soyons. Il était devenu l’un de mes plus importants repères, sinon le plus indispensable. Je n’arrivais pas à m’imaginer sans lui. Au propre comme au figuré. J’avais tenté de concevoir ce que serait ma vie s’il partait, mais cette idée m’était tellement…inimaginable, que je ne parvenais pas à déterminer si je serais capable de supporter son départ. J’étais paumée.
 

***

Je rentrai à l’appart vers 18h30, après une éreintante journée.

-         Salut, mon amour, dis-je en l’embrassant.

-         Salut, Princesse. Comment s’est passé ta journée ?

-         Interminable et sans intérêt, lâchai-je en m’affalant dans le canapé à ses côtés.

-         C’est exactement la même chose pour moi quand tu n’es pas là.

Je le remerciai d’un sourire et il afficha une expression plus sérieuse.

-         Cockney m’a relancé tout à l’heure…, amena t-il comme à contrecœur. Il souhaiterait une…

-         Réponse rapide ? L’interrompis-je, agacée.

-         Oui, confirma t-il en penchant la tête. Mais si je dois le faire attendre, il attendra. Je ne veux pas te mettre la pression. Est-ce que je pourrais savoir où tu en es de tes réflexions ?

Je levai la tête vers lui. Il me regardait, dans l’expectative. Je pris une grande inspiration pour calmer les battements de mon cœur.

-         J’y ai réfléchis. Vraiment. Et…je crois que je n’ai pas encore appréhendé toutes les…conséquences…de ce que je vais te dire mais… je ne partirais pas.

Un silence pesant s’installa et Dan ne réagit pas tout de suite. Il m’observait en se mordant l’intérieur de la joue, pensif.

-         J’avais envisagé cette réponse et je me doutais que ça ferait mal. Mais peut-être pas autant.

Mon cœur se serra et je m’approchai de lui.

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