Dimanche 26 mai 2013

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Maman me lisait une histoire. La petite veilleuse éclairait suffisamment la pièce pour que je puisse distinguer les petites vagues qu’elle avait au coin de la bouche – je crois qu’on appelle ça des rides. Ma maman était très belle et très gentille. Elle me fit un bisou sur le front, se leva et serra ma main dans la sienne en me souhaitant bonne nuit.

J’ouvris difficilement les yeux, désorientée. Puis je sentis une douce chaleur sur ma main. De longs doigts fins et tellement familiers la caressaient. Je me souvins soudain des événements de la veille. Lorsque je posai mon regard sur le visage de Dan, je vis qu’il me regardait. Mon cœur sauta de joie et de soulagement.

-         Tu es réveillé, marmonnai-je, la bouche pâteuse.

Il sourit et hocha la tête. Il gémit de douleur et porta sa main à son crane. Je me redressai pour reprendre sa main dans la mienne.

-         Qu’est ce que je fous là ? Lâcha t-il tout bas.

-         Tu ne te souviens pas ? M’étonnai-je.

-         J’ai pris un mauvais coup ?

Je fis la grimace.

-         Je ne pense pas que « mauvais coup » soient les mots qui conviennent.

Dan me regarda, interrogateur.

-         Tu t’es fait…violemment bousculé par un finlandais. Tu as un sérieux trauma crânien alors, s’il te plait, ajoutai-je en voyant qu’il levait la main vers son visage, ne touche pas à ton pansement.

Il tata quand même son crane, du bout des doigts, puis tenta de se redresser en prenant appui sur ses mains. Il grimaça de douleur de nouveau.

-         Ah oui, tu as l’épaule luxée aussi, lui annonçai-je.

Il se laissa retomber au fond de son lit en soupirant.

-         Je vais prévenir que tu es réveillé.

Je sortis de la chambre. L’horloge du bureau des infirmières affichait 3h23. Je trouvai une infirmière dans le couloir.

-         Mon ami est réveillé.

-         Ah, très bien. Allons voir ça.

L’infirmière vérifia les constantes de Dan et s’enquit de son état. Il lui répondit qu’à part un lancinant mal de crâne et la douleur à son épaule, il se sentait bien. Elle augmenta légèrement sa dose d’antidouleur et lui conseilla de se rendormir. Puis elle s’en alla.

-         Il ne m’a pas loupé, lâcha Dan.

-         C’est qui ce type ?

-         Un défenseur finlandais, quoi d’autre ? Répondit-il sans me regarder.

-         Tu le connais, affirmai-je en lui lançant un regard appuyé. Et c’était volontaire.

-         Qu’est-ce qui te fait dire ça?

-         Tu sais aussi bien que moi qu’un joueur professionnel ne s’amuserait pas à ça sans raison. Et je t’ai vu parler de lui à Romain avant le match.

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